11 Décembre - Paramârtha - Gâthâs ( Part VI )
Paramârtha-gâthâs ( 6ème partie )
14. Ni à l'intérieur, ni à l'extérieur,
Ni entre l'intérieur et l'extérieur.
Quand les formations ne sont pas encore manifestées,
Il est impossible de les saisir.
15. Même si ces formations se sont manifestées,
Il est quand même impossible de les saisir.
L’avenir n’a aucun signe,
Le passé est repérable.
16. Nous pouvons repérer ce avec quoi nous avons été en contact,
Nous pouvons repérer même ce avec quoi nous n’avons pas encore été en contact.
Même si les formations n’ont pas de commencement,
Il est possible de repérer un commencement.
17. Les formes sont comme la mousse,
Les sensations comme des grappes de bulles d’eau,
Les perceptions comme des palais magiques,
Les formations mentales comme un tronc de bananier,
18. Les consciences comme des tours de magie.
C'est ce que la descendant du soleil a dit.
De la même manière,
Les samskara naissent, demeurent et prennent fin.
(cloche)
Chère Sangha, aujourd'hui nous sommes le 11 Décembre de l'an 2011, nous sommes dans la salle de méditation de L'Eau Tranquille du Hameau du Haut du Village des Pruniers pendant la retraite d'hiver 2011-2012.
La mère de tous les Bouddha
Au Monastère du Pied de la Montagne, nous avons une salle de méditation qui s'appelle Noble Mère Mahamaya. Mahamaya était la mère du Bouddha Shakyamuni. Dans le christianisme, nous avons Mère Marie. Dans le Christianisme, les chrétiens vénèrent beaucoup Mère Marie, mais dans le bouddhisme, peu de gens vénèrent mère Mahamaya, par contre ils vénèrent plus le bodhisattva Avalokita. Chacun, chacune de nous, avons une mère. Notre mère de sang, notre mère génétique, et nous avons aussi d'autres mère, comme Dieu Mère. Nous pouvons avoir une mère d'adoption, une belle-mère, ou une mère porteuse. Dans le bouddhisme, nous savons très bien que Mahamaya est la mère génétique du Bouddha Shakyamuni, mais elle n'a pas vécu longtemps. Après avoir mis au monde Siddharta, sa petite soeur Mahapajapati a élevé le bébé, elle l'a nourri, elle l'a élevé. Alors Siddharta a sa mère génétique, et aussi sa mère d'adoption, Mahapajapati, qui était sa tante et qui a joué le rôle de mère et qui plus tard est devenue sa disciple. Alors elle était la fille spirituelle du Bouddha, et elle était à la fois mère et fille : la mère adoptive du Bouddha, et la fille spirituelle du Bouddha. Mahapajapati était la première bhikkhunî, mais même si elle est devenue sa disciple, sa fille spirituelle, le Bouddha la considérait toujours comme sa mère. Dans la littérature bouddhiste, on dit que la mère de tous les Bouddha s'appelle prajna paramita. Prajna paramita est la mère de tous les Bouddha, c'est la compréhension parfaite. Et en Inde, les indiens ont fait des statues de prajna paramita sous la forme de la mère des Bouddha, ils ont personnalisé la compréhension parfaite comme une mère, la mère de tous les Bouddha. Donc le Bouddha est le fils de sa mère génétique, Mahayana, de sa mère adoptive, Mahapajapati, le fils de la prajna paramita, la compréhension parfaite, mais il est aussi le fils de cette planète Terre. La planète Terre où nous vivons est aussi une mère, et le Bouddha Shakyamuni est aussi un enfant de la planète Terre, alors cette Terre fraîche est un bodhisattva, est une mère. Mais entre mère génétique, mère spirituelle la mère qui nous a nourri et la Terre mère, y a t-il une relation ? Nous devons chercher à voir cette relation. Dans le sutra Avatamsaka, nous voyons que Mahamaya est devenue la Terre mère, la planète bleue. Elle est une mère, mais elle n'est pas seulement la mère du Bouddha Shakyamuni, elle est aussi la mère de tous les Bouddha. Notre planète Terre a mis au monde beaucoup de Bouddha et beaucoup de bodhisattva. Jésus-Christ est aussi un enfant de la Terre, et Mère Marie, la mère de Jésus-Christ, est aussi l'enfant de cette planète Terre. Nous devons voir cela. Jésus-Christ est l'enfant de mère Marie, et Jésus-Christ est aussi l'enfant de la Terre, c'est quelque chose de vrai. Il est le fils de Dieu et aussi le fils de l'homme. Et ainsi, Jésus-Christ est aussi le fils de la Terre, parce que l'homme est l'enfant de la Terre.
Sudana et Mahamaya
Dans le sutra d'Avatamsaka, il y a une très belle histoire : Sudana est un jeune homme, un très jeune disciple du bodhisattva Manjushri, et le bodhisattva Manjushri voulait que son disciple apprenne de plusieurs maîtres, et Sudana a une l'occasion de rencontrer cinquante-trois maîtres et d'apprendre de ces maîtres, et parmi ces cinquante-trois maîtres, il y avait la mère du Bouddha Shakyamuni, Mahamaya. Après que Sudana ait rencontré un de ces maîtres, ce maître lui a demandé : 'Est-ce que tu as rencontré Mahamaya ? Tu ne l'as pas encore vue, la mère de Siddharta ? Alors il faut aller la voir, parce qu'elle est un très bon maître.' Et Sudana lui a demandé : 'Où est-ce que je pourrais la trouver ?' Alors ce maître lui a répondu : 'Tu n'as besoin d'aller nulle part. Assieds toi là, sur la terre. Reste assis sur la terre, sois conscient que tu es assis sur la terre, et dans la concentration, tu la rencontreras.' Et Sudana a suivi ces instructions, il s'est assis et est entré dans la pleine conscience et la concentration pour entrer en contact très profond avec la terre, et tout à coup, il a vu une magnifique fleur de lotus à mille pétales sortir de la terre. C'est le soutra d'Avatamsaka. Sudana a vu une fleur de lotus à mille pétales qui est sorti de la terre. Et il s'est vu assis sur un de ces mille pétales, c'était extraordinaire. Il était très étonné, et il a regardé en haut, et il a vu une autre personne assise sur un autre pétale, et il a réalisé que c'était Mahamaya, la mère du Bouddha Shakyamuni. Il était assis sur un pétale, et il a regardé en haut, et il a vu la mère du Bouddha assise sur un autre pétale, et Mahamaya le regardait et lui souriait. Le soutra d'Avatamsaka est un très beau soutra, parce que dans ce soutra il y a beaucoup d'image très poétiques, de nombreuses légendes, beaucoup de poésie. Dans les sciences, on utilise les mathématiques, et dans le bouddhisme, on utilise les images, les légendes, et la poésie pour expliquer. À ce moment, Sudana était très content de voir Mahamaya : 'Ah, Il n'est pas difficile de trouver Mahamaya. Il suffit de s'asseoir là, et d'entrer dans la concentration, on peut tout de suite on peut la trouver.' Alors il a joint les mains et s'est incliné, il quelqu'un lui a demandé d'enseigner à Sudana. Et dans ce soutra, il est dit que Mahamaya lui a dit : 'Cher jeune homme, sais-tu que le jour où j'étais enceinte de mon fils Siddharta, j'étais tellement heureuse ? Je n'avais jamais été si heureuse. De sentir un Bouddha dans le ventre, il n'y a aucune joie aussi grande. Je n'avais aucun autre désir. Je n'avais plus aucun souci. J'étais comblée, j'étais tellement heureuse, sachant qu'en moi il y avait un Bouddha.' Et nous, nous pouvons le sentir, parce que nous savons tous qu'en chacun, en chacune de nous, nous avons la nature du Bouddha. Il faut lire ce soutra avec cette compréhension, avec cette vision profonde. Et l'histoire de Mahamaya, ce n'est pas l'histoire de Sudana, c'est notre propre histoire. Est-ce que nous pouvons avoir ce bonheur ? Est-ce que nous savons qu'en nous, il y a un Bouddha ? Savons-nous que nous sommes enceints d'un Bouddha ? Même si nous sommes hommes, nous pouvons être enceints d'un Bouddha. 'Jeune homme, sais-tu que quand j'étais enceinte du Bouddha, j'étais très heureuse ? Je n'avais aucun autre désir, j'étais heureuse sachant qu'en moi, il y avait un Bouddha, sachant que j'étais la future maman d'un Bouddha.' Nous devons réaliser que notre mère Terre est Mahamaya. Elle est la mère de beaucoup de Bouddha, elle est la mère de toutes les espèces sur Terre. Tout sur Terre est les enfants de la Terre. Et notre planète Terre est très heureuse aussi, parce qu'en elle, il n'y a pas seulement un Bouddha, mais de nombreux Bouddha. Et quelquefois, Thay sent cela : dans son ventre, il y a de nombreux enfants spirituels, des centaines de milliers qui peuvent sortir à tout moment. Et tous peuvent devenir Bouddha. Alors mon ventre doit être très large, très spacieux. Et ce quelque chose de réel. Il faut réaliser cela. Vous êtes enceints d'un Bouddha. Ce n'est pas l'histoire de Mahamaya, ce n'est pas l'histoire de Sudana, c'est votre histoire, c'est mon histoire. Chacun, chacune de nous, nous sommes enceints, que nous soyons homme ou femme, et nous avons des enfants dans notre ventre. L'histoire de Mahamaya est très belle. Elle lui a dit : 'Jeune homme, sais-tu que ce jour là, il y avait de nombreux bodhisattva venant des cieux, et ils voulaient entrer dans mon ventre pour rendre visite à mon enfant, pour rendre visite à Siddharta, pour rendre hommage au jeune Bouddha dans mon ventre. Il y avait des milliers de bodhisattva venant des cieux, et ils m'ont demandé s'ils pouvaient entrer dans mon ventre.' Ce sont des images poétiques extraordinaires qui peuvent exprimer la sagesse de l'inter-être enseignée dans le bouddhisme. 'Et je n'ai même pas le temps de dire oui ou non, et ces bodhisattva sont tous entrés dans mon ventre. Et sais-tu qu'à l'intérieur il y avait plein d'espace, c'était immense. Ne crois pas qu'en moi, c'était tout petit. Non, c'était immense, et non seulement des milliers de bodhisattva sont entrés dedans, mais s'il y en avait d'autres qui voulaient entrer, il y avait encore beaucoup d'espace pour eux.' C'est une image légendaire et poétique, une image très belle qui explique que l'un est dans le tout, et l'immensité dans l'un. Sudana était certainement très heureux d'apprendre tout ça. Et alors elle a dit : 'Cher jeune homme, ils sont tous entrés dans mon ventre avant que je puisse répondre oui ou non, et même s'il y avait d'autres milliers de bodhisattva qui voulaient y entrer, je suis sûre qu'il y avait encore assez d'espace.' Et Mahamaya a continué : 'Cher Sudana, sais-tu que non seulement je suis la mère du Bouddha Shakyamuni, je ne suis pas seulement la mère de tous les Bouddha dans le moment présent, mais aussi de tous les Bouddha dans le passé et dans le futur.' C'est ce qui est dit dans le soutra d'Avatamsaka. Ainsi, dans le soutra d'Avatamsaka, nous voyons que Mahamaya fait un avec la planète Terre. Elle est la mère génétique, la mère génétique devient une avec la mère spirituelle, la mère de la compréhension parfaite. Si on compare notre planète Terre avec le soleil, elle est petite, mais elle contient aussi tout l'univers, l'un contient le tout. Elle n'a aucun complexe d'infériorité ou de supériorité. Même si elle est petite comparée au soleil et d'autres planètes, elle contient tout l'univers, comme la mère Mahamaya. Elle accepte inclusive, elle accepte tout.
(cloche)
Et nous savons que si nous ne sommes pas bodhisattva, nous ne pouvons pas mettre au monde des bodhisattva. Et si nous ne sommes pas Bouddha, nous ne pouvons pas donner naissance au Bouddha. Alors il faut regarder notre planète Terre avec beaucoup de respect, il faut la voir comme un bodhisattva. Et joignons les mains pour invoquer son nom : 'Hommage au bodhisattva de la Terre fraîche', et à chaque fois que nous avons des problèmes, à chaque fois que nous sommes en difficulté, à chaque fois que nous nous perdons, nous devons retourner à notre Terre mère pour lui demander secours.
Chemin de retour
Pendant l'automne, nous avons fait la marche méditative, nous avons marché sur les feuilles d'automne. Qui n'a pas marché sur les feuilles d'automne ? Aujourd'hui, nous aurons encore l'occasion de faire la marche méditative ensemble pour marcher sur les feuilles d'automne. Et nous verrons qu'il y a de nombreuses feuilles qui sont encore fraîches, et qu'il y en a qui sont encore sur les arbres. Dans le bois juste devant la cabane de Thay, il y a encore beaucoup de feuilles sur les arbres. Ces feuilles se sont manifestées cette année au mois de Mars, elles étaient toutes jeunes, toutes vertes, et elles ont reçu les rayons de soleil au mois d'avril. Et elles se sont réjouies pour se nourrir et nourrir les arbres. L'été, elles sont vertes, fraîches, et en automne, elles se transforment, elles mûrissent. Elles deviennent jaunes, ou oranges, ou rouges, et elles savent qu'au début de l'hiver, elles tomberont, mais elles n'ont pas de souci, elles n'ont pas peur. Et quand nous marchons sur les feuilles d'automne en pleine conscience, nous devrions voir tout cela : tant de feuilles sont tombées, sans peur, sans regret, sans angoisse. Alors est-ce qu'une feuille est un objet inanimé ? Aucune feuille n'est inanimée. Une feuille est la vie. Les feuilles et les fleurs ont des sentiments, des perceptions. Depuis ces dernières semaines, il ne fait pas froid dans le Sud de la France, et les arbres le savent, et beaucoup de feuilles s'épanouissent. Elles le savent, elles ont des sensations, des sentiments. Il n'est pas correct de dire qu'ils sont des objets inanimés, inconscients. Ne disons pas que la feuille n'est pas consciente : c'est un être animé et conscient. Au début, nous pensons que nous vivons plus longtemps qu'une feuille, parce que nous pouvons vivre soixante ans, soixante-dix ans, quatre-vingt ans, ou cent ans, et la vie d'une feuille dure seulement quelques mois, six mois, sept mois, mais la feuille ne mesure pas le temps comme nous. Peut-être que pour la feuille huit mois est assez, et elle souhaite se manifester autrement. Les feuilles sont plus heureuses que nous, elles se réjouissent de leur temps, d'être comme elles sont. Les êtres humains ont beaucoup de soucis, d'anxiété. C'est le prix à payer pour être humain. Et il y a des poètes qui expriment ce souhait, peut-être parce qu'ils ont trop souffert. Un poète très célèbre au Vietnam a rêvé de devenir un palmier. :'La vie prochaine, je renaîtrai comme palmier, chantant dans la forêt sous le ciel.' En temps que palmier, il sera insouciant, il ne souffrira plus, il sera très beau. Est-ce que nous voulons devenir un arbre ? Nous pouvons demander à la Terre mère : 'Chère mère, la vie prochaine, je voudrais être une arbre, ou un oiseau.' Parce que la Terre mère nous a mis au monde une fois, deux fois, trois fois, alors elle pourra nous remettre au monde. Quand nous pratiquons les touchers de la terre, nous savons que nous faisons partie de notre terre, notre mère génétique ou notre Terre mère. Notre nature est non-naissance et non-mort. Nous sommes manifestés sous cette forme, mais nous pouvons nous manifester sous d'autres formes. Et si notre planète mère nous a mis au monde une fois, elle pourra le refaire plusieurs fois. Alors pendant la marche méditative, nous pouvons lui parler : 'Chère mère, je voudrais dans la prochaine vie un pin, ou un palmier, ou un arbre de kiwi, ou un chêne.' Quand nous regardons en profondeur, nous voyons que nous avons toujours un lieu où revenir. Il est certain que nous avons un lieu où retourner, où revenir. Ans un de mes poèmes, il y a la phrase : 'Où sont les chemins de mon retour ?' Nous avons tous un lieu de retour. Il y en a qui pensent que c'est le ciel. Il y en a qui pensent que c'est la Terre Pure. Il y en a qui pensent que c'est le Royaume de Dieu. Retournant au Royaume de Dieu, nous pourrons nous asseoir au pied de Dieu. Beaucoup en Asie souhaitent retourner dans la Terre Pure du Bouddha Amitabha, car là on n'a pas besoin de faire la cuisine, on n'a pas besoin de faire la vaisselle. On n'a qu'à penser, et tout de suite la nourriture apparaît devant nous. Et on n'a pas besoin de faire la vaisselle, on n'a pas besoin d'acheter la lessive, et ce qui est extraordinaire, c'est qu'on n'a pas besoin d'utiliser les toilettes. Nous avons toujours le besoin d'un lieu où retourner, et nous cherchons les chemins pour retourner. Dans le poème 'Vraie source', Thay a écrit : 'Allons voir l'enfant et demandons-lui, « Que cherches-tu ? Où vas-tu ? Où est la vraie source ? Où est la destination finale ? Et où sont les chemins de retour ? » Si nous faisons avec solidité, nous verrons que notre lieu de retour est la Terre mère. C'est très scientifique, c'est très réaliste. Toutes les cellules, tous les électrons, dans notre corps, retourneront à la Terre mère. Et en ce moment même, de nombreuses parties de vous retournent à la Terre. Notre planète Terre, notre planète mère est un bodhisattva, et c'est notre lieu de refuge. Elle n'est pas simplement matière, comme beaucoup de scientifiques le croient. La plupart des scientifiques ont encore une vue dualiste sur la matière et la conscience. Mais nous, nous sommes aussi des pratiquants, et nous apprenons à voir que la matière et la conscience sont deux facettes d'une même réalité, nous nous entraînons à voir les choses d'une manière non-dualiste. Alors quand nous faisons la marche méditative sur la Terre, nous nous entraînons à voir la planète Terre comme un bodhisattva sacré. Regardons une fleur : c'est une manifestation de notre Terre mère. Si elle n'était pas un noble bodhisattva, comment pourrait-elle donner naissance à des merveilles comme ça ? Et notre corps est une merveille aussi. Alors il faut nous entraîner à regarder la Terre avec d'autres yeux. Il faut la voir comme un grand bodhisattva, comme la mère de toutes les espèces, de tous les Bouddha, de tous les bodhisattva. C'est notre lieu de retour, c'est très scientifique c'est très réel. Si nous regardons profondément, nous voyons que les phénomènes ont la naissance et la mort en apparence, mais en regardant profondément, nous voyons que la nature de la réalité est la non-naissance et la non-mort, comme le nuage. Et c'est le fruit de notre observation, ce n'est pas quelque chose que nous croyons aveuglément. Regardons le nuage en profondeur : nous voyons qu'il n'a ni naissance ni mort, qu'il transcende tous les concepts de l'être et du non-être, et donc il n'y a plus d'angoisse, il n'y a plus de soucis. Lorsque les conditions sont là, il se manifeste, et quand les conditions ne sont plus là, le nuage se manifeste sous d'autres formes. Et c'est la même chose pour vous, et pour toutes les phénomènes. Alors nous pouvons nous amuser comme une fleur, comme une feuille, comme un cerf, et quand nous retournons à la Terre, elle nous tend toujours ses deux bras grand ouverts, et même si nous avons commis des erreurs, elle nous accueille toujours avec beaucoup d'amour. C'est un grand bodhisattva. Quand nous étions bébé, notre mère acceptait tout, elle n'était pas fâchée. Et c'est pareil, nous pouvons jeter sur notre Terre mère plein de choses, même des déchets nucléaires, et elle embrasse tout, elle est tellement tolérante. Elle peut utiliser des milliers d'années pour digérer tous ces déchets toxiques, elle a beaucoup de compassion, beaucoup de patience. Elle ne discrimine pas. Elle est un grand bodhisattva en qui nous pouvons prendre refuge.
(cloche)
Je prends refuge en la Terre mère
Nous devons nous entraîner à voir les choses en profondeur. Asseyons-nous en pleine conscience, marchons en pleine conscience, mangeons en pleine conscience, buvons en pleine conscience. Avec la pleine conscience, nous cultivons la concentration, et naturellement, la vision profonde surgit. Et cette vision entraîne l'amour, cette vision génère de l'amour. Avec cette vision profonde, nous pouvons reconnaître notre Terre, ce grand bodhisattva. Depuis longtemps, nous avons été indifférents avec elle, et nous l'avons sous-estimée. Nous n'avons pas été gentils avec elle, nous ne l'avons pas respectée, nous ne l'avons pas chérie, nous ne l'avons pas aimée. Au contraire, nous l'avons exploitée, nous l'avons détruite, nous l'avons blessée. Nous n'avons pas d'amour parce que nous n'avons pas la vision profonde, la compréhension profonde. Nous pouvons aimer seulement si nous avons la compréhension profonde. Et cette compréhension ne peut pas vous être donnée par moi ou par d'autres, mais vous devez comprendre par vous-même, par votre entraînement pour voir les choses en profondeur. Et si nous arrivons à voir clairement, comme Sudana, si nous pouvons voir notre Terre mère, la mère de tous les Bouddha et bodhisattva, alors naturellement, nous joindrons les mains pour nous incliner devant elle et prendre refuge en elle, dans la Terre mère. 'Je prendre refuge en la Terre mère. Je suis amoureux de la Terre mère.' Alors dans notre vie quotidienne, il faut marcher, nous asseoir, manger, boire en pleine conscience. À chaque fois que nous tenons une tasse de thé, tenons la en pleine conscience. Il faut voir que notre Terre mère nous a donné cette eau. Elle nous a donné l'air pour respirer, elle nous a donné l'eau pour boire, elle nous a donné la nourriture pour manger. Elle nous porte et nous embrasse, elle nous enveloppe quand nous souffrons, quand nous nous perdons, quand nous sommes en difficulté. Alors retournons à elle et pratiquons les touchers de la Terre, pour générer l'amour, et naturellement, nous souffrirons moins. Nous souffrons parce que nous n'avons pas d'amour en nous. Alors pendant la marche méditative, nous pouvons sentir l'amour de la Terre mère, et quand nous respirons, quand nous mangeons, nous pouvons sentir cela aussi : sans la Terre mère, il n'y aurait pas l'eau pour boire, il n'y aurait pas la nourriture pour manger, il n'y aurait pas l'air à respirer. Est-ce que nous sommes des enfants gentils, est-ce que nous sommes des enfants aimants ? Qu'est-ce que nous cherchons ? Où cherchons-nous notre lieu de retour ? Il faut lâcher priser des illusions, il faut retourner à la réalité des choses qui est merveilleuse. Soyons en contact avec notre propre corps. C'est aussi le corps de notre Terre mère, ce corps n'est pas simplement matière. Ce sont les cinq agrégats qui ont la sagesse, qui ont l'espace, et dans ces cinq agrégats, c'est à dire corps, sensation, perception, formations mentales et conscience, il y a la présence des Bouddha et des bodhisattva, l'air, la forêt, tous les êtres, la Terre mère. Le scientifique Einstein a dit que la religion du futur ne sera plus une religion de croyance, dogmatique, mais que ce sera une religion cosmique. La religion du futur sera fondée sur les expériences vécues et non pas sur l'imagination. Einstein a dit aussi que le bouddhisme pourra contribuer beaucoup à cette religion cosmique, entièrement fondée sur les expériences vécues, et en éliminant toutes les imaginations.
Maintenant, retournons aux versets. Pendant les fêtes de Nöel, nous aurons des enseignements français et en anglais, et le sujet en français sera lié à ce thème : Dieu peut-il être une personne ?
Quatorzième verset :
14. Ni à l'intérieur, ni à l'extérieur,
Ni entre l'intérieur et l'extérieur.
Quand les formations ne sont pas encore manifestées,
Il est impossible de les saisir.
Ce mot formation signifie les dharmas, les choses, les phénomènes, samskara en sanskrit. Cette fleur est une formation. Le nuage est aussi une formation. Notre corps est aussi une formation. Et comment saisir la nature des formations, la nature des choses ? Les sciences physiques cherchent à étudier et saisir la nature des choses. Dans le passé, on a cru que pour comprendre la nature des choses, il fallait analyser les choses jusqu'à l'unité la plus petite, et après analyse, ils ont trouvé que l'unité la plus petite était l'atome. Et ensuite, ils ont trouvé que c'était l'électron. Et ils ont cru qu'une fois trouvé les électrons, ils comprendraient la nature des choses. Mais ils ont cherché aussi à diviser les électrons en particules subatomiques, alors ils ont continué à analyser, mais ils n'ont pas pu la nature des choses, la nature de la réalité. Dans le bouddhisme, il y a le terme insaisissable. Nous ne pouvons pas saisir. Il est impossible de saisir la nature des choses. Il est impossible de saisir les formations quand elles ne se manifestent pas encore. Quand elles ne se manifestent pas encore, elles sont comme des fantômes. Il faut attendre pour qu'elles se manifestent pour pouvoir les saisir, n'est-ce pas ? Les saisir à l'intérieur ou à l'extérieur, ou entre l'intérieur et l'extérieur ? C'est encore le problème de l'objet et sujet.
'Ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, ni entre l'intérieur et l'extérieur' :
Ici, on parle de l'espace. Il est impossible de saisir dans l'espace.
'Quand les formations ne sont pas encore manifestées, il est impossible de les saisir.' Ici, c'est le temps. Il est impossible de saisir dans le temps.
On ne peut pas saisir dans le cadre de l'espace/temps. Quand les formations ne sont pas encore nées, comment les saisir ? Il est impossible de les saisir ni à l'intérieur, ni à l'extérieur, ni entre l'intérieur et l'extérieur, il n'y a rien à saisir. On ne peut pas les saisir dans l'espace et le temps. Et la physique quantique d'aujourd'hui est aussi dans cette situation. Les scientifiques essayent de saisir la substance, la nature des particules, mais ce sont comme des fantômes qu'ils ne peuvent pas saisir. Il y a des forces d'interaction : la gravité et l'électromagnétisme, et les forces nucléaires fortes et faibles. Un scientifique a dit : 'La réalité ultime, qu'est-ce que c'est?' Et il a dit que la réalité ultime est le champ des forces. Il y a des champs de force. Il y a quatre forces. La force d'attraction, la gravitation, nous permet de toucher la terre avec nos pieds quand nous marchons, nous ne nous envolons pas dans le ciel. La première force est la force de gravité, nous ne nous envolons pas quand nous marchons. Nos pieds touchent la terre, nous ne marchons pas dans l'air comme des fantômes. Et grâce à la gravité les planètes tournent dans leur orbite. La Lune tourne comme ça, le soleil tourne comme ça, dans l'orbite. Et la deuxième force est l'électromagnétisme. La troisième est la force qui garde, qui rassemble des neutrons, des électrons ensemble. Alors il y a des forces, il y a des champs comme ça, des champs de force. Alors certains scientifiques disent que la réalité ultime n'est que les champs de force. Mais les scientifiques ne font pas attention au fait que notre conscience est aussi une force. Une formation mentale comme la colère, c'est une grande force. Quand ils parlent des champs de force, ils ne pensent pas à la force de l'esprit. La force de l'esprit est très puissante. Comme les Twin Towers à New-York, leur destruction vient de la conscience, du désir de punir, du désir de vengeance. Alors c'est une force. Notre conscience, notre esprit est une force très forte, et cette force affecte, influence le cosmos. Et est-ce que les scientifiques font attention à cela ? Une formation mentale comme champ de force peut pousser quelqu'un à se suicider, ou à tuer d'autres personnes. Et quand ces formations mentales se rassemblent, elles peuvent créer une force extraordinaire, elles peuvent créer des guerres qui détruisent des millions de personnes. Les Khmers rouges, avec de telles formations mentales, ont détruit des milliers de Cambodgiens, parce qu'ils ne voient pas le karma, le fruit ces formations mentales. Alors est-ce que les scientifiques pensent à la force de la conscience ? La paix, le bonheur, la souffrance, tout cela dépend de notre conscience. Si nous avons l'avidité, la colère, la haine, le monde va souffrir, et si nous avons la paix, la joie, le bonheur en nous, le monde sera différent. Alors c'est une force à laquelle nous devons payer attention. Et cette sorte d'énergie, comment la saisir, où la saisir, quand la saisir ? La saisir à l'intérieur ou à l'extérieur, ou entre l'intérieur et l'extérieur ? Si elle ne se manifeste pas encore, on ne peut pas la voir. Il faut attendre jusqu'au 11 Septembre pour pouvoir voir cette force, cette formation mentale de la colère, de la haine. Alors on a ce terme, non-saisie et dans la physique quantique, ils n'utilisent pas exactement ce terme, non-saisie, mais presque. Ils ne peuvent pas saisir, parce que parfois cela se manifeste comme ceci, parfois cela se manifeste autrement. Ils sont comme des fantômes. Il y a de nombreux champs de force, et ils ne peuvent pas saisir. Alors ce quatorzième verset mentionne les champs de force. Et ces forces ne naissent pas par elles-même, mais dépendent de nombreuses conditions. Quand ces champs de force ne se manifestent pas encore, nous ne pouvons pas les saisir. La réalité ultime est insaisissable.
Quinzième verset :
15. Même si ces formations se sont manifestées,
Il est quand même impossible de les saisir.
L’avenir n’a aucun signe,
Le passé est repérable.
Quand ce sont des champs de force, on ne peut pas les saisir, mais quand il se condensent en matière, en objet, on ne peut pas les saisir non plus. Quand ça se condense pour devenir matière, ou liquide, ou gaz, qu'ils soient solide, liquide, ou gazeux, on ne peut pas les saisir non plus. Alors même si ces champs de force se condensent pour devenir matière, on ne peut pas les saisir non plus. Non-saisie, insaisissable, c'est un terme bouddhique. Et ce mot se trouve dans le soutra du coeur : insaisissable, parce qu'il n'y a rien à saisir, rien à atteindre. Et si on veut les saisir, obtenir, il faut quelqu'un pour les saisir, un sujet. Mais il n'y a personne, il n'y a pas de soi, il n'y a pas de sujet, alors comment pourrait-on saisir un objet ? Alors on ne peut pas saisir les formations qui se sont manifestées, parce qu'il n'y a pas de soi, il n'y a pas d'entité.
Les dix-septième et dix-huitième versets disent : 'Les formes sont comme la mousse, les sensations comme des grappes de bulles d’eau, les perceptions comme des palais magiques, les formations mentales comme un tronc de bananier, les consciences comme des tours de magie. C'est ce que la descendant du soleil a dit. De la même manière, les samskara naissent, demeurent et prennent fin.'
Ce sont les dix-septième et dix-huitième versets. Ici, nous parlons des cinq éléments, des cinq agrégats qui forment notre personne, c'est à dire forme, sensation, perception, formations mentales et conscience. Alors les formes sont comme la mousse, les sensations comme des grappes de bulles d'eau, les perceptions comme des palais magiques, les formations mentales comme le tronc du bananier, et les consciences comme des tours de magie. Nous marchons dans le désert, et tout à coup nous voyons devant nous une cité, où il y a de la nourriture, de l'eau, mais ce sont des cités magiques. Les perceptions sont comme des cités magiques. Et les formations mentales sont comme un tronc de bananier. En enlevant les couches, nous croyons trouver un noyau, mais il n'y a rien à l'intérieur. Nous croyons trouver la fabrique de base de la réalité, mais dès qu'on enlève une couche, il y a une autre couche à l'intérieur, et on continue, mais à la fin, il n'y a rien parce qu'à l'intérieur, c'est vide, comme un oignon. Alors les dix-septième et dix-huitième versets expliquent les quatorzième et quinzième versets : avant que les formations ne se manifestent, on ne peut pas les saisir, et quand elles se manifestent, on ne peut pas les saisir non plus. Ce qui n'est pas encore né, cela ne signifie pas qu'il n'existe pas, mais il ne se manifeste pas encore. Il existe, mais il existe sous la forme de champs de force, comme les actions, le karma. Quand nous ne voyons pas, cela ne veut pas dire que cela n'existe pas. C'est pour cela qu'on ne peut pas saisir. On ne peut saisir ni le passé, ni le présent, ni le futur. Et pourtant, on peut reconnaître le passé. Reconnaître signifie distinguer, discriminer, ou repérer. Le futur n'a aucun signe, le passé est repérable.
Seizième verset :
16. Nous pouvons repérer ce avec quoi nous avons été en contact,
Nous pouvons repérer même ce avec quoi nous n’avons pas encore été en contact.
Même si les formations n’ont pas de commencement,
Il est possible de repérer un commencement.
Repérer ici, ce n'est pas saisir. Repérer, faire la discrimination, vikalpa en sanskrit. Même si les formations n'ont pas de commencement, on peut tout de même repérer, discriminer, distinguer un commencement. Nous pouvons repérer. Et repérer ne signifie pas saisir la nature. Par exemple, nous distinguons la fleur comme fleur, la feuille comme feuille, le soleil comme soleil, la branche comme branche, le nuage comme nuage. Mais nous ne pouvons pas saisir la vraie nature de tous ces phénomènes, parce qu'en regardant la fleur, nous ne voyons que des éléments non-fleur. C'est pourquoi nous ne pouvons pas saisir la fleur, parce que la fleur ne peut pas exister séparément, indépendamment des autres choses. C'est ça que signifie 'insaisissable'. Alors nous pouvons repérer ce avec quoi nous avons été en contact et ce avec quoi nous n'avons pas encore été en contact, même si les formations n'ont pas de commencement. Dans la vérité ultime, il n'y a ni commencement ni fin, ni naissance ni mort, mais il est possible quand même de repérer un commencement. Même si les formations n'ont pas de commencement, il est possible de repérer un commencement.
Confirmation et négation
Nous savons que maître Asanga est né des centaines d'années après maître Nagarjuna. Maître Nagarjuna s'est penché dans l'école de la vacuité, dans l'étude de la nature des choses, et cette école enseigne que tous les concepts sont illusoires, comme les concepts de naissance, de mort, d'être, de non-être. Si nous nous attachons à l'être, maître Nagarjuna brise ce concept, il brise tous les concepts de perceptions illusoires. La méthode de Nagarjuna est la négation, c'est à dire la vacuité. C'est l'école qui enseigne la nature des choses et la vacuité. La nature de toutes choses est la vacuité. Et maître Asanga se penche sur l'école qui enseigne la manifestation des choses, la forme, l'apparence. Asanga parle de la forme, des formations, des manifestations des choses, et Nagarjuna parle de la nature des choses qui est la vacuité. Maître Asanga nous enseigne qu'il ne faut pas avoir l'attitude de la négation. Sur la nature des choses, dans la dimension ultime, on peut dire non, mais quand les choses se manifestent, on ne peut pas dire non. Alors d'un côté, on enseigne la nature des choses qui est la vacuité, et de l'autre côté, on étudie la manifestation des choses, et dans tous ces versets, il y a la partie de la négation et la partie de la confirmation, c'est à dire la partie de la vacuité et la partie de la manifestation. Et c'est pareil pour le seizième verset : 'Même si les formations n’ont pas de commencement, il est possible de repérer un commencement.' Parce que nous vivons dans la vérité relative, dans la vérité conventionnelle, on parle du commencement, il est possible d'avoir un commencement.
Et le courant va comme ça (Thay trace une ligne droite), mais si nous nous attachons, si nous saisissons un point (Thay place un point sur la ligne) et nous disons que c'est le commencement, donc c'est repérable. Si nous sommes habiles, nous pouvons repérer les choses sans nous emprisonner dans les concepts, et ça c'est ce qu'on appelle suivre, c'est l'habileté de suivre, suivre avec habileté.
H2O, énergie, karma
Maintenant, comparons les sciences avec le bouddhisme. Quand nous voyons quelqu'un qui est décédé, son corps se décompose. C'est son corps physique qui se décompose, en sanskrit, rupakaya, et quand le corps physique se décompose, il n'y a plus de perceptions, de formations mentales, et l'esprit ne peut pas continuer. L'un dépend de l'autre, comme avec la pièce de monnaie, il y a pile et face. Pile a besoin de face pour exister, et face a besoin de pile. Sans pile, il n'y aurait pas de face. Alors le corps physique et la conscience sont pareils : d'un côté, le corps physique, et de l'autre côté, la conscience. Si on enlève l'un, l'autre n'existe plus. Alors si le corps se décompose, comment peut-on voir, entendre, et comment l'esprit peut-il continuer et errer? Ce n'est pas correct. Nous ne pouvons pas disparaître complètement, simplement nous ne sommes plus sous cette forme, comme quand le nuage devient pluie. On ne peut plus le reconnaître comme nuage, mais cela ne veut pas dire que le nuage n'est plus. Le nuage continue, mais sous d'autres formes. Et la matière et l'énergie sont pareils. La matière n'est qu'une forme d'énergie, c'est ce que les sciences disent. La matière est une forme d'énergie. On ne peut pas dire que la matière est une chose et que l'énergie est une autre chose. Comme les personnes ont le corps, la parole, et les pensées, et toutes les actions se trouvent dans ces trois domaines. Et Jean-Paul Sartre a dit : 'L'homme est la somme de ses actes.' Comme la matière est seulement de l'énergie. Et quand nous ne voyons pas cette énergie sous la forme de matière, cela ne veut pas dire que cette énergie n'existe pas, c'est comme quand on parle de l'eau : nous parlons d'une matière, d'une substance, qui s'appelle H2O. Et cette matière peut se trouver sous la forme d'un bloc de glace, très solide, et on peut se casser la tête avec. Mais si ce bloc de glace fond en eau, alors H2O ne disparaît pas, n'est-ce pas ? Et on ne peut plus se casser la tête avec l'eau. Quand la glace fond, cela ne veut pas dire que la glace meurt, elle continue à exister sous une autre forme qui est l'eau. Et quand le soleil brille et que l'eau s'évapore pour devenir le nuage, cela ne veut pas dire que l'eau est morte. Non, elle continue à demeurer sous une autre forme. H2O est la glace, H2O est le nuage ou l'eau, et c'est pareil ici : le champ de force est parfois solide, parfois liquide, parfois gaz. On ne peut pas dire que ceci produit l'autre, que la matière produit l'énergie. Non, la matière est l'énergie. Notre corps et notre conscience sont notre karma. Quand notre corps et notre esprit ne sont plus sous cette forme, le karma continue, nos actions continuent. Et le karma continue, et il va se manifester sous d'autres formes, peut-être plus laides ou plus belles, mais il ne peut pas disparaître complètement. Et la force, l'action, le karma, joue un très grand rôle, et les sciences s'occupent des choses physiques sans reconnaître que la conscience est une force extraordinaire. Regardons notre Terre mère, ce grand bodhisattva. Elle n'est pas seulement matière, elle a une grande force. Cette force peut créer la vie, la beauté, la joie, tant de merveilles. Alors la Terre mère est aussi énergie, et on ne peut pas dire que cette énergie est énergie physique ou spirituelle, elle est simplement énergie. Elle a l'amour, elle a la vision, elle a le savoir, elle n'est pas la matière inerte. Et si nous croyons que le Bouddha et les bodhisattva doivent être reconnus sous la forme d'êtres humains, alors c'est une vision très limitée. Il faut avoir de nouveaux yeux capables de reconnaître les Bouddha, les bodhisattva, sous la forme d'un ruisseau, d'un sommet d'une montagne. Les Bouddha, les bodhisattva, sont aussi des formations, et nous sommes aussi des formations. Et si nous voulons saisir la nature des formations, c'est impossible. Nous ne pouvons pas le faire. Nous voulons saisir la nature de Monsieur A, ou Monsieur B, et c'est impossible. Quand nous sommes amoureux de quelqu'un, nous croyons que nous pouvons le saisir, mais c'est très difficile, même impossible. Vous ne pouvez pas vous saisir vous-même, alors comment pourriez-vous saisir votre bien-aimé ? Vous voulez saisir cela pour le posséder, pour le monopoliser, mais c'est impossible. Parce que la nature de toutes les choses est vide, y compris le Bouddha. Le Bouddha est insaisissable, comme tout autre chose. Vous ne pouvez pas dire : 'C'est mon Bouddha, ce n'est pas le votre.' C'est impossible de dire ça. Le Bouddha n'a pas de soi, le Bouddha est fait des éléments non-Bouddha. Il n'a pas de nature propre, de soi séparé, on ne peut pas le saisir. Alors il en est de même pour notre planète, cette planète Terre, ce bodhisattva, nous ne pouvons pas la saisir. Dans la forme, dans l'apparence, il y a la naissance, la mort, l'être, le non-être, petit, grand, dessus, dessous, mais dans la dimension ultime, il n'y a pas de naissance, de mort, d'être, de non-être. Et quand nous arrivons à revenir à la fondation qui est ni-naissance ni-mort, ni-être ni-non-être, nous n'avons plus d'anxiété, nous ne souffrons plus. Dans les soutra, on parle du nirvana, c'est à dire cette nature de non-naissance et de non-mort, l'extinction de toutes les notions.
Les cerfs prennent refuge dans la campagne, et les oiseaux dans le ciel,
Les phénomènes se manifestent à partir de la discrimination,
Et les grands êtres prennent refuge dans le nirvana pour vivre librement.
Dans le monde de non-naissance et de non-mort où nous sommes bien à l'aise, bien confortables. C'est le lieu des Bouddha, des bodhisattva, où il n'y a ni angoisse, ni anxiété. Dans le christianisme, on utilise le terme 'Resting in God', 'Se reposer en Dieu', mais il faut comprendre Dieu comme cette nature de ni naissance ni mort. Si on croit que Dieu est un vieil homme dans le ciel qui décide tout sur la naissance et la mort, ce n'est pas correct. À Noël, Thay parlera de ce sujet.
(cloche)
Enseignement donné le 11 Décembre 2011 en vietnamien,
transcrit par Pháp Thân d'après les traductions françaises et anglaises.