1 er Message Retraite d'Hiver 2016-2017
Chères Amies, chers Amis,
Le temps de la retraite d’hiver est arrivé.
Cette retraite instaurée au temps du Bouddha est avant tout une retraite monastique. Elle correspond à la retraite « varṣaḥ » (en sanskrit) d’une durée de 90 jours pendant laquelle les moines et les moniales du nord de l’Inde se réunissaient en communautés pendant la saison des pluies afin d’approfondir leur pratique et partager le même mode vie. La vie monastique à cette époque étant principalement une vie nomade, le déplacement des disciples du Bouddha devenait donc difficile durant cette saison des pluies ; un autre aspect de cette retraite était la protection à la fois des récoltes dans les champs et de la vie des insectes qui y vivaient en grand nombre contre le piétinement qu’aurait provoqué le passage des disciples du Bouddha.
Au Village des Pruniers, à la Maison de l’Inspir, et dans tous les autres monastères suivant l’enseignement de Thầy, les Frères et les Sœurs monastiques perpétuent cette tradition.
Mais, nous vous invitons à suivre les liens ci-dessous afin d’en apprendre davantage sur le sens de cette retraite d’hiver :
http://villagedespruniers.net/retreats/info/retraite-dhiver-2016-2017-2/
http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Vassa/fr-fr/
Aujourd’hui, et cela depuis quelques années déjà, nous avons pensé étendre cette retraite d’hiver aux personnes laïques soit en allant directement vivre cette retraite au Village des Pruniers, jusqu’à 90 jours, ou soit plus simplement en pratiquant cette retraite d’hiver « chez soi ».
La Retraite d’Hiver Chez Soi va nous permette à nous aussi d’approfondir notre pratique de la méditation à l’instar des moines et des moniales. Nous serons amenés à nous fixer certaines limites qui, même si elles ne sont pas géographiques comme pour nos Frères et Sœurs monastiques, vont nous faire prendre conscience de notre vie d’une manière plus intime dans laquelle nous pourrons restreindre certains déplacements non nécessaires, restreindre certaines consommations inutiles pour notre épanouissement, ou être plus attentif à notre corps et à notre activité mentale comme les pensées, les sensations, les perceptions, les formations mentales, la conscience.
Nous serons peut-être amenés aussi à cultiver un peu plus le silence, à ralentir un peu notre vie quotidienne surtout à la maison, à prendre soin de notre intérieur…
La retraite d’hiver chez soi est un voyage intérieur, et si vous le voulez bien nous nous invitons à prendre part à ce voyage en marquant le début de la retraite par un geste ou un signe un peu « spécial » qui sera comme un engagement pour suivre ce chemin intérieur : - faire une petite cérémonie toute simple avec une méditation silencieuse, allumer une bougie ou un bâton d’encens, organiser une petite cérémonie du thé en invitant des amis, se prosterner devant les ancêtres en faisant le vœu d’être en paix… chacun d’entre nous doit trouver ce qui lui convient le mieux selon sa sensibilité, sa tradition ou sa culture.
Ce voyage intérieur, bien sûr, est déjà notre destination.
Mais peut-être avant toute chose, avant de partir en voyage, et cela peut aussi être un geste très « spécial », nous sommes invités à faire du tri dans tout ce que nous possédons, et probablement nous trouverons beaucoup d’affaires dont nous n’avons pas besoin. C’est alors sans doute le moment de choisir de s’alléger en vêtements, en divers objets dont on ne sert pas, en jouets, en vaisselle, en livres, etc… et d’en faire don à une association ou à une personne dont on sait qu’elle est réellement dans le besoin.
C’est la pratique de « Dana ».
Le don altruiste qui n’attend pas de retour, qui enrichit notre cœur.
Ce don pourra aussi s’exprimer par notre vraie présence à notre bien-aimé, bien-aimée, à nos enfants, à nos familles.
Etre vraiment présent pour soi-même c’est être vraiment présent pour nos proches.
Soyons généreux de cœur et disponibles pour aller à la rencontre des évènements internes qui surgiront dans notre conscience et apprenons à les accueillir avec tendresse et compassion.
Pendant cette retraite nous essaierons d’être vraiment présents pour nous-mêmes en lien les uns avec les autres puisque nous aurons la même pratique malgré l’éloignement de nos habitations. Et, comme les années précédentes, nous continuerons à écrire régulièrement des petits messages de pratique publiés sur le site (blog) de la Maison de l’Inspir sur lequel vous pouvez vous abonner afin de recevoir par mail les alertes à chaque publication. Ce site de la Maison de l’Inspir' sera notre contact direct avec la retraite d’hiver monastique et laïque.
Nous sommes aussi invités à écouter les enseignements de Thầy, à la Maison de l’Inspir' ou au Village, ou encore en ligne sur internet.
Cette année le thème et le support des messages de pratique sera les Sept Facteurs d’veil. Nous pourrons lire les passages concernant ce thème dans le livre « Le Cœur des Enseignements du Bouddha » écrit par Thầy (voir le chapitre correspondant).
« Imaginez un arbre avec sept grosses branches, chacune d’elles représentant un facteur d’éveil. Chaque année, chaque branche continue de pousser et de produire de nouvelles pousses et de nouvelles feuilles. L’éveil ne cesse de grandir à tout moment. » TNH
Le premier Facteur d’Éveil : la Pleine Conscience
Premier et principal facteur d’éveil : c’est « Smriti » - se souvenir.
Nous savons où nous sommes, ce que nous faisons, ce qui nous entoure, les personnes avec qui l’on vit ou celles avec qui l’on parle. Nous savons que nous habitons une maison ou un appartement, que nous conduisons une voiture sur une route où il y a des milliers d’autre voitures. Nous avons un mari, une épouse, un ou plusieurs enfants, nous avons peut-être encore des parents, et nous le savons bien. Nous sommes au travail entourés de collègues et nous avons un travail à faire, cela aussi nous le savons. Et ainsi bien d’autres choses tout autour de nous formant un contexte à notre pleine conscience.
Mais souvent nous oublions où nous sommes et ce que nous faisons, nous oublions notre entourage immédiat et les personnes avec qui nous parlons. Dans notre habitation nous ne sommes parfois plus conscients de cette habitation, et quand nous conduisons il arrive que nous oubliions cela aussi, ainsi que les autres conducteurs, les autres voitures. Il nous arrive même de ne plus voir nos enfants, nos parents, d’oublier notre mari ou notre épouse… tout est si naturel, pourquoi s’en occuper davantage ?
Proposition de pratique à mettre en œuvre au moment de la journée qui vous conviendra :
- Apprendre à se situer dans notre espace de vie en sachant par exemple où se trouvent le nord, le sud, l’est et l’ouest, que l’on soit dans sa chambre ou dans la cuisine. On peut continuer cette pratique au travail, en voiture ou bien dans la forêt lors d’une ballade.
- A la maison, apprendre à ralentir ses gestes lors d’un déplacement du salon à la chambre : je fais un pas, j’inspire, un deuxième pas, j’expire, ou un peu plus vite : un pas, j’inspire, deux pas, j’expire.
- Apprendre et pratiquer la pleine conscience de nos gestes quotidiens comme pour laver la vaisselle : être conscient que c’est une assiette ou un bol, être conscient de l’eau qui coule, et tiens voilà un verre… être conscient de ses propres mains, puis de tout son corps. Cette pratique est possible pour balayer le sol, laver les vitres, repasser le linge, nettoyer la salle de bain ou les toilettes, refaire son lit, enlever la poussière, etc… mais surtout ralentir les gestes et choisir un travail assez court, sinon faire une pause avec un thé ou un café.
- Prendre le temps nécessaire pour préparer et boire ce thé ou ce café ; si une pensée préoccupante se présente, apprendre à revenir à cet instant présent grâce au contact avec le thé, le café, la bouilloire, l’eau chaude ou encore la tasse. Ce sont des supports pour cultiver la pleine conscience.
- Pendant ces activités quotidiennes, apprendre à reconnaître les sensations qui ne manqueront pas de surgir dans le mental, et voir comment cela se produit notamment au niveau de l’apparence : - les toilettes sont sales et cela me repousse un peu, c’est une sensation désagréable et je le reconnais, j’en suis conscient ; mais en nettoyant j’ai l’occasion de rendre ce lieu plus agréable, voilà une nouvelle sensation… nous avons souvent besoin des toilettes. On peut appliquer ce principe à toute chose « agréable, désagréable ou neutre ». Observer et reconnaître sans perdre notre attention.
- Pour finir, apprendre à regarder ceux qui vivent près de nous avec des yeux nouveaux : les yeux de la pleine conscience. « Chéri, chérie, je sais que tu es là, et j’en suis heureux, heureuse ». C’est un mantra d’amour, et on n’est pas obligé de lui dire cela tous les jours bien sûr, mais le simple fait de préparer une boisson chaude quand son bien aimé ou bien aimée rentre du travail et prendre le temps de boire cette boisson ensemble paisiblement est une autre façon de lui dire ce mantra. Ou encore, quand son enfant adolescent souffre, le simple fait de le prendre dans ses bras pendant quelques respirations, est une autre manière de mettre en œuvre ce mantra d’amour véritable. Ne lui infligeons pas une deuxième souffrance, la réprimande…
Nous pouvons lire : le Sûtra des Quatre Établissements de l’Attention -
Satipatthana Sutta (Transformation et Guérison - Thích Nhất Hạnh)
Parole de Bouddha :
« Si vous pratiquez les quatre établissements de la pleine conscience, vous réaliserez les sept facteurs d’éveil »