24 Novembre - Paramârtha - Gâthâs ( Part I )
Paramârtha-gâthâs ( 1ère partie )
(Note : Versets étudiés dans cet enseignement, transcrits par Pháp Thân en se basant sur les commentaires faits par Thay et les traductions en anglais et français.)
1. Il n'y a pas de sujet, ni de propriétaire,
Il n'y a d'acteur, ni d'héritier.
Les dharma n'ont pas de fonction,
Et pourtant les fonctions existent.
2. Seul les douze membres de l'existence que sont
Les agrégats, les organes sensoriels, et les objets des sens, évoluent.
En les examinant,
On ne trouve aucun soi.
(cloche)
Chère Sangha, nous sommes le 24 Novembre de l'an 2011, nous sommes dans la salle de méditation de la Pleine Lune au Hameau Nouveau du Village des Pruniers au Temple de la Bonté Aimante, et aujourd'hui est le premier enseignement de la retraite d'hiver 2011-2012.
Écoute, contemplation, pratique
Dans un verset, dans notre livre de chant quotidien, nous récitons : 'Je suis déterminé à écouter, à réfléchir, contempler et à mettre en pratique ce que j'étudie.' Et aujourd'hui, nous allons étudier ces trois étapes : écouter ; réfléchir, contempler ; et mettre en pratique.
1- Vision profonde atteinte par l'écoute
On appelait les disciples du Bouddha des 'auditeurs', des 'srâvaka', ceux qui écoutent, les étudiants, ceux qui étudient avec le Bouddha, qui écoutent ses enseignements. Étudier par l'écoute. Et comment écoute t-on, comment étudie t-on? De manière à atteindre la vision profonde. La vision profonde peut s'acquérir par l'étude, la contemplation, et la mise en pratique. Écouter. En chinois, il y a un caractère qui représente l'oreille, et il y a une porte de chaque côté. Grâce à l'écoute, on peut ouvrir la porte. On ouvre les portes pour recevoir ce que notre maître enseigne. Il y aussi en a qui pratiquent la vision profonde, mais qui n'étudient pas, qui ne suivent pas un maître. Ils trouvent la vérité seul, ils ne sont pas des auditeurs, ils sont des bouddha par eux-même, les éveillés eux-même, des pratyekabouddha. Ils n'ont pas besoin de maître, ils ne sont pas des auditeurs. Mais tous les disciples du Bouddha sont des auditeurs, des auditeurs disciples, et nous aussi nous sommes des étudiants, nous écoutons les enseignements de notre maître. Alors premièrement, il faut savoir comment écouter.
Dans le bouddhisme, l'écoute et l'étude sont un art. On n'étudie par pour accumuler des connaissances. Si on étudie pour accumuler des connaissances, plus on fait cela, et plus on devient lourd, parce que c'est inutile pour notre bonheur, pour notre libération. Alors plus on étudie, plus on devient lourd, et ceci n'est pas la bonne étude, ce n'est pas la bonne écoute. Alors ce que vous apprenez n'est pas assez. Il faut mettre en pratique pour vraiment vivre ce que vous apprenez ou ce que vous entendez. S'il n'y a pas la pensée juste, alors il n'y a pas l'écoute juste, il n'y a pas l'étude juste. Même si nous obtenons un doctorat du bouddhisme, si notre souffrance, notre jalousie sont intactes, alors nous pouvons parler merveilleusement de l'histoire du bouddhisme, des différentes écoles, nous pouvons être très éloquents, mais ces connaissances ne nous aident pas, parce que nous ne sommes pas plus heureux, nous ne sommes pas plus libres, alors ce n'est pas l'étude utile, ce n'est pas l'écoute juste. Mais nous avons toujours l'idée que plus on étudie, mieux c'est. Mais on a pas besoin de beaucoup. Nous devons mettre en pratique ce que nous apprenons. Si on étudie de manière à avoir la vision profonde, alors dans ce cas, l'étude devient la vision profonde. La vision profonde acquise grâce à l'étude. Mais si quand nous sommes assis et que nous écoutons des enseignements que nous avons déjà entendus, et que nous avons des idées préconçues, ou alors quand nous écoutons quelqu'un parler, nous avons l'habitude de comparer ce qu'il dit avec ce que nous connaissons. Quand nous entendons quelque chose, nous avons la tendance à comparer nos connaissances avec ce qui est dit, et quand les deux sont semblables, nous nous disons : 'C'est correct, je l'accepte.' Et si on compare et que ce qui est dit ne ressemble à ce que nous connaissons, alors on se dit : 'Vous avez tort, je n'accepte pas cela.' Alors dans les deux cas, vous n'apprenez rien, que vous soyez d'accord ou non, vous n'apprenez rien. Alors ce n'est pas l'écoute juste. Donc quand on écoute un enseignement du Dharma, il ne faut pas chercher à comparer avec ce que nous avons étudié et ce que nous connaissons. Ceci n'est pas l'écoute juste, ce n'est pas la bonne étude, la bonne manière d'étudier. Ce que nous écoutons peut être le contraire de ce que nous connaissons. Et si nous refusons, alors ce que nous entendons n'a pas une chance d'entrer en nous pour agir. C'est comme quand il pleut et que nous prenons une bâche pour couvrir le sol : la pluie ne peut pas imprégner la terre. Et quand la pluie ne peut pas imprégner la terre, alors les graines dans la terre n'ont aucune chance d'être arrosées et de germer. Et dans notre esprit, c'est pareil : il y a des graines de vision profonde. Et si nous laissons entrer ce que notre maître dit sans comparer, même si ce qu'on entend est très étrange, si on laisser tout entrer et imprégner la terre de notre conscience, alors les graines de la vision profonde en nous aurons la chance d'être arrosées, et puis elles germeront, elles pousseront, et cela engendrera la vision profonde. Dans les soutras, il est dit que parfois, quand le Bouddha enseignait, des disciples dans l'assemblée atteignaient l'éveil pendant ces enseignements. C'est parce que ces personnes n'ont pas comparé leurs connaissances avec ce que le Bouddha disait. Ils ouvraient complètement leur coeur pour laisser la pluie du Dharma imprégner la terre de leur conscience. Alors leurs graines de la vision profonde germaient, poussaient, et offraient la vision profonde, et ils ont atteint l'éveil pendant les enseignements. Ce n'est pas du domaine de la théorie ou des concepts. Vous écoutez et vous recevez simplement sans jugements, sans comparer. C'est la vision profonde acquise grâce à l'écoute, grâce à l'étude.
2- Vision profonde atteinte par la réflexion, la contemplation
Et lorsque l'on sait comment écouter, on apprend à contempler, à réfléchir : basé sur ce que nous avons entendu, nous utilisons notre intelligence pour contempler. Mais parfois, nous ne savons pas comment faire, et plus nous réfléchissons, plus nous sommes confus, plus nous sommes embrouillés, et c'est pour cela qu'il faut apprendre à contempler. La réflexion habile peut mener à la vision profonde. La vision peut être atteinte par la réflexion. Il faut réfléchir habilement, sinon, plus on réfléchit, plus on est confus. C'est comme cela que nous pouvons parler de la pensée juste : nous pensons avec méthode. La vision profonde acquise grâce à la réflexion habile. Si nous savons comment étudier, nous sommes des disciples, nous sommes des auditeurs. Mais il y en a qui étudient pendant dix ans et qui n'arrivent nulle part, ou vingt ans et qui n'arrivent nulle part. Par exemple, au Village des Pruniers, Thay nous enseigne que la pratique la plus importante est 'Je suis chez moi, je suis arrivé.' C'est très simple, quand nous revenons au moment présent pour être en contact avec les merveilles du moment présent, naturellement nous sommes heureux et nous n'attendons rien, nous ne cherchons rien. Et Thay nous a enseigné cela jour après jour, mois après mois, année après année, et nous avons écouté cela des centaines, des milliers de fois, mais après quinze ans, nous ne sommes toujours pas arrivé, nous ne sommes toujours pas chez nous. Il y en a qui ont pratiqué des dizaines d'années et qui enseignent merveilleusement, mais qui ne sont pas encore arrivés, ils ne sont pas chez eux. Ils ne sont pas heureux dans le moment présent. Ils attendent toujours quelque chose, ils cherchent toujours quelque chose, que ces personnes sont moines, moniales, ou laïques. Alors toutes ces études ne sont pas utiles et ces réflexions n'apportent pas de fruit.
3- Vision profonde atteinte par la pratique
Et troisièmement, la pratique. Par exemple, nous pratiquons la méditation assise, ou la marche méditative, ou la respiration conscience, ou le travail méditatif, ou la parole aimante et l'écoute profonde, tout cela, c'est la pratique. Nous pratiquons, nous mettons en pratique, et la pratique peut mener à la vision profonde.
Et ce mot, vision profonde, signifie sagesse, et ce n'est pas la connaissance accumulée par l'étude. Les connaissances accumulées, même si elles sont bouddhistes, ne servent à rien. Parfois elles nous alourdissent. Nous sommes fiers de ce que nous connaissons, et pendant ce temps, toutes nos souffrances sont intactes et ne se transforment pas. Alors cette étude n'est pas l'étude juste, mais c'est la mauvaise étude. Et c'est pareil pour la réflexion, la contemplation. Si nous contemplons habilement, nous ne sommes pas emprisonnés dans les mots, dans les concepts. Il faut être très habile. En prenant appui sur les mots, les concepts, les perceptions, nous pouvons atteindre la sagesse, la vision profonde, sans être emprisonné par eux. Sur le chemin vers la vision profonde, nous relâchons les mots, les concepts, les perceptions. Et ce que nous atteignons, c'est la vision profonde, la sagesse, et pas les connaissances. Donc nous n'étudions pas pour obtenir des connaissances, nous ne réfléchissons pas, nous ne contemplons pas pour obtenir des connaissances, nous ne pratiquons pas pour obtenir des connaissances, parce que ces connaissances peuvent devenir des obstacles, des obstacles à la libération. Connaissance comme obstacle. Ce que nous étudions, ce que nous contemplons peut devenir des obstacles pour notre libération, alors il faut distinguer les mots vision profonde et connaissance. La vision profonde et la sagesse sont très différentes des connaissances.
Les paramârtha-gâthâs
Et le texte que nous allons étudier appartient à une phase de pratique. C'est un extrait d'un volume de sastra appelé yogâcâra-bhûmi sastra de maître Asanga. Bhûmi signifie stades. Bhûmi signifie aussi terre. Bhûmi signifie des étapes que nous traversons dans notre pratique. Et dans cette oeuvre de maître Asanga, il y a dix-sept étapes. Ce que nous étudions, la vision profonde acquise par l'écoute, est la dixième étape. Puis la vision profonde acquise par la contemplation est la onzième étape, et la vision profonde acquise par la pratique est la douzième étape. Maître Asanga était un maître excellent. Il avait un jeune frère appelé Vasubandu. Les deux frères étaient des moines, des moines excellents. Avant, ils appartenaient à l'école Théravada, et plus tard, ils ont été influencés par l'école Mahayana. Ils faisaient partie de la tradition Mahayana, mais ils respectaient et ils chérissaient encore l'école Théravada, et le yogâcâra-bhûmi sastra est comme une encyclopédie, une oeuvre très importante. Une encyclopédie dans laquelle le bouddhisme est clairement expliqué de l'école Théravada jusqu'à l'école Mahayana. C'est une grande encyclopédie du bouddhisme, une oeuvre très importante. Et ici nous allons étudier la onzième étape, la vision profonde acquise par la contemplation, et maître Asanga a présenté cette étape en quarante-quatre versets, appelés paramârtha-gâthâs, ce qui signifie 'versets sur la vérité absolue.' Il y a deux sortes de vérité : la vérité relative, et la vérité absolue. La vérité relative est la vérité conventionnelle, la vérité dans le monde, et ces quarante-quatre versets parlent de la vérité absolue. Gatha signifie verset. Le yogâcâra-bhûmi sastra est le soutra numéro 1579 dans le Taisho tripitaka. Cette oeuvre a été traduite trois fois. Nous une traduction du maître chinois Xuan Zang qui contient cent volumes. Et cet extrait qui parle des dix-sept bhûmis comprend cinquante volumes. Nous avons aussi la chance d'avoir le texte en sanskrit, alors nous pouvons faire l'étude comparative du texte chinois et en sanskrit. Nous avons une traduction en prose faite par Thay il y a deux ans. Et Thay l'a traduit aussi en versets, et nous pouvons utiliser les deux. Une soeur a traduit en anglais, 'The gathas on absolute truth'.
Premier verset :
1. There is absolutely no subject,
No agent and no one who enjoys the fruit of action.
No dharma has any effect.
Nonetheless, the passing on of one effect to another does take place.
1. Il n'y a absolument pas de sujet, ni d'acteur,
Et personne qui reçoive le fruit des actes.
Aucun phénomène n'a de fonction,
Et pourtant cela ne signifie pas que les fonctions ne sont pas.
(Traduction de Pháp Thân) :
1. Il n'y a pas de sujet, ni de propriétaire,
Il n'y a d'acteur, ni d'héritier.
Les dharma n'ont pas de fonction,
Et pourtant les fonctions existent.
Il y a trois mots. Le sujet est le patron, le chef, le propriétaire. Lorsque nous disons que ce corps est le mien, que ce corps m'appartient, cela signifie que nous reconnaissons qu'il y a un propriétaire de quelque chose qui est le corps. Quand on dit : 'Ceci est mon corps,' cela signifie qu'il y a un corps, c'est à dire un objet qu'on possède, nous sommes sujet, nous sommes propriétaire, et le corps nous appartient. C'est le propriétaire, le patron, et ce verset dit qu'il n'y a pas de patron, qu'il n'y a pas de propriétaire, qu'il n'y a pas de soi. Donc, c'est le contraire de ce que nous percevons. Dans notre vie quotidienne, nous percevons qu'il y a un propriétaire. Ce propriétaire possède plusieurs choses : ceci est ma maison, ceci est mon corps, ceci est mon esprit, ceci est mon diplôme, ceci est ma voiture, ceci est ma sensation, ceci est mon émotion, ceci est mon honneur, ceci est ma souffrance. Donc il y a un propriétaire qui possède et des objets qui appartiennent à ce propriétaire. D'un côté il y a le propriétaire, de l'autre côté, il y a des propriétés qui appartiennent à ce propriétaire. Et dès le premier verset, maître Asanga dit qu'il n'y a pas de propriétaire, qu'il n'y a pas de patron. Cela choque tout de suite. C'est comme dans la physique quantique, il y a des choses qui sont contraires à nos perceptions ordinaires, et les scientifiques doivent accepter ces choses qui ne sont pas ordinaires. Quand on entre dans le monde de la physique quantique, ce que nous voyons, ce que nous entendons dans le monde ordinaire n'a plus aucune valeur. Et si nous ne relâchons pas tout ça, nous ne pouvons pas entrer dans le monde de la physique quantique. Par exemple, lorsque les scientifiques observent un photon ou un électron, ils voient que parfois cet électron ou ce photon se comporte comme une onde, et que parfois qu'il se comporte comme une particule, et ondes et particules sont très différentes. Dans le monde ordinaire, une onde n'est pas une particule. Une particule a une location fixe dans l'espace et pas l'onde. Mais les photons et les électrons se comportent parfois comme des particules, et parfois comme des ondes. La dualité des ondes et des particules. Les scientifiques étaient très choqués au début, on peut être ceci ou cela, on ne peut pas être les deux à la fois, mais la vérité, c'est que ça peut être les deux en même temps. Si c'est moi, alors je ne suis pas toi, je ne peux pas être moi et toi à la fois, mais la vérité, dans le monde de la physique quantique, je peux être moi et toi en même temps. C'est illogique, mais dans le monde de la physique quantique, il y a plein de choses illogiques, mais les scientifiques ont du accepter cela parce que c'est la vérité, et on doit lâcher prise de nos concepts de notre vie quotidienne pour avoir la chance de rentrer dans ce monde de la vérité. Nous suivons nos perceptions, nos concepts, nos connaissances, nous avons des bagages, mais si nous nous accrochons à ces bagages, nous ne pouvons aller nulle part. Il faut relâcher tous ces bagages pour aller plus loin. C'est ce que l'on dit dans le bouddhisme, suivre. Il faut être habile pour lâcher prise petit à petit de nos connaissances, de nos idées. Donc dès le premier verset, maître Asanga nous choque. Vous croyez que vous êtes propriétaire ? Non, ce n'est pas vrai. Sujet, acteur. Il n'y absolument pas de sujet ni d'acteur. C'est à dire, acteur c'est celui qui fait, qui agit, qui commet l'acte, c'est l'acteur. Et l'acte n'est pas seulement lorsqu'on est sur une scène. Quand on dit quelque chose, quand on pense, on est aussi un acte. 'Je parle, je fais.' Il y a un sujet et il y a un verbe. Par exemple, Descartes a dit : 'Je pense.' Je, c'est l'acteur, et pense est le verbe, l'action. Et dans le premier verset, il est dit qu'il n'y a pas d'acteur. 'Il y a une action mais il n'y a pas d'acteur.' Et nos idées, c'est que quand il y a une action, il faut un acteur, quand il y a un mouvement, il faut une personne, sinon qui fait ce mouvement ? Mais le verset dit qu'il n'y a pas d'acteur, il n'y a pas de sujet, il y a seulement l'action. Pendant que nous pensons, sous cette lumière, il n'y a que la pensée, pas de penseur. 'Il y a la pensée mais il n'y a pas de penseur.' Ce que nous pouvons admettre, c'est qu'il y a la pensée, mais qu'il n'y a pas de penseur. Donc ce que Descartes a dit : 'Je pense, donc je suis,' n'est pas correct. 'Vous êtes seulement votre pensée. Seulement pensée existe, vous n'existez pas.' C'est comme quand on dit : 'Il pleut.' On n'a pas besoin d'un acteur pour qu'il y ait la pluie. En anglais, c'est 'It rains', il pleut. Et qu'est-ce que c'est 'il' ? On n'a pas besoin d'acteur. La pluie suffit, la pluie est là. Si on dit : 'Le vent souffle,' il y a l'acteur qui est le vent, et puis l'action qui est souffler, mais la réalité, c'est que si le vent ne souffle pas, il n'est plus vent, et donc, le vent signifie que cela souffle, donc on n'a pas besoin d'un acteur qui se met derrière pour souffler pour qu'il y ait le vent. Le vent souffle, mais il n'y a pas de souffleur derrière. Il y a seulement le souffle et il n'y a personne derrière qui souffle pour faire le vent. Donc il n'y a pas de propriétaire, il n'y a pas de sujet, il n'y a pas d'acteur. Il y a l'action, mais pas d'acteur.
Dans l'existentialisme, Jean-Paul Sartre, un philosophe français, a dit une chose presque identique, il a dit : 'L'homme est la somme de ses actes.' Cela signifie qu'en dehors de ses actes, il n'y a pas l'homme. Comme définit-on l'homme ? C'est la question posée par Jean-Paul Sartre. Comment définir l'homme ? On peut définir l'homme seulement par ses actes. L'homme est ses actes. S'il n'y a pas ses actes, il n'y a pas l'homme. L'homme est la somme de ses actes. Dans le bouddhisme, il y a le mot karma, action. Nos pensées, nos paroles et nos actes sont nous-même. En dehors de ces choses-là, il n'y a pas d'autres choses qui sont moi. 'Il n'y a pas d'acteur, il y a seulement action. Il y a seulement la pensée et pas de penseur.' Alors quand nous pensons, ces pensées sont actions. Ce que nous disons, c'est action, quand nous bougeons, quand nous travaillons, ce travail est action. Alors il n'y a que l'action du corps, des paroles, des pensées, et il n'y a pas d'acteur qui commet ces actes.
Quatre exercices
1- Je laisse le Bouddha respirer, je laisse le Bouddha s'asseoir
Nous avons un exercice de respiration merveilleux. C'est un exemple de la pratique de suivre. Suivre signifie entrer habilement. Entrer où? Entrer dans la vision profonde. C'est l'exercice : 'Je laisse le Bouddha respirer, je laisse le Bouddha s'asseoir. Je n'ai pas besoin de respirer, je n'ai pas besoin de m'asseoir.' On commence par cet exercice. En général, on est paresseux, on laisse le Bouddha respirer pour nous et faire la méditation assise pour nous. Alors en inspirant, je laisse le Bouddha respirer, en expirant, je laisse le Bouddha s'asseoir, et je n'ai pas besoin de respirer, je n'ai pas besoin de m'asseoir. On croit qu'en nous il y a un Bouddha, alors nous laissons le Bouddha en nous pratiquer. Alors nous laissons le Bouddha respirer, nous laissons le Bouddha s'asseoir. Parfois nous respirons merveilleusement, parfois nous faisons la méditation assise merveilleusement, mais d'autres fois nous ne faisons pas bien. Il y a des moments où nous sommes assis d'une manière très belle, nous pratiquons très bien, et c'est le Bouddha en nous qui fait ça. Mais quand nous sommes paresseux, nous sommes fatigués, nous nous disons :'Cher Bouddha, fais-le pour moi,' Alors je laisse le Bouddha respirer, et je n'ai pas besoin de le faire. Alors il y a le Bouddha, il y a moi, il y a la respiration et l'assise. Il y a celui qui respire, celui qui s'assoit, et celui qui respire peut être le Bouddha ou moi, et celui qui s'assoit peut être le Bouddha ou moi. Alors c'est comme ça qu'on commence : il y a l'acteur, il y a l'action. Il y a le sujet, et il y a l'action.
2- Le Bouddha respire, le Bouddha est assis
Et puis le deuxième exercice. 'Le Bouddha respire, le Bouddha est assis.' On voit clairement qu'il y a quelqu'un qui respire merveilleusement, il y a quelqu'un qui s'assoit merveilleusement. Il n'y a que le Bouddha qui arrive à faire comme cela. 'Le Bouddha respire, le Bouddha s'assoit.' Et puis j'en profite, je peux respirer, je peux m'asseoir avec le Bouddha, parce que le Bouddha et moi ne sommes pas deux réalités séparées. Dans le Bouddha, il y a moi, et en moi, il y a le Bouddha. Et quand je laisse ma place au Bouddha, le Bouddha fait un beau travail, et je profite de son travail, parce que le Bouddha respire et s'assoit et j'en profite. Avec le premier exercice, 'Je laisse le Bouddha respirer, je laisse le Bouddha s'asseoir, et je n'ai pas besoin de le faire, comme je suis paresseux.' Et puis le deuxième exercice : 'Le Bouddha respire, le Bouddha s'assoit, et je m'en réjouis.' Si c'est le Bouddha qui respire, c'est sûr que la qualité de la respiration est très élevée. Si c'est le Bouddha qui s'assoit, la qualité de l'assise, la posture doit être très belle, et je profite beaucoup de toutes ces qualités. Je peux respirer et m'asseoir en même temps. Alors les deux premiers versets nous apportent beaucoup de bonheur, même si nous sommes un peu paresseux et nous appuyons beaucoup sur le Bouddha, mais petit à petit, on fait des progrès.
3- Le Bouddha est seulement la respiration, le Bouddha est seulement l'assise
Alors nous passons au troisième exercice. 'Le Bouddha est seulement la respiration, et je reconnais que c'est la respiration du Bouddha, parce que la qualité de la respiration est superbe.' Le Bouddha est la respiration, le Bouddha est l'assise. Alors nous voyons clairement qu'au début, il y a le Bouddha qui respire. Deux choses différentes : d'un côté c'est l'acteur, et de l'autre côté c'est l'action, n'est-ce pas? Et avec le deuxième exercice, nous voyons clairement qu'en regardant la qualité de la respiration, nous savons que c'est le Bouddha. Et avec le troisième exercice, le Bouddha est seulement la respiration, le Bouddha est seulement l'assise. Cette respiration est celle du Bouddha parce que la qualité est très différente. Et puis l'assise est tellement solide, seul le Bouddha peut s'asseoir comme ça, alors nous reconnaissons que cette assise est le Bouddha. Au troisième exercice, nous commençons à entrer dans la vérité absolue. Vous voyez que le Bouddha est respiration, le Bouddha est assise, et vous êtes respiration, vous êtes assise. Il n'y a pas d'acteur, il y a seulement l'action. Et Jean Paul Sartre a dit la même chose : Qu'est l'homme ? L'homme est la somme de ses actes. La valeur d'un homme est la valeur de ses actes. En dehors de ses actes, il n'y a rien d'autre, comme en dehors du vent, il n'y a pas quelqu'un qui fait le vent, et c'est pareil pour la pluie. Alors avec le troisième exercice, on commence à entrer dans le monde de la vérité absolue. Le Bouddha est respiration, le Bouddha est assise. Je suis respiration, je suis assise. Il n'y a pas de sujet. Nous voyons qu'il n'y a que la respiration, il n'y a pas le respireur, il n'y a pas celui qui respire, et on n'a pas besoin d'avoir quelqu'un qui respire.
4- Il n'y a que la respiration, il n'y a que l'assise
Et puis le quatrième verset est encore plus clair : 'Il n'y a que la respiration, il n'y a que l'assise, il n'y a pas de respireur, il n'y a pas de personne qui s'assoit.' Avec habileté, nous suivons et nous pouvons toucher, entrer en contact avec la vérité du non-soi.
(cloche)
Karma hetu, karma Phala
Alors l'acteur est le propriétaire qui agit, et en général, l'action apporte un fruit. Le karma signifie l'action. La pensée est déjà une action. Nos paroles sont action. Le travail est action. Et nous pensons souvent que tout acte apporte des fruits. Si on sème des grains de maïs ou de haricots, on aura du maïs et des haricots à manger, donc l'acte apporte un fruit de l'acte. Karma hetu signifie la cause de l'action, la graine de l'action mène toujours au fruit de l'action, karma phala. Et donc karma hetu donne toujours un karma phala. De la cause de l'action on reçoit le fruit de l'action, mais il n'y a pas de personne derrière qui crée le karma et qui reçoit les fruits de l'acte. Ce n'est pas correct de traduire en anglais par 'feeler'. Il faut utiliser le mot 'inhéritor', héritier. Celui qui reçoit le fruit de l'action. Celui qui sème le vent récolte la tempête. Celui qui commet de mauvais actes subira la souffrance. Dans la vérité relative, il y a celui qui sème le karma et qui reçoit le karma, mais ici on n'a pas besoin de quelqu'un qui sème. Il y a seulement le semage, il n'y a personne qui reçoit. Il y a simplement la souffrance causée par les mauvais actes. Celui qui reçoit le fruit de ses actes, c'est l'héritier, celui qui reçoit, qui porte le fruit de ses actes. Alors il n'y a absolument pas de sujet, ni d'acteur, ni de propriétaire, de receveur, ni personne qui reçoit le fruit de ses actes. C'est un peu difficile, il fait faire des efforts pour apprendre ça, parce que dans la retraite de Juin, nous devrons dialoguer avec des scientifiques, et il faut maîtriser parfaitement cela. Les scientifiques seront très embarrassés devant ces enseignements. Il n'y a pas de sujet ni d'acteur, ni personne qui reçoit le fruit de ces actes. Il n'y a pas de propriétaire, pas de chef, pas d'acteur, il n'y a personne qui reçoit le fruit de ses actes. Alors sujet ici, propriétaire ici, s'oppose à l'idée des propriétés, et puis acteur s'oppose à l'action, et puis celui qui reçoit le fruit de ses actes s'oppose au fruit des actes. Il y a seulement l'action et pas l'acteur. Il y a seulement le fruit des actes mais pas celui qui reçoit le fruit des actes. Les dharmas ne font rien, les phénomènes ne font rien. Aucun phénomène n'a de fonction. Cette phrase signifie simplement qu'il n'y a pas les dharma, il n'y a pas les phénomènes, il y a seulement les fonctions, comme il y a les actions mais pas d'acteur. Par exemple, nous parlons de la maison, en anglais, c'est house, alors quelle est l'action de la maison ? C'est pour héberger les personnes n'est-ce pas ? La fonction de la maison, c'est héberger, mais la maison ne fait rien, elle suffit d'être maison, elle ne fait rien, elle n'a pas besoin de faire quoi que ce soit. 'The house has to house people.' La maison doit maisonner les gens. Et l'acte de la maison, c'est de maisonner, d'héberger. Alors on ne peut pas distinguer la maison et l'action de maisonner. Si la maison n'héberge pas, ne maisonne pas, alors ce n'est pas une maison, n'est-ce pas ? Donc si on distingue entre la maison et l'action de la maison, alors ce n'est pas correct. La maison est pour maisonner, on n'a pas besoin de distinguer la maison et l'action de maisonner. C'est comme quand nous parlons du roi. Le roi doit régner, s'il ne joue pas son rôle de roi, il n'est pas roi, n'est-ce pas ? Le roi doit régner pour être roi. Dans la littérature chinoise, il y a l'expression 'roi doit régner, peuple doit être peuple, père doit être père, fils doit être fils.' Si le père ne joue pas son rôle, il n'est pas père. Le père est un nom et est aussi un verbe. Le sujet et le verbe font un. Et c'est pareil pour le chinois. En anglais, on dit 'the king kings'. Le roi roit. 'The father fathers'. Le père père. 'The subject subjets.' Le sujet sujette. 'The son sons'. Le fils fils. En dehors de l'action, il n'y a pas de sujet, parce que le sujet est l'action. Dans la tradition chinoise, on dit 'Le roi roi. Le sujet sujette. Le père père. Le fils fils'. Sinon ils ne sont pas roi, ils ne sont pas sujet, ils ne sont pas père, ils ne sont pas fils. En dehors de l'action, il n'y a pas de sujet.
1. Il n'y a pas de sujet, ni de propriétaire,
Il n'y a d'acteur, pas d'héritier.
Les dharma n'ont pas de fonction,
Et pourtant les fonctions existent.
Alors les deux premières phrases sont une négation de quelque chose qui n'existe pas, c'est à dire le chef, le propriétaire, l'acteur, l'héritier. Il y a la pensée, il n'y a pas de penseur. Il y a l'action, il n'y a pas d'acteur. Et la quatrième ligne certifie ce qui est existe. Aucun phénomène n'a de fonction, et la dernière ligne explique que pourtant cela ne signifie pas que les fonctions n'existent pas. La dernière ligne confirme, l'action existe, mais pas l'acteur. La propriété existe, mais pas le propriétaire. L'héritage existe, mais l'héritier n'existe pas. Quand nous rencontrerons les scientifiques, nous leur demanderons si l'objet, la masse, et son action, sont deux ou un, sont deux choses différentes ou une. L'énergie et la masse, l'objet sont-ils une seule ou deux choses ? Et la location, le lieu et la vitesse de l'objet sont-ils une chose ou deux ? Ces questions vont mener à des réponses très intéressantes. Il n'y a pas d'acteur ni personne qui reçoit le fruit de ses actes. Aucun phénomène n'a de fonction, et pourtant cela ne signifie pas que les fonctions ne sont pas.
(Thay dit en anglais:)
1. There is no owner, no proprietor.
There is no actor, there is no inheritor.
Objets do not have actions,
But actions resulted from it do exist.
1. Il n'y a pas de sujet, ni de propriétaire,
Il n'y a d'acteur, ni d'héritier.
Les dharma n'ont pas de fonction,
Et pourtant les fonctions existent.
Alors ce verset nous aide à nous libérer des deux extrêmes. L'un est l'être et l'autre est le non-être. Ce qui existe, on doit dire que cela existe, ce qui n'existe pas, on doit dire que cela n'existe pas. Et quand on affirmer, confirmer ce qui existe, on peut se libérer d'un extrême qui est la négation. Et quand on nie, on se libère de l'autre extrême qui est la confirmation.
Deuxième verset :
2. Seul les douze membres de l'existence que sont
Les agrégats, les organes sensoriels, et les objets des sens, évoluent.
En les examinant,
On ne trouve aucun soi.
Ce verset développe la quatrième ligne du premier verset. Seuls les douze membres de l'existence, les agrégats, les organes sensoriels, les objets des sens, ces douze membres de l'existence sont conscience, toucher, formations, etc... évoluent. Ces douze membres sont les causes et les effets, mais il n'y a pas d'acteur ni de sujet, ni celui qui reçoit, ni receveur. Ces douze liens évoluent, se passent. Et nous avons les cinq agrégats, les organes sensoriels, les objets des sens, et les consciences, tout cela existe et évolue, mais ce qui n'existe pas, c'est le soi qui est derrière tout ça, un propriétaire. Quand nous les examinons et les étudions, quand nous regardons profondément tout cela, les douze membres de l'existence, les cinq agrégats, les organes sensoriels, etc... nous ne trouvons aucun soi, nous ne pouvons saisir aucun soi.
Devant qui vous prosternez-vous ?
Hier matin, quand Thay est entré dans la salle de méditation, Thay a vu un moine toucher la terre avant de s'asseoir en méditation, c'était très beau. Thay a touché la terre aussi. Depuis l'âge de dix ans jusqu'à aujourd'hui, Thay a touché la terre de nombreuses fois, et Thay s'est posé la question quand il a vu ce moine toucher la terre : 'En touchant la terre, est-ce qu'il voit qui est le Bouddha ? Est-ce qu'il touche la Terre devant le Bouddha comme s'il touchait la terre devant un soi ? Est-ce que le Bouddha est un soi pour lui ?' Mais en fait, le Bouddha n'a pas de soi, alors devant qui se prosterne t-il ? Les moines, les moniales, les pratiquants laïcs, tous les jours vous touchez la terre devant le Bouddha, et quand vous touchez la terre, devant qui vous prosternez vous ? Devant un soi ? Dans le christianisme, on parle de Jésus vivant, du Christ vivant, et ils essayent d'être en contact avec le Christ qui est apparu dans la vie il y a 2000 ans à Bethlehem. Et ce corps, ces cellules du corps on vécu jusqu'à tel âge, à telle date, et les chrétiens veulent être en contact avec ce Christ. Mais tout cela, c'est le passé. Ces cellules, ce corps, cette voix, tout cela appartient au passé. Si nous imaginons que nous sommes en contact avec ce corps dans le passé, ce n'est pas correct. Alors quand nous prions Jésus-Christ, quel est l'objet de notre prière ? Est-ce que nous prions devant un soi qui ne change pas ? Est-ce que nous voulons être en contact avec l'image et la voix de Jésus-Christ qui avait lieu il y a plus de 2000 ans ? Tout ça, ça n'existe plus. Ou bien, nous imaginons que Jésus-Christ a une âme, et après la décomposition de son corps, nous pensons que cette âme existe toujours et nous prions devant cette âme. Nous savons que Jésus-Christ, comme le Bouddha, sont faits des agrégats, des organes sensoriels, des objets des organes sensoriels. Il y a un corps, des cellules, des sensations, des formations mentales, et tout cela change, évolue à chaque instant. Et nous nous prosternons devant le Bouddha, mais quel est l'objet de notre prosternation ? Est-ce que nous utilisons une vieille image, une image ancienne de plus de 2000 ans comme objet de notre prosternation ? Quand nous parlons du Christ vivant, du Bouddha vivant, est-ce que c'est la même personne qui n'a jamais changé, est-ce que c'est correct ? Notre maître nous a bien dit : 'Je n'ai pas de soi, je suis fait des cinq agrégats, et si vous me cherchez à travers les sons, les images, alors vous êtes sur le mauvais chemin, vous ne pouvez pas être en contact avec moi.' Notre maître a clairement dit comme ça. Alors hier, ce moine s'est prosterné devant qui, devant quoi ? Quel est l'objet de sa prosternation ? Ou bien, on se prosterne devant le vide. Quand on se prosterne, on a besoin d'un objet de prosternation. Quand nous prions, quel est l'objet de notre prière ? Est-ce que c'est une image ancienne d'autrefois ? Autrefois, pendant la guerre du Vietnam, à Paris, Thay a fondé un bureau, Vietnamese Buddist Association à Paris, l'Association du Bouddhisme Vietnamien à Paris, et une dame anglaise était volontaire comme secrétaire. Elle était âgée, et dans le bureau à Paris, il y avait aussi de nombreux jeunes, mais il y avait aussi cette dame âgée. Elle avait plus de soixante-dix ans, mais elle était en bonne santé, et tous les matins elle montait cinq étages, elle était anglicane, et elle avait une fois solide, elle pensait qu'après sa mort, elle irait dans le paradis où elle rencontrerait son mari, qui est mort à l'âge de trente-trois ans. Il était beau et gentil, et elle croyait fermement qu'elle le rencontrerait après sa mort, et un jour, Thay lui a posé la question : 'Après votre mort, vous serez là-bas, et vous le rencontrerez à l'âge de trente-trois ans, ou soixante-dix ans, ou quatre-vingt ans, quel âge vous voulez qu'il ait ? Parce que maintenant, vous êtes âgée, vous ne pouvez pas le rencontrer s'il a trente-trois ans, cela ne va pas. Ou bien il est aussi âgé que vous, alors dites-moi.' Parce que parfois, notre foi est très simple. Et elle était très confuse, parce qu'elle n'avait réfléchi à cela, elle croyait simplement qu'elle le rencontrerait. Mais ce serait embarrassant si elle était âgée et lui avait seulement trente-trois ans. Alors nous devons nous entraîner à regarder plus profondément. Quand on se prosterne devant le Bouddha ou Dieu, est-ce qu'on se prosterne devant le Bouddha d'il y a 2500 ans, ou devant le Christ d'il y a 200 ans, ou devant qui ? Devant un soi ? Nous avons appris que le Bouddha, comme Jésus-Christ, comme nous, ont été une personne. Nous sommes une personne, et en regardant profondément, nous voyons les cinq agrégats en nous et les cinq agrégats changent à chaque instant, et ils créent, ils continuent, continuellement ils créent autre chose. C'est l'évolution, le changement. Cela coule, change, évolue. Notre corps, nos sensations, nos formations mentales, notre conscience, changent continuellement, Jésus-Christ, Bouddha, ou nous-même, cela change continuellement, il n'y a pas un soi, il y a simplement ces cinq agrégats, c'est à dire corps, sensations, formations mentales, conscience, et tout cela change à chaque instant. Si nous disons que Jésus-Christ est exactement pareil qu'il y a 2000 ans, ce n'est pas correct, parce que pendant ses trente années, Jésus-Christ n'a jamais été pareil il a changé chaque mois, chaque année, et c'était pareil pour le Bouddha. À l'âge de quarante ans, il était différent de quand il avant trente ans, et à quatre-vingt ans, il était différent. L Bouddha évolue, change aussi. Alors lequel voulons-nous, quel Bouddha voulons-nous ? À l'âge de quatre-vingt ans ou quarante ans ? Si nous croyons que le Bouddha a tel visage ou tel corps, alors ce n'est pas correct parce que nous nous attachons à quelque chose qui ne change pas, à quelque chose de permanent. Nous disons que le Bouddha n'est plus, Jésus-Christ d'autrefois n'est plus. Ce n'est pas correct non plus parce que rien ne se perd. Jésus-Christ du passé a été fait par les cinq agrégats, et ces cinq agrégats ont pris un chemin, ils ont créé du karma, et c'est pareil pour le Bouddha, et ce karma évolue, continue jusqu'à aujourd'hui. Et dans les touchers de la terre, nous regardons profondément, nous touchons la terre et nous avons reconnaissons le Bouddha sous d'autres formes. Nous voyons que la présence du Bouddha n'a pas eu seulement eu lieu il y a 2500 ans. C'est comme pour les nuages : quand nous ne voyons plus les nuages dans le ciel, cela ne veut pas dire que le nuage n'existent plus. Ils sont toujours là, mais sous d'autres formes. Il faut une vue claire, parce que sous la lumière de ces enseignements, il n'y a pas de Bouddha comme un soi, mais il y a seulement un Bouddha comme action. Et quelle est l'action du Bouddha ? C'est la pratique, la libération, et le service, et ses actions continuent toujours. Et le Bouddha est toujours là, mais pas sous la forme que nous croyons. Et quand nous touchons la terre devant le Bouddha, nous sommes en contact avec le Bouddha comme une sorte d'énergie, une sorte d'action. Par exemple, quand nous pratiquons la marche méditative et que nous sommes en contact avec les merveilles de la vie, du ciel, de la terre, et que nous nous sentons bien, que nous sommes en paix, alors nous sommes la continuation du Bouddha. Que nous touchions la terre ou non, le Bouddha est en nous. Sans les actions du Bouddha, comment pourrions nous faire de tels pas, en paix, dans le bonheur. Alors le Bouddha n'est pas quelque chose en dehors de nous. Il est une sorte d'énergie, une sorte de karma, d'actions, de bonnes actions, d'actions éveillées. Et si on est en contact avec le Bouddha de cette manière, le Bouddha grandit chaque jour en nous.
Qu'est-ce que ce nom désigne ?
Quand nous regardons profondément dans les cinq agrégats, les organes sensoriels et les objets des sens, nous ne trouvons aucun soi. Nous ne trouvons que les agrégats, que ce soient les agrégats du Bouddha, ou de Jésus-Christ, ou de nous-même. Nous ne voyons que les évolutions des actions, nous ne trouvons aucun soi. Si nous demandons aux scientifiques, ce que vous appelez électron, ou particule, de quoi est-il fait? Est-ce que c'est un acteur ? Ont-ils une actions séparée. L'acteur et l'action sont-ils deux différentes ou une même ? De quoi est fait cet électron? Parce que le Bouddha est fait des cinq agrégats, du corps, des sensations, des perceptions, des formations mentales et de la conscience, le Bouddha une fait de choses composées, d'objets séparés. Toute chose comme la cloche, la lampe, est une chose composée. En regardant un objet, nous voyons de nombreux éléments qui viennent ensemble pour former cet objet. En regardant Jésus-Christ, nous voyons la même chose. En regardant le Bouddha ou nous-même, nous voyons la même chose. En regardant la fleur, nous voyons la même chose : une chose conditionnée ou composée. Alors demandons aux scientifiques : 'Cet électron, a t-il un nom ?' Jésus-Christ a un nom, Bouddha a un nom, la fleur a un nom. Alors les électrons, les atomes, les particules, ont un nom. Alors, qu'est-ce que ce nom désigne ? Cet objet, cet électron, de quoi est-il fait? Sous la lumière de la vision profonde, il y a l'évolution des phénomènes, des organes sensoriels, des objets des sens, etc... mais en les regardant profondément, on ne trouve aucun soi. Donc le thème de l'acteur et l'action est un grand thème. L'acteur et l'action. Quand nous regardons profondément avec habileté, nous ne voyons que l'action mais pas d'acteur, et pas d'héritier.
Aujourd'hui c'est jeudi. Nous continuerons dimanche.
(cloche)
Enseignement donné le 24 Novembre 2011 en vietnamien,
transcrit par Pháp Thân d'après les traductions françaises et anglaises.