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Publié par La Pluie du Dharma

Cinquième Message Retraite d'Hiver 2015 - 2016

7 Février 2016 , Rédigé par Maison de l'Inspir

 

Avec ce cinquième message de la retraite d'hiver chez soi, nous vous proposons un cheminement pour clore cette étape et mettre en place un « fil rouge » qui pourra vous accompagner tout au long de l'année.

L’accueil du nouvel an lunaire a lieu le 7 février au soir, et le 8 février est le premier jour de l’année lunaire ; nous vous invitons à être en lien avec le Village et la MDI pour trouver des sources de méditation et d'inspiration pour cette nouvelle année : l'année du Singe.

Dans ce message, nous vous proposons d'explorer le contentement : « Samtosha »; une vertu qui est souvent présentée de façon indirecte, transversale dans les enseignements de Thây.

Le contentement, c'est « vivre heureux dans le moment présent », 7 ième des 14 EPC ;

« Nous avons assez »

« Ceci est un moment de bonheur »

« Si nous voulons faire la liste des conditions de bonheur, plusieurs pages ne suffiraient pas » nous dit Thây.

« Mudita est la joie faite de paix et de contentement » Le coeur des enseignements du Bouddha

Nous pouvons trouver le contentement dans des mots voisins ; samtusta, santusta, santosa

Propositions de pratique

1) Contentement dans le corps

- Transformer les sensations neutres en sensations agréables

Nous rejoignons le Soutra des Quatre Etablissements de la Pleine Conscience, nous pouvons y lire que les sensations peuvent être agréables, désagréables ou neutres et Thây nous invite à transformer les sensations neutres en sensations agréables. Les sensations neutres du corps c'est, généralement, le silence du corps, l’inconscience de notre corps, parce qu’il fonctionne tout seul sans qu’on le lui demande. Donner de l'espace à notre corps c’est pouvoir reconnaître les sensations neutres.

Au cours de la méditation, ou à d'autres moments dans la journée, prendre conscience d'une sensation neutre : par exemple « dans mes jambes il y a des sensations neutres » (je ne sens rien ou pas grand-chose, je n’en suis pas vraiment conscient(e)) et se réjouir d'avoir des jambes en bon état, voir que nos jambes sont une des multiples merveilles de notre corps.

2) Le contentement dans l'esprit

Pratiquer l'effort juste

« Quand le moine est en colère, il sait qu'il est en colère, quand le moine n'est pas en colère, il sait qu'il n'est pas en colère » ainsi s'exprime le Bouddha dans «l'observation de la formation mentale dans la formation mentale ».

La colère est souvent perceptible à travers les dégâts qu'elle provoque, mais savons-nous observer les moments où nous ne sommes pas en colère et nourrir les graines de joie et de confiance qui sont en nous ? C'est ce que nous propose la pratique de l'effort juste dans le noble octuple sentier.

La gratitude est un moyen de cultiver le contentement de l'esprit, nous vous proposons de retrouver cette belle pratique de noter le soir dans notre journal ce qui nous a permis d'être en contact avec la gratitude.

Méditer sur le Soutra de Celui qui Connaît l'Art de Vivre Seul ;nous pouvons en lire un court extrait pour nourrir notre méditation

Remarque : Cette distinction entre le corps et l'esprit est commode, mais nous savons qu'en portant notre attention au corps, nous nourrissons notre esprit et que tout ce qui traverse notre esprit s'inscrit dans le corps.

3) Développer Samtosha dans nos engagements en tant qu'écologiste

Vivre heureux dans le moment présent est une qualité qui a besoin d'être développée dans le bouddhisme engagé. S'entraîner à pratiquer l'équanimité est une aide précieuse pour aller dans ce sens.

L'équanimitéUpekhsa- est une porte du contentement « Upeksha possède la qualité de « la sagesse de l'égalité », la capacité de voir chaque personne de la même manière, sans faire de distinction entre soi et autrui » Le coeur des enseignements du Bouddha.

En développant cette vertu, progressivement nous apprenons à calmer notre colère et notre irritation et à pouvoir offrir Samtosha autour de nous.

Pour tous celles et ceux qui se sont engagés dans l'écologie comment pratiquer le contentement ?

Comment trouver l'équilibre entre la volition ; la détermination la plus profonde et la plus noble et cultiver le contentement ?

Parler de « Sobriété heureuse » n'est-elle pas une autre façon de parler du contentement ?

Comment ne pas être emporté par le désespoir ou la colère face à l’ampleur de la tâche qui attend l’écologiste si celui-ci ne sait pas nourrir en lui-même ses graines de joie ?

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Septième entraînement (des quatorze entrainements) : S’établir heureux dans le moment présent

Conscients que la vie n’est accessible que dans le moment présent, nous nous engageons à nous entraîner à vivre pleinement chaque instant de notre vie quotidienne. Nous essaierons de ne pas nous perdre dans la dispersion, de ne pas nous laisser emporter par les regrets du passé, les soucis du futur ou l’avidité, la colère et la jalousie du présent. Nous pratiquerons la respiration consciente pour être attentifs à ce qui se passe dans l’ici et le maintenant. Nous sommes déterminés à apprendre l’art de vivre en pleine conscience en touchant les éléments merveilleux, rafraîchissants et porteurs de guérison qui sont en nous et autour de nous, quelle que soit la situation. Ainsi, nous pourrons cultiver les semences de joie, de paix, d’amour et de compréhension en nous-mêmes, afin de faciliter le travail de transformation et de guérison dans notre conscience profonde. Nous sommes conscients que le bonheur dépend principalement de notre attitude mentale et non des conditions extérieures. Nous pouvons vivre heureux dans le moment présent simplement en reconnaissant que nos conditions de bonheur sont déjà plus que suffisantes.

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Cinquième Message Retraite d'Hiver 2015 - 2016

Soutra de celui qui connaît l'art de vivre seul (extraits)

Ainsi ai-je entendu: Un jour, le Bouddha demeurait au monastère d’Anathapindika dans le parc Jeta près de Savatthi. Il fit venir les moines et leur dit: “Moines!”

Et les moines répliquèrent: “Nous sommes là.”

Le Très Honoré dit:

“Je vais vous enseigner ce que signifie ”savoir vivre seul”.
Pour commencer, je vais donner un aperçu de l’enseignement puis je continuerai par une explication détaillée. Moines, écoutez attentivement.”

“Nous écoutons, Très Honoré.”

Le Bouddha enseigna:

“Ne poursuivez pas le passé.
Ne vous perdez pas dans le futur.
Le passé n’est plus.
Le futur n’est pas encore.
Regardez attentivement la vie maintenant.
Le pratiquant demeure stable et libre.

Soyons diligents aujourd’hui, demain il sera trop tard.
La mort vient sans prévenir,
et l’on ne marchande pas avec la mort.

Qui sait demeurer nuit et jour dans la Pleine Conscience est appelé par le Bouddha:

“Celui qui connaît l’art de vivre seul.”

“Moines, qu’entendons-nous par poursuivre le passé?

Lorsque quelqu’un pense à ce qu’étaient son corps, ses sensations, ses perceptions, ses facteurs mentaux, sa conscience dans le passé; lorsqu’il pense ainsi et qu’il commence à s’attacher à ces choses du passé, alors cette personne est entrain de poursuivre le passé.

“Moines, qu’entendons-nous par ne pas poursuivre le passé? Lorsque quelqu’un pense à ce qu’étaient dans le passé son corps, ses sensations, ses perceptions, ses facteurs mentaux, sa conscience, lorsqu’il pense ainsi et qu’il ne commence pas à s’attacher à ces choses du passé, alors cette personne ne poursuit pas le passé.”

“Moines, qu’entendons-nous par se perdre dans le futur?

Lorsque quelqu’un pense à ce que seront son corps, ses sensations, ses perceptions, ses facteurs mentaux, sa conscience dans le futur; lorsqu’il pense ainsi et qu’il commence à s’attacher et à rêver à ces choses qui appartiennent au futur, alors on peut dire qu’il se perd dans le futur.

“Moines, qu’entendons-nous par ne pas se perdre dans le futur? Lorsque quelqu’un pense à ce que seront son corps, ses sensations, ses perceptions, ses facteurs mentaux, sa conscience dans le futur, lorsqu’il pense ainsi et qu’il ne commence pas à s’attacher et à rêver à ces choses qui appartiennent au futur, alors on peut dire qu’il ne se perd pas dans le futur.” “Moines, qu’entendons-nous par être emporté par le présent?

Quand une personne n’apprend rien et ne sait rien de ce qui concerne l’Éveillé, les pratiques de transformation et la communauté, ne connaît rien de ce qui concerne les sages et leurs enseignements ou ne pratique pas ceux-ci, quand cette personne pense: “Ce corps est moi, je suis ce corps, Ces sensations sont moi, je suis ces sensations. Cette perception est moi, je suis cette perception. Ce facteur mental est moi, je suis ce facteur mental. Cette conscience est moi, je suis cette conscience,” alors cette personne est emportée par le présent.

“Moines, qu’entendons-nous par ne pas être emporté par le présent?

Quand une personne apprend et connaît ce qui concerne l’Éveillé, les pratiques de transformation et la communauté, connaît ce qui concerne les sages et leurs enseignements ou pratique ceux-ci, quand une personne ne pense pas:

“Ce corps est à moi, je suis ce corps, Ces sensations sont à moi, je suis ces sensations. Cette perception est à moi, je suis cette perception. Ce facteur mental est à moi, je suis ce facteur mental. Cette conscience est à moi, je suis cette conscience,” alors cette personne n’est pas emportée par le présent.”

“Ainsi, je viens de vous donner un aperçu et des explications sur ce que veut dire Celui qui sait vivre seul.”

Après que le Bouddha eut terminé cet enseignement, les moines furent enchantés de le mettre en pratique.

Cinquième Message Retraite d'Hiver 2015 - 2016

Témoignage

J’ai souvent pensé que ma vie n’est pas la mienne, que j’aurai du avoir une autre vie, que ce corps n’est pas celui que j’aurai du avoir, le trouvant trop maigre et mal formé, que les personnes avec qui j’ai grandi, vécu, les personnes que j’ai côtoyées, n’étaient pas non plus les bonnes personnes pour moi…

Je pensais que j’allais me réveiller, tout comme on sort d’un mauvais cauchemar, et qu’on s’aperçoit que ce n’était qu’un rêve.

Je me voyais moche, sale, ne plaisant pas aux autres ; je me voyais incapable de faire quelque chose dans cette vie, je n’avais que des rêves de grandeur irréalisables pour moi, parce que je ne faisais que rêver et surtout je vivais comme « un mort », replié sur moi-même, seul et solitaire.

J’ai nourri ces idées-là presque toute ma vie…

J’ai subi dans l’enfance des violences psychologiques, des violences physiques, à tel point que j’ai développé une attitude psychique particulière pour m’adapter et survivre, notée comme ceci par une institutrice à l’école primaire : « Doux et sensible, présente des troubles du comportement, indifférence apparente à toute chose,…, yeux hagards,… ». Cette institutrice a essayé de me sauver, en vain dirai-je, mais pas tout à fait.

En fait, voilà la première personne qui me convenait et qui comprenait ma douleur ; c’était aussi la première personne qui a apporté une vraie joie dans ma vie, et je me souviens qu’il me tardait de la voir à l’école, et pourtant je détestais l’école !

Si je regarde profondément aujourd’hui tous ces évènements, je vois bien qu’ils m’apportent une nourriture extrêmement riche dans ma pratique de la méditation tous les jours, je vois bien que tout cela a un sens, et sans forcément vouloir revivre ce passé douloureux, je n’en rejette rien du tout, c’est mon compost ; la vie que j’ai eu après l’enfance jusqu’à aujourd’hui, avec toutes ses zones d’ombre, je n’en rejette rien non plus, c’est la boue épaisse qui fait fleurir les lotus parfumés.

J’ai déjà transformé de nombreuses souffrances, et j’ai déjà pu apporter de l’amour à ceux de qui j’étais un souffre-douleur, et je n’en garde aucune trace de haine, de vengeance, ni même une idée de responsabilité quelconque ; seulement c’est ma vie, et ces personnes-là ont été les personnes les plus importantes de ma vie. Très souvent je leur envoie mon cœur avec le son de la cloche d’éveil ; si je suis en paix, je sais que ces personnes seront aussi en paix, parce qu’il y a en moi une continuation spirituelle que je désire belle et profonde.

Je vois bien encore comment j’arrive à me nourrir de tous les moments heureux que j’ai pu avoir pendant cette enfance terrible, je les perçois seulement maintenant, et je les prends de tout mon cœur comme un bienfait inestimable ! Mon cœur est joyeux, même si mon corps meurtri me donne quelques douleurs. Mon cœur est joyeux car il connaît la valeur de l’amour véritable, l’altruisme, surtout aujourd’hui où je me rends compte de tout ce que je peux apporter aux autres Amis, Amies, qui sont dans la souffrance ou la recherche d’un chemin de joie.

J’apprécie à sa juste valeur la fleur d’orchidée dans mon salon, exempte d’identité séparée, j’apprécie beaucoup semer des graines sur le balcon et de les voir germer, ce sont des graines de joie sous la forme de potirons, d’herbes aromatiques, de tomates… que j’offre pour être plantées dans un vrai jardin.

Je vois bien aujourd’hui toutes les qualités de mon épouse, et quand je suis en colère ou quand elle est en colère, nous gardons le silence et ne nous agressons plus comme par le passé ; et parfois, quand la condition se présente je lui dis doucement : « Chérie, tu as de la colère en toi », et cette phrase je la répète pour moi : « J’inspire, et je sais que j’ai de la colère en moi ». Et souvent je me souviens de cette sentence : « Dans trois cents ans, quel visage aurons-nous, que nous ne puissions trouver la paix ? »

Les fortes douleurs chroniques qui m’affectent, je m’en passerai bien évidemment, mais elles sont là constantes et régulières, apparaissant pour moi comme des cloches d’éveil et me ramenant à la pratique de l’amour bienveillant, de la vision profonde, de la patience, de l’inclusivité… je ne maltraite plus mon corps, et je sais qu’il n’est pas trop tard pour en prendre soin. Je ne prends pas de traitement chimique régulier pour ces douleurs, seulement pendant les crises trop fortes, et je peux dire que la pratique de la méditation m’aide beaucoup à vivre ces moments délicats, sans entamer ma joie et mon bonheur. Ces moment-là sont des instants de pratique de la pleine conscience très forts : « J’inspire, je sais que mon corps souffre, j’expire, je vois la nature de non-naissance de mon corps », ou bien « Ce corps, cette douleur, ne sont pas moi, je ne suis pas limité par ce corps, cette douleur ». C’est ma façon de faire, car malgré les crises, je peux respirer avec fraîcheur et m’en réjouir, je peux marcher et faire un premier pas librement… c’est une pratique de longue haleine bien sûr, il faut du temps, et je sais que j’ai beaucoup de temps. La méditation c’est 80% de mon traitement, et ces derniers temps mes crises sont plus « légères », je peux même en avoir plus qu’une sur deux, c’est merveilleux non ?