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Publié par La Pluie du Dharma

Sixième message :

Chères amies, chers amis

Après vous avoir proposé de méditer sur l'amour véritable, nous vous invitons à approfondir notre compréhension des ingrédients de l'amour véritable que sont la parole aimante et l'écoute profonde.

 

La parole aimante est un des moyens d'expression de l'amour véritable, c'est aussi un des sujets les plus fréquemment abordés lors d'échanges sur les Entraînements. En nous y exerçant, nous avons peut-être connu des échecs (j'ai écrit une lettre avec la parole aimante et je n'ai pas eu la réponse espérée), mais c'est un entraînement et comme dans tout entraînement ce n'est pas parce que nous avons échoué que nous ne devons pas recommencer. Apprenons à recommencer mais autrement avec une meilleure compréhension. La parole aimante est l'expression d'une pensée aimante soutenue par une compréhension juste. Sommes-nous sûrs de notre perception des situations ? Elle est soutenue aussi par la parole et la pensée aimante envers nous-mêmes. Savons-nous nous adresser des pensées, des sourires aimants ?

 

La parole aimante est comme une musique, ce sont les silences qui en font la singularité et lui donne rythme et charme. Savons-nous ne pas nous précipiter dans la parole ? Savons nous écouter entre les mots ce silence guérissant pour identifier les peurs qui nous font nous précipiter dans la parole ?

C'est cette qualité de silence qui nous permet de pratiquer l'écoute profonde, une écoute sans jugement, dans la confiance de cette bienveillance inconditionnelle envers nous-mêmes et envers les autres que nous avons au fond de nous et qui ne demande qu'à éclore.

 

Pour cette période, nous vous proposons

- De lire le quatrième entraînement, de nous attarder sur les passages qui nous touchent et les apprendre. Dans les enseignements du Nouvel An, Thây nous invite à nous renouveler, à prendre une « petite » résolution. Pouvons-nous trouver, dans le quatrième entraînement, une résolution pour cette nouvelle année ?

- D'observer et de noter tous ces petits mots de dévalorisation que nous nous disons du genre « je suis nul ». Prenons conscience de ce processus en nous et plutôt que de nous dire « je me suis encore dévalorisé(e) », entraînons-nous à simplement observer , « c'est une pensée de dévalorisation ». Nous pouvons nous y aider en méditant sur le Bodhisattva Sadaparibhuta (Chants du Cœur page 40, extraits ci-dessous).

- De développer des pensées aimantes et des paroles aimantes envers nous-mêmes. Nous pouvons les écrire dans notre journal.

Extrait du texte « Invocation des Bodhisattvas ».

« Nous invoquons votre nom Sadaparibhuta. Nous désirons suivre votre voie qui est de ne jamais sous-estimer, ni mépriser personne. A tous ceux que vous rencontrez, vous dites avec beaucoup de respect : « Vous êtes quelqu'un de grande valeur, vous avez la nature de Bouddha, je vois en vous cette potentialité » Nous nous entraînerons à regarder avec sagesse et compassion, afin de devenir un miroir dans lequel les autres personnes peuvent voir le reflet de leur nature véritable. Nous rappellerons à ceux qui se sentent inutiles ou indignes qu'ils sont une merveille de la vie. Nous sommes déterminés à arroser seulement les bonnes semences en nous-mêmes et chez les autres. Ainsi nos pensées, nos paroles et nos actions feront grandir la confiance et l’acceptation de nous-mêmes, de nos enfants, de nos bien-aimés et de tous ceux que nous rencontrons... »

Témoignage d'une de nos amies :

 

Le 4 ème entraînement nous invite à la pratique de la parole aimante et l'écoute compatissante.

Personnellement, je suis d'une nature très timide. J'en ai beaucoup souffert, étant enfant puis adolescente.

Je pouvais m'exprimer avec une personne, au-delà, la coquille se refermait, j'étais paralysée dans mon expression. Un profond malaise, le rouge qui monte aux joues lorsqu'on m'adressait la parole et plus encore si on me demandait mon avis !

 

Du coup, j'ai développé une expression écrite, étant enfant, et l'écriture d'un journal à l'adolescence.

Il me semble que ce manque de parole me mettait en posture d'écoute plus fréquente. Un déséquilibre que je garde sans doute encore, une forme de confort dans la posture d'écoute.

 

Le mécanisme de la coquille qui se referme existe encore parfois.

Dans cette écoute, j'étais parfois heureuse, parfois blessée, je mesurais l'impact des mots sur mon ressenti. Cette expérience me faisait imaginer ce que j'aurais eu besoin d'entendre, ce qui m'aurait fait du bien. Peut-être que cela m'aide un peu dans mon expression aujourd'hui ?

Je considère que j'étais une « handicapée de la communication ».

Ce handicap m'a poussé à une attention particulière au langage, à l'écoute. L'envie de trouver les mots qui vont faire du bien, avec la difficulté de ne pas avoir appris à parler mes émotions, de ne pas savoir comment faire.

 

Quand j'ai commencé à m'exprimer plus de manière orale, n'ayant pas suffisamment pratiqué, cela était (et est encore parfois!) maladroit.

Cela sortait un peu « brut de pomme » ! Et la réaction en face n'invitait pas à recommencer mais quelque chose était enclenché. Je recommençais tout de même, impossible de reprendre la posture antérieure qui n'était plus supportable.

Je perçois bien la notion d' « entraînement » à la parole aimante, qui comporte des erreurs, des maladresses.

Avec aussi la motivation de continuer, d'essayer malgré les échecs, encouragée par les petites réussites.

Ces souffrances, ces difficultés m'ont poussée à des « challenges » (me retrouver devant 70 étudiants pour un cours magistral de 7h!), à suivre des formations de développement personnel.

Peut-être que plus le chemin est long à parcourir, plus la motivation peut être grande ?

Aujourd'hui, j'ai parfois l'excès de trop parler !

 

De cette expérience, je garde aussi l'idée que la communication se fait aussi en dehors des mots, par le regard, le sourire, la posture. Il me semble que la compassion, l'amour s'exprime beaucoup dans le non verbal. Je retrouve cela quand je regarde un jeune enfant.

La motivation , la justesse de l'intention contribue pour moi à l'expression de la parole aimante.