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Publié par La Pluie du Dharma

La retraite d'hiver chez soi 2015-2016

21 Novembre 2015 , Rédigé par Maison de l'Inspir

Premier message retraite d'hiver 2015-2016

La Retraite d’Hiver qui dure trois mois, est l’équivalent de la Retraite “varśa” de la saison des pluies qui existe dans les monastères de différentes traditions bouddhistes. Elle nous vient de l’époque de la vie du Bouddha, lorsque les moines et moniales voyageaient et enseignaient le Dharma dans les régions de l’Inde au cours de l’année. Au moment de la saison des pluies, leur déplacement était rendu difficile et ils se rassemblaient alors en communauté pour étudier le Dharma, ainsi que pour partager leur mode de vie et leur pratique de la pleine conscience.

Aujourd’hui les membres monastiques de la Sangha continuent cette tradition et se retrouvent trois mois par an pendant la saison d’hiver. C’est un temps durant lequel Thầy et les frères et sœurs monastiques des différents monastères du Village des Pruniers ne voyagent pas et peuventainsiapprofondir leur propre pratique de la méditation, cultiver la fraternité et avoir le bonheur de vivre tous ensembles.

La cérémonie d'ouverture de notre retraite d'hiver aura lieu le dimanche 22 novembre à 10h dans notre petit monastère de la Maison de l'Inspir. Si vous souhaitez y participer vous êtes les bienvenus. Elle sera suivie d'une marche méditative et d'un repas pris tous ensemble.(Merci d'apporter un plat végétarien pour 4/5 personnes que nous mettons en commun).

Beaucoup d'amis laïques souhaitaient pouvoir participer à cette retraite de trois mois mais ne pouvaient s'absenter pour une si longue période et de là est née l'idée il y a 6 ans de créer une "retraite d'hiver chez soi". De cette façon les amis souhaitant approfondir leur pratique de la pleine conscience peuvent également tout en restant chez eux, participer à cette retraite et récolter les magnifiques fruits de la pratique de la pleine conscience et recevoir le soutien de la quadruple sangha. La retraite d’hiver chez soi est un voyage intérieur, un voyage vers la non-peur qui nous réservera des moments de grandes découvertes et quelques surprises.

Si vous souhaitez vous embarquer pour ce voyage nous vous invitons à marquer le début de celui-ci en faisant une petite cérémonie comme nous le faisons dans notre monastère, (comme par exemple allumer une bougie, un peu d'encens, et vous asseoir quelques minutes pour imprimer en vous ce vœu d'approfondir votre pratique), vous pouvez le faire avec votre sangha locale, avec des amis de pratique ou bien seul(e).

Accueillir les beaux moments, apprendre à apprivoiser les moments plus difficiles demande de s’y préparer comme on prépare un voyage et les grands voyageurs ont appris à voyager léger.

Dans la tradition monastique, nous avons la grande chance de ne pas avoir à sortir du centre de pratique ou du monastère durant trois mois. Nous nous donnons des frontières physiques mais également nous réduisons les conversations téléphoniques, l’usage de l’internet, etc. Cela nous permet de faire un véritable retour en nous-même et de ne pas nous perdre, nous cacher ou nous enfuir dans des distractions extérieures. Non pour nous cloitrer et nous limiter, mais pour nous permettre de retourner à l'essentiel, de ne plus nous enfuir dans des occupations superficielles, et ainsi pouvoir regarder en profondeur ce qui est en nous et dont nous ignorons souvent l'appel, trop occupé par des milliers d'autres choses.

Bien sûr beaucoup d'entre vous n'ont pas la possibilité d'arrêter le travail, de ne plus prendre le métro ou le bus, de ne plus faire les courses, de ne plus sortir, voir des amis, etc...car notre vie continue.

Avant de démarrer la retraite d’hiver, nous sommes invités à apprendre à s’alléger de ce qui nous encombre, par exemple avec les objets qui nous entourent : que peut-on donner, recycler, trier, ranger ? S’alléger en simplifiant, en prenant le temps de s’arrêter pour entrer en contact avec les résistances qui nous font accumuler des biens matériels, celles qui nous incitent à nous perdre en conjectures et ruminations. S’alléger et simplifier non pas dans un renoncement austère, mais dans un mouvement qui nous apporte de la joie. Alléger et simplifier donnent de la place pour embellir. Nous pouvons embellir en donnant de l’espace aux objets dans notre environnement, embellir en donnant de l’espace en nous et dans nos relations. Ayant de l’espace pour permettre à notre créativité de s’y déployer, nous saurons alors quoi faire pour simplement, légèrement, embellir notre lieu de vie.

Que les pratiques soient dans la tonalité du don « Ce que vous donnez est ce que vous recevez » (Le cœur des enseignements du Bouddha, chapitre 25, les six paramitas) « Que vous offriez votre présence, votre stabilité, votre fraîcheur, votre solidité, votre liberté ou votre compréhension, votre don peut produire un miracle. Dana paramita est la pratique de l’amour. »

Cette année est marquée par un ensemble d'événements :

- Des événements dramatiques douloureux et complexes. Nous pouvons trouver de beaux textes qui vont nous permettre d'être profondément en contact avec notre Paix intérieure et de nourrir notre besoin de compréhension, de compassion et de sagesse. Nous vous encourageons à pratiquer régulièrement les « Trois touchers de la Terre » en Sangha et chez vous chaque fois que vous en ressentirez le besoin. Ce sera une aide précieuse pour trouver en nous les ressources de paix de compréhension, de compassion et de sagesse.

- La COP21 aura lieu du 30 novembre au 11 décembre.
Nous vous proposons d'être en lien avec cet événement à travers le livre de Thầy: « Ce monde est tout ce que nous avons » ; dans ce livre nous serons invités parThầyà essayer de développer notre compréhension du Soutra du Diamant.

Nous pouvons commencer par lire le chapitre « prendre soin de l'écologiste ». Prenons nous suffisamment soin de notre corps ? Nous pourrions par exemple choisir d'être plus régulier dans une pratique corporelle (10 Mouvements de la Pleine Conscience, Tai Chi, QI Cong, Yoga…)

Pendant cette période (et aussi après, pourquoi pas!) essayons de mettre en pratique le message de ThầyPháp Dung qui a été publié sur le blog de la Maison de l'Inspir et partageons nos pratiques en Sangha.


Pour démarrer la retraite :

- Noter comment nous pouvons nous alléger, simplifier dans notre vie, dans nos têtes, mettre de l'espace, du silence.

Ai-je vraiment besoin de garder, d'acquérir cet objet ?

Ai-je vraiment besoin de parler ? Comment nourrir une communication de qualité ?

Vous trouverez sur le blog de la Maison de l'Inspir :

Transcription d'un enseignement offert par Thay Novembre 2012 sur la Terre Mère

Pour vous inspirer : Conversation intime avec la Terre Mère

Pour vous inspirer : Cheminons pour une éthique globale sur notre Terre

Enseignement de Thay de 2012 commentant le Soutra du Diamant

Le texte des « Trois Touchers de la Terre » est joint au message.

Nous nous retrouverons vers le 15 décembre.

Pratiquons paisiblement, dans la richesse et la beauté du silence guérissant, partageons notre chance et notre joie d'être sur un chemin de pratique.

Introduction au Soutra du Diamant écrit par Thầy dans le « Silence Foudroyant »

Frères et Sœurs, lisez le Soutra du Diamant avec un esprit serein, un esprit libre de tout point de vue. Toutefois ne vous précipitez pas sur les commentaires, car ils pourraient vous influencer. Lisez d’abord le Soutra. Et vous y découvrirez des choses que nul commentateur n’a encore perçues. Lisez le comme si vous le psalmodiez, le corps et l’esprit clairs afin d’entrer vraiment en contact avec les mots. Essayez de le comprendre à partir de votre expérience et de votre propre souffrance. Il importe ici de se demander « les enseignements du Bouddha ont-ils quelque chose à voir avec ma vie quotidienne ? » Les idées abstraites peuvent assurément être superbes, mais si elles n’ont rien à voir avec notre vie, quel peut-être leur intérêt ? Aussi ne manquez jamais de vous demander : « Ces mots ont-ils quelque chose à voir avec le fait de se nourrir, de boire du thé, de couper du bois ou de porter de l’eau ? »

Trois touchers de la terre
1. En Touchant la Terre, je me mets en relation avec mes ancêtres et mes descendants dans les deux domaines spirituel et génétique.
(C)

(Nous pouvons toucher la Terre)

J'ai des ancêtres spirituels qui sont les nobles maîtres, les Saints les martyrs, les patriarches et les matriarches de tous les temps, ainsi que mes enseignants*. Que vous soyez encore vivants ou déjà décédés, vous êtes tous réellement présents en moi. Vous m'avez transmis les semences de paix, de sagesse, d’amour et de bonheur. Grâce à vous mes maîtres spirituels, j'ai en moi un peu de paix, de vision profonde, de compréhension et de bonheur. Parmi vous, certains ont mené leur pratique des préceptes, de la vision profonde et de la compassion à la perfection. Mais il en existe d'autres qui ont encore des lacunes dans ces pratiques. Néanmoins, je m'incline et je vous accepte tous comme mes ancêtres spirituels, sans exception, car je vois en moi-même mes propres faiblesses et insuffisances dans ces pratiques.

(trois respirations)

Conscient de ces faiblesses et insuffisances, j’ouvre également mon cœur à vous mes descendants et vous accepte tous. Parmi vous, certains m'inspirent du respect et de l'admiration par leur pratique des préceptes,de la vision profonde et de la compassion.Mais d'autres se battent encore avec leurs nombreuses difficultés et traversent constamment des hauts et des bas dans leur pratique.

(trois respirations)

De la même manière, je vous accepte tous, les ancêtres de ma famille du côté de mon père ainsi que du côté de ma mère, avec toutes vos qualités, votre beauté, vos actions vertueuses, vos défauts et vos faiblesses. J’ouvre mon cœur pour vous accepter également tous mes descendants avec les talents, les qualités et les faiblesses qui sont en chacun de vous.

Que vous soyez mes ancêtres ou mes descendants, dans ma famille spirituelle ou ma famille génétique, vous êtes tous présents en moi. N'ayant pas un soi séparé, je suis vous et vous êtes moi. Nous faisons tous partie d'un seul courant de vie qui coule merveilleusement.

(Nous sommes invités à pratiquer quelques respirations)

(C)

(Nous pouvons nous relever)

*

Mes ancêtres spirituels incluent :

(Si vous êtes bouddhiste) Le Bouddha, les Bodhisattvas et les Patriarches de toutes les générations.

(Si vous êtes chrétien) Jésus-Christ et ses disciples, Marie, les Saints et les Martyrs.

(Si vous êtes israélite) Abraham, Moïse, Isaac, Jacob, les patriarches et les matriarches Sarah, Rébecca et Ruth.

(Si vous êtes musulman) Mohamed, Ali et leurs descendants.

2. En Touchant la Terre, j'entre en relation avec toutes les personnes et tous les êtres vivants qui sont là en ce moment avec moi dans cette vie.

(C)
(Nous pouvons toucher la Terre)

Je vois que je suis la vie merveilleuse qui s'étend dans l'espace. Je suis étroitement lié à tout le monde et à toutes les espèces. Leur souffrance, tout comme leur bonheur, sont les miens. Je fais un avec la personne née handicapée, avec celle qui l'est devenue du fait de la guerre, d'un accident ou d'une maladie. Je suis la personne emprisonnée dans les situations de guerre, d'injustice ou d’oppression. Je suis cette personne qui n'a jamais eu la chance de goûter à la paix de l'âme ou au bonheur de la vie de famille. Déraciné, j'ai soif de compréhension et d'amour et suis en quête de beauté, de vérité et de bonté pour avoir quelque chose en quoi croire et prendre refuge.

(trois respirations).

Je suis cette personne mourante, effrayée de ne pas savoir ce qu'elle deviendra. Je suis l'enfant qui vit dans la pauvreté et les maladies, dont les membres sont aussi maigres que des allumettes, et qui est sans avenir. Je suis aussi celui qui fabrique des armes et des bombes pour les vendre aux pays pauvres. Je suis la grenouille qui nage dans l'étang, mais aussi la couleuvre qui a besoin de se nourrir de grenouilles. Je suis la chenille et la fourmi, et aussi l’oiseau qui poursuit ces dernières pour les manger. Je suis la forêt abattue, la rivière et l’air pollués, mais aussi la personne qui abat les arbres et pollue la rivière et l’air. Je me vois dans toutes les espèces et je vois toutes les espèces en moi.

(trois respirations)

Je suis ce Grand Être qui a transcendé la naissance et la mort, capable de regarder tous les phénomènes tels que la naissance, la mort, le bonheur et la souffrance avec un regard calme. Je suis cet ami sage présent partout dans le monde, rayonnant de paix, de compréhension et d’amour, capable de toucher les éléments nourrissants et guérissants des merveilles de la vie, et d’embrasser le monde entier avec le cœur aimant et les bras grands ouverts. Je suis cette personne ayant assez de paix, de joie et de liberté, capable d’offrir la non-peur et la joie de vivre à tout son entourage.. Je ne me sens pas du tout seul et coupé des autres. Votre compassion et votre joie de vivre de grands êtres, présents dans cette vie, m’aident à ne pas me noyer dans le désespoir et à vivre pleinement ma vie avec beaucoup de sens, avec de la paix et de la joie. Je me vois en chacun d'entre vous et je vous vois tous en moi.

(Nous sommes invités à pratiquer quelques respirations)

(C)

(Nous pouvons nous relever)

3. En Touchant la Terre j'abandonne toute idée sur ce corps que je crois être moi, et sur sa durée d'existence.
(C)

(Nous pouvons toucher la Terre)

Je prends conscience que ce corps constitué des quatre éléments (terre, eau, air, feu) n’est pas vraiment moi. Je ne suis pas limité par ce corps. Je suis tout un courant de vie génétique et spirituel qui depuis la nuit des temps, se déverse dans le présent et continuera encore pendant des milliers d’années dans le futur. Je suis à la fois mes ancêtres et mes descendants. Je suis la vie qui se manifeste sous des milliers de formes. J'inter-suis avec toutes les personnes et toutes les espèces qu'elles soient heureuses ou souffrantes, paisibles ou anxieuses. En ce moment je suis présent partout sur cette planète, dans le passé aussi bien que dans le futur. La désintégration de ce corps ne pourra m'affecter, tout comme la chute des fleurs de pruniers ne pourra diminuer la présence du prunier. Je me vois comme une vague à la surface de l’océan dont la vraie nature est l'eau. Je me vois dans toutes les autres vagues et je vois toutes les autres vagues en moi. La manifestation ou la dissipation de la forme d'une vague ne peut diminuer la présence de l’océan. Mon corps du Dharma et ma vie de sagesse ne sont pas sujets à la naissance et à la mort. Je vois ma présence avant même la manifestation de ce corps et après sa décomposition. En cet instant précis, je me vois présent en dehors de ce corps. La durée de mon existence ne se limite pas à soixante-dix ans ou quatre-vingt-dix ans. Ma durée d'existence, tout comme la durée d'existence d’une feuille ou de celle des bouddhas est illimitée. Je suis libéré de l'idée d'être un corps séparé de toutes les autres manifestations de la vie, dans le temps comme dans l'espace.

(Nous sommes invités à pratiquer quelques respirations)

(C)

(Nous pouvons nous relever)