4 ème Message, Retraite d'Hiver 2017-2018
14 Janvier 2018 , Rédigé par Maison de l'Inspir
Ça respire !
Dans le grand silence
Déserts de vide sans limites,
Espaces insondables d’un temps arrêté,
Ni avant ni après, l’instant uniquement.
Pulsation du sang,
Ressac du souffle,
Vibration lumineuse des cellules
Sans fin au cœur de l'immobilité.
Musique du silence dans la cathédrale du silence,
Espace sans espace,
Temps qui coule sans temps
Et sans attente.
Plus personne, plus rien,
Ni vide ni plein,
Juste une présence, une conscience.
Vaste, si vaste !
Une respiration sans " respireur "
Un souffle sans " souffleur "
Seulement un : "Ça respire ! "
Souffle infini et aimant,
Danse cosmique du souffle,
Vibration lumineuse du Vivant,
Dans l'océan de l'inter-Etre.
Silence des mots et des pensées,
Silence du tout, du rien,
Rien !…Tout !
Seulement présence, paix.
Silence
Et amour.
Chère Communauté,
Avant de poursuivre notre chemin sur les cinq sens, prenons le temps de nous arrêter un peu en pratiquant l’assise ou la marche méditative par exemple afin de revenir à l’essentiel, c’est-à-dire notre souffle et notre corps, et peut-être serons-nous attentifs à nos sensations par rapport à ces derniers jours de l’année passée, à ces moments de fête en famille ou avec des amis, dans nos Sanghas, ou même solitaires, pourquoi pas, prenant un peu de recul vis-à-vis de toute l’agitation joyeuse qui a sûrement accompagné les festivités.
En reprenant les messages précédents sur la vue, sur l’ouïe, sur le toucher, nous pouvons tenter de nous souvenir de ce qui s’est passé à l’occasion de Noël en famille, des vacances à la neige, du Nouvel An avec les amis(es), ou ailleurs bien sûr, et voir comment nous avons pu être suffisamment présents ou pas à ces trois sens qui nous ont été proposés comme supports de pratique dans le cadre de la retraite d’hiver chez soi.
Notamment le sens du toucher qui va nous amener directement au prochain sens qui est celui de l’odorat. En effet, le sens du toucher et de l’odorat peuvent avoir un lien très étroit, surtout si l’on considère que nous sommes dans la posture du nourrisson qui vient de naître il y a quelques jours à peine et dont les repères principaux sont le toucher et l’odorat… et avec un léger sourire sur les lèvres, essayons d’être à nouveau ce nourrisson, ce nouveau-né, qui ne voit pas encore très bien mais qui touche et sent sa maman, celle qui est à la fois le fil ténu et pourtant si solide de sa propre vie.
L’odorat, le nez, la conscience olfactive, ont été pour la plupart d’entre nous très sollicités ces dernières semaines à l’occasion de ces fêtes de Noël et Nouvel An, où traditionnellement nous cédons à la coutume du réveillon avec des mets plus fins, plus riches, où s’exacerbent les parfums de cuisine, les cuissons odorantes, où la nourriture est plus abondante aussi.
Mais avons-nous remarqué ce qui s’est passé dans ces moments-là où, lorsqu’on arrive dans la maison, un fumet si agréable provenant de la cuisine vient nous caresser les narines, ouvrant tout grand nos sens par le biais de notre odorat, ouvrant notre estomac, ouvrant tout grand ce sentiment de joie communicative, qui nous annonce la présence d’une excellente nourriture ?
Notre nez est l’organe qui nous permet de capter physiquement toutes les odeurs qui nous entourent grâce aux innombrables terminaisons nerveuses qui s’y trouvent, et qui envoient les informations relatives à ces odeurs à notre cerveau, via le filtre de nos mémoires, de nos perceptions, de notre conscience, qui analyse et décrypte toutes ces odeurs : - voilà une odeur agréable ou voilà une mauvaise odeur, ou encore voilà une odeur inconnue.
Nous saurons aussi si telle ou telle odeur va nous amener à nous réjouir, à nous nourrir, ou à nous mettre en alerte d’un danger potentiel tel une odeur de gaz par exemple.
Le monde des odeurs est un monde de sensations, qu’elles soient agréables ou désagréables, voire neutres. Ces sensations peuvent faire naître en nous des formations mentales telles que la joie, le désir (de manger), la répulsion, la peur ou l’inquiétude, etc…
Elles peuvent nous ramener dans le passé et la tristesse de la perte d’un être cher dont le souvenir d’une odeur en particulier nous a touchés ; mais le souvenir peut aussi être une source de joie bien sûr et au contraire nous réconforter, et sans doute nous faire sourire.
Cependant les sensations liées à l’odorat peuvent nous ramener aussi au moment présent, tout comme le ferait un petit son de cloche qui résonnerait dans notre mental :
« humm, cette délicieuse odeur de riz parfumé me ramène à ma vraie demeure, le moment présent, et je me réjouis car je sais que je pourrai bientôt calmer ma faim »…
Puis, notre nez est avant tout l’organe par lequel nous respirons et qui nous permet en partie de développer notre concentration sur la respiration, particulièrement en étant attentif (ve) à l’air frais qui entre par les narines et qui en ressort plus chaud.
Nous pourrions même dire que notre nez est un élément essentiel de notre méditation : - pas de nez, pas de respiration, pas de concentration, pas d’air,… ahaha !
Mais lorsque notre nez est bouché ou malade, ou bien qu’il y a quelque problème ORL, nous savons bien qu’il est très important, et que nous ne pouvons plus être aussi paisible dans notre vie quotidienne ou pendant notre méditation, n’est-ce pas ?
Voici quelques pistes pour établir notre pleine conscience :
- S’assoir paisiblement chez soi ou dans un parc en respirant calmement, et porter son attention à la pointe de son nez pour prendre conscience de l’air qui entre par les narines ; l’air qui entre est frais, celui qui ressort est plus chaud
- Se réjouir du bon fonctionnement de son nez, l’air entre et sort librement, et cela apporte tout de suite de la détente, du soulagement
- Si le nez est bouché, ou si la respiration n’est pas bonne suite à un problème physique ou de santé, alors pratiquer la respiration à la fois par le nez et par la bouche, ou seulement par la bouche (ne pas forcer l’inspiration ou l’expiration par le nez en cas d’obstruction)
Le monde des odeurs et des sensations :
- A la campagne ou en ville, il y a plein d’odeurs, avec la terre, les arbres, les fleurs, les champignons, le compost, le fumier, la décomposition d’un cadavre d’animal, les odeurs de carburant, les odeurs de cuisine, de boulangerie, etc… : - marchant lentement ou non, on peut pratiquer l’arrêt et le retour à soi lorsqu’une telle odeur survient tout comme un son de cloche qui jaillirait dans le tumulte des pensées
- Pratiquer l’arrêt et reconnaître si cette odeur paraît agréable ou désagréable, s’il y a une envie de rester et consommer cette odeur ou au contraire s’il y a une envie de la fuir
- Conscients(es) d’une odeur, regarder en profondeur d’où vient cette sensation agréable ou non, que fait-elle remonter en soi comme souvenir, quel évènement ou personne est lié(e) à cette odeur, est-ce qu’il y a de l’attachement ou de la répulsion, de la discrimination (bonne odeur, mauvaise odeur) et voir que cela sera sans doute différent pour une autre personne…
La conscience olfactive :
- Lorsqu’il y a la présence d’une odeur agréable, s’arrêter et faire quelques respirations conscientes pour reconnaître l’odeur agréable : - je suis pleinement conscient(e) de la présence de cette odeur, de la sensation agréable que cela me procure, de mon nez qui respire l’air qui porte cette odeur
- Si cette odeur est désagréable, prendre le temps tout de même et si possible, de faire quelques respirations conscientes afin d’être pleinement présents(es) à cette sensation désagréable et contempler ce qui se produit dans le mental, comme de la répulsion, du dégoût… juste pour expérimenter les sensations et la reconnaissance de ces sensations, et la conscience olfactive qui en résulte
- Si l’odeur est neutre, être simplement conscient de son nez qui respire l’air frais
( Évidemment, si l’odeur apporte un signal d’alerte sur un danger potentiel comme une forte odeur de gaz, ou de fumée, nul n’est besoin de dire ce qu’il faut faire, probablement chacun, chacune, d’entre nous réagira en fonction de la situation pour sa survie et celle d’autrui. )
« Si j'avais un jardin, ce serait un verger,
Un verger habité par de vieux pommiers.
Si j'avais un verger, ce serait un havre de paix ;
Serait-il embaumé par les fleurs des vieux pommiers ?
Si j'avais un havre de paix, des vieux pommiers
Les fleurs seraient l'encens de l'Éternité. »
(CLT)