21 Décembre - Paramârtha - Gâthâs ( Part IX )
Paramârtha-gâthâs ( 9ème partie )
26. Parce que le précédent et le suivant sont différents
Et que l’effet se trouve déjà dans la cause,
Il est impossible de dire que l’acteur ou l’héritier de l’action
Sont semblables ou sont différents.
27. Parce que le processus des causes et effets n’est pas interrompu,
Le processus de l'action évolue par l'harmonie.
Ces deux processus contiennent leurs propres causes
Et l'objet de leur action.
28. Quand la cause est le plaisir dans la prolifération conceptuelle,
L'action est saine ou malsaine.
Quand les graines mûrissent,
Le fruit est désirable ou indésirable.
29. Selon les différents moments du mûrissement des graines,
La vue du soi apparaît.
Un connaisseur intérieur est reconnu,
Sans forme et invisible.
(cloche)
Chère Sangha, aujourd'hui nous sommes le 21 Décembre de l'an 2011, nous sommes dans la salle de méditation de l'Eau Calme du Hameau du Haut pendant la retraite d'hiver 2011-2012.
Dukkha
Au prochain mois de juin, nous aurons une retraite de vingt-et-un jours avec le thème 'Les scientifiques tiennent la main des bouddhistes, la science du Bouddha.' Pour nous, être bouddhiste ne signifie pas chercher à propos du bouddhisme, ou étudier le bouddhisme, mais pratiquer. Nous pouvons utiliser le terme 'pratiquant spirituel', pour pouvoir inclure les autres traditions spirituelles, comme la tradition chrétienne ou le confucionnisme. Pratiquant spirituel. Nous avons aussi le mot yogi. Un yogi est aussi pratiquant. Alors nous pouvons traduire comme 'Yogi et scientifiques se tenant la main'. Bien sûr, les sciences ont un but, et le bouddhisme a aussi un but. Le but du bouddhisme est très clair, c'est de chercher des moyens et des méthodes pour soulager la souffrance, et le but est très concret: trouver des moyens pour réduire la souffrance, tandis que les sciences cherchent à comprendre simplement, sans but plus précis. Et les deux traditions, le bouddhisme et les sciences, ont un point commun : les deux cherchent à comprendre pour trouver la vérité. Dans le bouddhisme, nous voulons trouver la vérité afin de réduire la souffrance. Les scientifiques cherchent aussi à trouver la vérité, et ils appliquent les vérités qu'ils trouvent dans la technologie. Il y a une différence entre les sciences et le bouddhisme. Au mois de juin, l'année prochaine, nous regarderons plus profondément dans cette différence, dans la différence entre bouddhisme et science, entre pratiquants spirituels, yogi, et scientifiques. Après avoir atteint l'éveil, le Bouddha a cherché ses cinq amis spirituels d'autrefois pour leur annoncer qu'il avait trouvé la vérité, et que la vérité l'avait libéré, et pour leur transmettre ses expériences, ce qu'il avait réalisé. Et le premier enseignement que le Bouddha a offert à ses cinq amis spirituels, était à propos des Quatre Nobles Vérités. Dans cet enseignement, le Bouddha a parlé de dukkha comme la première vérité, la souffrance. Le mot 'dukkha' signifie que nous ne sommes pas satisfaits, nous pouvons le traduire aussi comme le mal-être. Nous ne sommes pas à l'aise, nous ne sommes pas satisfaits, nous ne sommes pas en paix, nous ne sommes pas heureux, c'est le mal-être, dukkha. En vietnamien, cela signifie 'souffrance' et en chinois, cela signifie amertume, ce qui est amer, comme les melons amers. Et quand c'est amer, ce n'est pas agréable. Et pourtant il y en a qui aiment les melons amers. Alors nous posons la question : pourquoi le Bouddha a t-il commencé ses enseignements en parlant du mal-être, de la souffrance, pourquoi n'a t-il pas parlé d'autre chose ? Nous avons posé cette question et nous avons trouvé des réponses : si le Bouddha a commencé ses enseignements en parlant de la souffrance, c'est parce que ses enseignements sont très pratiques, ses enseignements ont un but très clair : c'est de résoudre les problèmes, la souffrance. Le bouddhisme doit être réaliste, concret, pratique ; le bouddhisme ne peut pas voyager dans le monde des idées, le monde abstrait de la spéculation, les spéculations comme : 'Avant ma naissance, est-ce que j'existais déjà, et après le mort, est-ce que j'existerai ? Ce monde est-il limité ou illimité ?' Ce sont des spéculations. La spéculation n'est pas concrète, pratique, elle ne résout pas notre souffrance. Et aujourd'hui, nous allons étudier des versets qui sont en relation avec ceci.
Souffrance et bonheur inter-sont
Quand nous étudions les sciences, nous voyons qu'il y a aussi la tendance à la spéculation, on pose des questions qui n'ont rien à voir avec la souffrance des humains, et c'est un sujet pour un dialogue entre les deux : les bouddhistes et les scientifiques. Alors dans son premier enseignement, le Bouddha a parlé de dukkha, la souffrance, mais il a parlé aussi de sukha: qui est la cessation du mal-être, le bonheur. Si dukkha est la première vérité, alors la troisième vérité est la cessation de dukkha, la transformation de la souffrance, et la cessation et la transformation de la souffrance apporte le bonheur. Alors cet enseignement ne parle pas seulement du mal-être, mais aussi de son opposé, c'est à dire le bonheur, parce que ces deux choses vont ensemble, comme le gauche et le droit, il est impossible d'avoir un seul sans l'autre. Si on parle du bonheur, il est impossible de négliger la souffrance et vice-versa. On comprend la souffrance parce qu'on comprend profondément le bonheur, et on comprend le bonheur parce qu'on comprend profondément la souffrance. La souffrance et le bonheur sont relatifs et inter-sont. Les deux ne sont pas des réalités objectives, mais ils dépendent beaucoup de notre manière de voir les choses dans notre esprit. Pendant la dynastie Lý, au Vietnam, une vénérable nonne avait écrit un très beau poème, qui commence comme cela : 'La naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont les choses courantes de la vie. Pourquoi cherchez-vous la libération, l'éveil en dehors de ces quatre choses ? Le plus vous cherchez à vous en libérer, le plus vous souffrez.' S'il y a la vie, alors il doit y avoir la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Ces quatre choses sont normales, sont courantes. Alors pourquoi cherchez-vous à vous en libérer ? Plus vous cherchez à vous en libérer, plus vous êtes attachés. C'est comme quand vous êtes en sécurité sur terre, et que vous cherchez à monter sur un arbre très haut et que vous avez peur de tomber. Alors que vous souffriez ou non dépend de vous. Que vous soyez heureux ou non dépend de vous. Cela dépend de votre façon de voir les choses. La souffrance et le bonheur ne sont pas des réalités objectives en dehors de vous. Nous vivons dans le même environnement, nous bénéficiant du même environnement, alors pourquoi y en a t-il qui souffrent et d'autres qui ne souffrent pas ? Il y en a qui sont heureux et il y en a qui ne le sont pas ? Est-ce à cause de l'environnement ou de notre esprit ? Par exemple, le matin, quand nous faisons la marche méditative ensemble, nous sommes trois-cent personnes ou quatre-cent personnes, et nous faisons la marche méditative pour lâcher prise, pour être en contact avec la nature, avec nous-même, grâce à chaque pas et chaque respiration. Et cette opportunité est une opportunité égale pour tout le monde, tout le monde a le droit de faire la méditation marchée, et tout le monde a l'air pur, tout le monde a deux poumons, deux jambes, tout le monde peut recevoir les mêmes enseignements du Bouddha de Thay, alors pourquoi pendant la marche méditative y en a t-il qui sont heureux et d'autres qui ne le sont pas ? Et il y en a même qui se cachent pour ne pas aller à la méditation marchée. Alors cette joie, cette souffrance, ne dépendent pas de notre environnement, ils dépendent de notre esprit, de notre façon de voir les choses. Et dans les soutras, et quand on parle de la souffrance. Qu'est-ce que la souffrance ? On aime quelque chose et on ne l'a pas, on déteste quelque chose et on l'a toujours, on déteste quelqu'un et pourtant on doit toujours rester avec cette personne, c'est la souffrance. On aime quelqu'un et on est loin de cette personne, alors c'est aussi la souffrance. Après le mariage, on dit : 'Sans toi, je ne pourrai pas survivre', et quelques années plus tard, on dit : 'Oh non, elle est toujours là, vingt-quatre heures par jour, comment vais-je la supporter ?' C'est la même personne, mais à cause de notre façon de voir, cette personne peut être une source de bonheur ou une source de souffrance. Et les enseignements du Bouddha sont merveilleux, parce que le Bouddha ne parle pas de la souffrance comme une doctrine, il ne dit pas que tout est souffrance. Non. La souffrance est faite du bonheur, comme le bonheur est fait de la souffrance, comme les côtés pile et face d'une pièce de monnaie, comme le gauche et le droit. Sans pile, il n'y aurait pas face, sans gauche, il n'y aurait pas droit. Alors dire qu'il n'y a que la souffrance, ce n'est pas correct. Mais il y a des pratiquants qui veulent vraiment prouver que les paroles du Bouddha sont vrais, alors ils cherchent à prouver que tout est souffrance, mais les enseignements du Bouddha le contraire de cela, parce que la souffrance et le bonheur inter-sont. Si vous dites que tout est souffrance ou que tout est bonheur, c'est faux. Mais il est correct de dire que la souffrance et le bonheur inter-sont. Alors dans les enseignements des Quatre Nobles Vérités, le Bouddha a parlé de la souffrance mais aussi de la cessation de la souffrance, le bonheur. Il y a un chemin menant au mal-être, et un chemin menant à la joie, au bonheur. Sur le chemin menant à la souffrance, il y a la pensée fausse, et sur le chemin menant au bonheur, il y a la pensée juste. Souffrance et bonheur dépendent de notre esprit.
Une histoire vietnamienne
Dans une histoire vietnamienne, après quinze ans de séparation, une jeune fille est revenue dans sa famille. Quand ans auparavant, quand elle jouait la musique, sa musique était très triste elle pouvait déchirer le coeur des personnes qui l'écoutaient. Elle était encore jeune, et sa musique était tellement triste que quand son amoureux l'entendait, il ne pouvait pas la supporter, il était très agité, fronçait les sourcils, avait mal au coeur. Alors il a dit : 'Ta musique est tellement triste, elle déchire le coeur. Pourquoi ne joues-tu pas quelque chose de plus gai ?' Et la jeune fille lui a répondu : 'C'est parce que ma nature est comme ça, je suis née comme ça. Je ne peux rien y faire, je suis née comme ça.' Mais pendant ces quinze ans de séparation, elle est devenue moniale, et quand elle a retrouvé sa famille et son ancien amoureux, sa famille voulait qu'elle revienne dans le monde, mais elle ne voulait pas, elle voulait continuer sa vie monastique. Elle avait promis il y a quinze ans de se marier avec son amoureux quand elle reviendrait, et elle gardait cette promesse, mais comme elle était à présent moniale, elle a dit que si elle se mariait, c'était simplement pour respecter cette promesse, et non parce qu'elle le voulait vraiment. Ce qu'elle voulait vraiment, c'était rester moniale. Et le jeune homme a compris, et il respectait son souhait,, alors la jeune femme était très touchée et pleine de gratitude. Elle s'est mis debout pour toucher la terre trois fois devant lui, et elle lui a dit : 'Tu me comprends profondément, tu es un vrai ami.' Et le jeune homme lui demanda de jouer de la musique encore une fois. Elle ne voulait pas, mais pour lui faire plaisir, elle a joué. Mais cette fois, sa musique était complètement différente, sa musique était complètement transformée. Après des années de pratique, elle s'était libérée, elle avait surmontée sa souffrance, et sa musique était très belle, elle n'était plus triste comme avant. Cette musique était agréable pour les oreilles, elle était à la fois claire et chaleureuse. Alors le jeune homme était très étonné, et il dit : 'C'est le même morceau, et maintenant tu le joues très différemment. Il est tellement gai. Est-ce que la souffrance vient de notre esprit? Est-ce que la tristesse vient de notre esprit? La joie et la souffrance proviennent-elles de notre esprit?' Et la jeune femme a répondu : 'Oui, c'est vrai.' Avec sa pratique, avec les entraînements à la pleine conscience, sa souffrance s'est transformée, petit à petit, jour après jour, et elle la surmonta.
Rétablir l'équilibre
Alors quand on souffre, on cherche la cause de la souffrance, et en général, on dit que c'est à cause de l'autre personne, à cause de l'environnement. Et quand il y a quelque chose qui semble causer la souffrance, alors on le nomme comme quelque chose de négatif, quelque chose de mal, et quand quelque chose apporte le bonheur, on l'appelle positif. Dans l'histoire des humains, de temps en temps, il arrive des catastrophes naturelles, des tremblements de terre, des désastres, et les gens souffrent beaucoup, et ils disent que la terre et le ciel sont méchants envers les humains. Dans une oeuvre chinoise, il y a une phrase qui dit que la terre et le ciel sont méchants, qu'ils considèrent les être humains comme des chiens de paille. Ils disent : 'Pourquoi la terre et le ciel ont-ils créé les êtres humains mais aussi toutes ces catastrophes naturelles ?' Alors il y a beaucoup de reproches et de complaintes envers la terre et le ciel, regardant les êtres comme des chiens de paille, sans compassion. Mais quand nous sommes heureux, quand nous voyons les fleurs, les bambous, les nuages, et nous disons : 'La terre et le ciel sont si gentils, si généreux.' Alors posons-nous la question : La terre et le ciel sont-ils bons ou méchants ? Par exemple, nous appelons souvent le soleil et notre Terre comme deux grands bodhisattvas, alors la Terre et le ciel sont-ils gentils ou non ? Dans le christianisme, Saint-François d'Assise a écrit un poème pour honorer le soleil majestueux qui apporte la vie à tous les êtres, il a fait des louanges au soleil comme quelque chose de gentil, et nous disons que la Terre est la mère de tous les êtres, qu'elle est gentille parce qu'elle nous apporte la vie, nous apporte beaucoup de bonheur. Donc les notions de bonheur et de souffrance sont les fondements des notions de bon, mauvais, bien, mal. Si la souffrance et le bonheur vont ensemble, alors le bien et le mal vont ensemble aussi. Nous voyons très clairement que les notions de souffrance et de bonheur entraînent les notions du bien et du mal. Alors si la souffrance et le bonheur viennent de notre esprit, alors le bien et le mal aussi. Le ciel et la terre ne sont peut-être ni bien ni mal ;cela dépend de notre esprit, si nous souffrons ou sommes heureux. En regardant profondément dans la vie, nous voyons qu'il y a toujours une tendance à garder un équilibre. Dans l'environnement, il faut l'équilibre pour que la vie continue. Dès que l'équilibre disparaît, le désordre arrive. Tout est arrangé sur le plan du cosmos : tout ce qui arrive, ce n'est pas la Terre elle-même qui décide, mais tout l'univers. La vie qui apparaît sur la Terre, ce n'est pas seulement la Terre qui en décide, mais il y a aussi la participation de tout le reste du cosmos. Dans l'être humain, il y a l'élément terre, la Terre mère, mais aussi les étoiles, les étoiles très lointaines qui ont envoyé des graines, et chacun de nous avons des graines envoyées des étoiles très lointaines. Et quand une des espèces sur Terre se développe trop, cela crée un déséquilibre dans la nature, et il y a une réaction qui cause la destruction pour cette espèce. Et c'est vrai aussi pour les humains : les humains se sont développés, se sont multipliés très vite. Aujourd'hui, il y a plus de sept milliards d'êtres humains, et nous sommes très menaçants pour l'équilibre de la vie. Alors si nous continuons comme cela, un jour, les conditions, à partir de l'intérieur des humains, vont émerger, qui vont créer la destruction pour rétablir l'équilibre. Alors cela proviendra de l'intérieur des êtres humains, parce que la présence des humains peut créer le déséquilibre naturel, peut entraîner la destruction de la nature, peut entraîner l'extinction d'autres espèces. Le besoin de rétablir l'équilibre est nécessaire, et les conditions qui rétablissent l'équilibre ne viennent pas forcément de l'extérieur des humains mais de l'intérieur des humains. Maintenant nous savons très bien que les bombes atomiques sont très nocives, que les centrales nucléaires sont très nuisibles, mais nous continuons à les produire. Nous voulons avoir notre propre bombe atomique pour nous défendre, pour être en sécurité. Nous disons :'Pourquoi avez-vous des bombes atomiques et nous interdisez-vous d'en avoir ? Pourquoi en avez-vous pour vous protéger et nous, nous n'avons pas le droit d'en avoir ?' C'est parce que nous avons de l'angoisse, nous avons la peur en nous. Angela Merkel, la chancelière générale de l'Allemagne, a pris la décision de stopper l'utilisation des centrales nucléaires en Allemagne, et c'est une décision très éveillée. Et ce n'est pas au nom su bouddhisme, parce que l'éveil est l'éveil, il n'est pas seulement dans le bouddhisme. Et en France, que se passe t-il ? Notre Président n'est pas encore prêt à faire cela. Donc tout dépend de notre esprit. Quand il y a un tsunami ou une tempête ou une éruption volcanique, ce n'est pas parce que le ciel et la terre sont méchants ou cruels, ce n'est pas parce que la terre et le ciel voient les êtres humains comme des chiens de paille. Non, c'est simplement une chose nécessaire pour rétablir l'équilibre. Ce n'est pas la punition de Dieu, mais c'est le besoin de rétablir l'équilibre, parce que si l'équilibre est rompu, le désordre arrive. Les conditions internes coopèrent pour restaurer l'équilibre, et si nous pouvons voir cela, nous sommes libres de l'idée que la Terre et le ciel sont bons ou mauvais. Et non seulement le bonheur et la souffrance dépendent de notre esprit, mais les notions du bien et du mal aussi.
(cloche)
La révolution commence avec notre propre vue
Quand le Bouddha a regardé la souffrance, il a vu les causes menant à la souffrance, et ces causes sont décrites comme la Deuxième Noble Vérité, samudaya, la cause de la souffrance. Et quand le Bouddha a regardé la cessation de la souffrance, c'est à dire le bonheur, il a trouvé les causes menant au bonheur, le Noble Sentier Octuple. Si les causes du bonheur sont le Noble Sentier Octuple, alors les causes de la souffrance sont l'Ignoble Sentier Octuple. Le Noble Sentier Octuple, et l'Ignoble Sentier Octuple. Le Noble Sentier Octuple commence avec la vue juste. Que nous souffrions ou pas dépend de notre vue. Avez-vous entendu ? Que vous souffriez ou pas dépend de votre vue. Cela ne dépend pas de l'environnement. La souffrance n'est pas objective. Si vous changez vos perceptions, ce que vous considérez comme souffrance, ce n'est plus la souffrance, comme ce que la vénérable nonne a dit : 'La naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont des choses courantes, normales.' Comme une jeune feuille qui pousse au printemps, qui est verte, jolie, et qui devient jaune pendant l'automne et tombe. La feuille ne souffre pas. Quand elle est dans l'arbre, elle fait tout pour nourrir l'arbre, et après avoir fini, elle tombe sur la terre pour la nourrir, et aussi pour nourrir aussi l'arbre. Alors pourquoi souffrir ? Pourquoi souffrons-nous ? Nous disons que la naissance, la vieillesse et la mort sont souffrance. Dans les sutra, il est dit que la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont souffrance. Mais cette moniale a dit : 'Non, ce n'est pas la souffrance, ce sont des choses ordinaires. Pourquoi devrions-nous souffrir ?' Et cette moniale ne souffrait pas. Alors que nous souffrions ou non dépend de nos perceptions. C'est pour cela que le Noble Chemin Octuple commence par la vue juste. Et si nous avons la vue juste sur la souffrance et le bonheur, nous aurons aussi la vue juste sur le bien et le mal, et sur d'autres paires opposées, comme l'être et le non-être, la naissance et la mort. Alors quand ils étudient le bien, le mal, l'être, le non-être, la naissance, la mort, les bouddhistes n'entrent pas dans les spéculations, dans un monde abstrait, parce que le seul but pour lequel ils étudient est de mettre fin à la souffrance. En général, nous pensons que pour mettre fin à la souffrance, il faut changer l'environnement. Dans la société, il y a la pauvreté, la faim, l'injustice sociale, alors pour arrêter la souffrance, il faut changer la société pour faire disparaître l'injustice sociale, la violence. Et nous pensons que la souffrance vient de l'extérieur, mais en réalité il y a des causes intérieures. Si nous souffrons, si nous sommes submergés par la souffrance, nous ne pourrons rien faire pour changer la l'environnement, pour changer la société. C'est seulement quand nous avons la paix, la joie en nous, seulement quand nous sommes bien avec nous-même, quand nous sommes à l'aise, quand nous sommes libres, que nous pouvons faire quelque chose pour changer la situation, pour changer l'environnement. Sans la paix, sans le bien-être, nous ne pouvons pas faire tout cela. Alors si les activistes ne savent pas comment pratiquer pas, et qu'ils cherchent à changer la société, en essayant de faire cela, ils causent encore plus de désordre dans la société, parce qu'ils n'ont pas la paix, le bien-être, et ils ont besoin d'avoir cela s'ils veulent apporter le bien-être à la société. Les pratiquants spirituels, les yogi, voient cela très clairement. Pour aider les autres, il faut avoir la paix, le bien-être en soi premièrement. La vue est la chose la plus importante pour changer l'environnement. Et ceci est une révolution. La révolution commence avec notre propre vue, et non pas de l'envie de changer l'environnement. La révolution dans les vues. La vue incorrecte, la vue fausse, doit se transformer en vue juste. Quand on dit que dans la vie il n'y a que souffrance, alors c'est une vue fausse. Quand on dit qu'il y a un monde où il n'y a que bonheur, c'est aussi une vue fausse. La vue juste est l'inter-être de la souffrance et du bonheur. Il y a en a parmi nous qui ne se sentent pas à l'aise dans leur environnement, dans leur relation avec leur famille, dans leur relation avec leur partenaire, ou leur famille, leurs frères et soeurs, et ils veulent partir. 'Je veux divorcer. J'ai besoin d'un avocat.' Ils croient que leurs souffrances sont causées par les conditions extérieures ; ils ne voient pas que leur souffrance dépend de leur perception, de leur vue, peut-être qu'ils n'ont pas encore la vue juste. Mais il leur suffit de changer leur perception, et tout change. Ils n'ont pas besoin de changer leur environnement. Il suffit de voir qu'on n'est pas les seuls à souffrir, que les autres souffrent aussi. Il suffit de voir cela et on peut déjà changer la situation. Croire que nous sommes les seuls à souffrir est une vue fausse, et nous blâmons l'autre personne, ou nous blâmons l'environnement. Notre souffrance dépend de notre façon de voir les choses. En faisant un pas, nous pouvons réaliser que l'autre personne souffre aussi, que nous ne sommes pas les seuls à souffrir. Parce que si nous souffrons, comment l'autre personne pourrait-elle être heureuse ? Quand on voit que l'autre personne souffre, il y a déjà un changement, et on n'a plus envie de la punir, de lui faire des reproches, de l'accuser, et naturellement, on souffre moins. Alors les perceptions sont très importantes, et dans le bouddhiste, on dit de juste d'asseoir, de ne pas bouger, de rester tranquille. S'asseoir tranquillement. Si l'on continue de bouger et que nous essayons de changer l'environnement, une fois que nous l'avons changé, nous continuons à souffrir. Par exemple, nous changeons de partenaire, nous passons d'une personne à une autre, mais si nous avons les mêmes perceptions, la souffrance va se répéter, parce que nous ne savons pas que la cause de notre souffrance se trouve dans notre façon de voir les choses. Alors c'est bientôt la fin de l'année, nous devons faire un compte-rendu. Si nous avons des souffrances, il ne faut pas conclure tout de suite que c'est à cause de l'environnement. Il faut regarder profondément, il faut contempler, méditer, pour voir notre responsabilité. Nous devons nous libérer de la vue dualiste, de notre propre vue fausse. Notre éveil nous apportera la libération, il soulagera notre souffrance et il va aussi changer l'autre personne, parce que notre souffrance est liée à la souffrance de l'autre, et si vous arrivez à vous aider, alors vous pourrez aider l'autre personne aussi, et si vous arrivez à aider l'autre personne, vous pourrez vous aider.
Vingt-sixième verset :
26. Parce que le précédent et le suivant sont différents
Et que l’effet se trouve déjà dans la cause,
Il est impossible de dire que l’acteur ou l’héritier de l’action
Sont semblables ou sont différents.
'Parce que le précédent et le suivant sont différent' : Le précédent et le suivant sont différents, mais pourtant nous croyons qu'ils sont les mêmes, comme le fleuve d'hier et le fleuve d'aujourd'hui sont complètement différents et nous croyons que ce sont les mêmes. Mais il y a d'autres choses où nous pouvons voir clairement la différence, comme en regardant notre album de photo, nous voyons une photo de nous à l'âge de cinq ans, un petit enfant à l'âge de cinq ans, et aujourd'hui nous sommes complètement différent. Nous portons le même nom, le même prénom, et pourtant nous sommes très différent de cet enfant à l'âge de cinq ans. En ce qui concerne la physiologie, les sensations, les perceptions, tout cela a complètement changé, parce que le précédent et le suivant sont différents.
'Et que l’effet se trouve déjà dans la cause' : la deuxième raison est que l'effet se trouve déjà dans la cause. Cause et effet s'embrassent l'un l'autre. L'effet contient la cause et la cause contient l'effet. Parce que l'effet et la cause ne sont pas deux entités différentes. On peut dire que notre corps d'aujourd'hui est le fruit, est l'effet, et l'enfant à l'âge de cinq ans est la cause. Mais les deux ne sont pas séparés. L'effet se trouve dans la cause, et la cause se trouve dans l'effet. L'effet et la cause s'embrassent l'un l'autre. C'est comme quand nous posons ces questions : 'L'oeuf vient-il avant la poule ou la poule vient-elle avant l'oeuf ? L'oeuf est-il la cause ou l'effet ? La poule est-elle la cause ou l'effet ?' Nous posons ces questions parce que nous croyons que la cause et l'effet sont deux choses différentes, mais en réalité l'un se trouve dans l'autre, et donc cette question est une question ignorante : 'L'oeuf vient-il avant la poule ou la poule vient-elle avant l'oeuf ?' Les deux sont les deux facettes d'une même réalité : toutes les deux sont causes, toutes les deux sont l'effet. L'effet et la cause s'embrassent l'un l'autre, on ne peut pas enlever l'effet hors de la cause, et on ne peut pas enlever la cause hors de l'effet. C'est comme pour le père et le fils : on ne peut pas enlever le fils hors du père et le père hors du fils. Le fils est l'effet et la cause, et c'est pareil pour le père. Ils s'embrassent l'un l'autre.
'Il est impossible de dire que l’acteur ou l’héritier de l’action sont semblables ou sont différents.' : L'acteur est celui qui agit, et l'héritier est celui qui subit, qui reçoit. Hier, vous avez dit quelque chose de méchant, et aujourd'hui, vous recevez un coup de téléphone. Alors la personne qui a dit des paroles méchantes hier, et la personne qui reçoit un coup de téléphone aujourd'hui, est-ce la même personne ou non ? Parce qu'en vingt-quatre heures, cette personne a beaucoup changé. Vous êtes de nature cinématographique, comme la flamme. L'acteur du karma et l'héritier du karma sont-ils les mêmes ou sont-ils différents ? C'est une autre paire d'opposés : le semblable et le différent. Quand nous parlons de l'acteur et de l'héritier de l'action, c'est une paire d'opposés. S'il y a l'acteur, il y a l'héritier de l'action, s'il y a l'héritier de l'action, il doit y avoir l'acteur. Il est impossible d'avoir l'un sans l'autre, comme l'être et le non-être, la naissance et la mort, la souffrance et le bonheur, ce sont des paires d'opposés. Dans le premier enseignement, le Bouddha a parlé de la première paire d'opposés, la souffrance et le bonheur. Et sur la base de cette paire d'opposés, il y a d'autres paires d'opposés comme le bien et le mal. Alors l'acteur ou l'héritier de l'action sont-ils semblables ou différents ? Alors dans ce verset, nous voyons la voie du milieu dans ce verset, qui signifie que vous n'êtes pas emprisonnés dans l'un des extrêmes d'être, non-être, naissance, mort, acteur, héritier.
Vingtième-septième verset :
27. Parce que le processus des causes et effets n’est pas interrompu,
Le processus de l'action évolue par l'harmonie.
Ces deux processus contiennent leurs propres causes
Et l'objet de leur action.
'Parce que le processus des causes et effets n’est pas interrompu, les actions évoluent par l'harmonie.' ; parce que le processus des causes et effets n'est pas interrompu, il y a l'harmonie. Harmonie ici signifie que les choses vont ensemble, que les conditions se rassemblent, pour faire manifester quelque chose. C'est l'harmonie, le rassemblement des causes et effets. Dans les sciences d'aujourd'hui, ils disent que la matière et l'énergie sont un. Il faut nous entraîner pour voir que la matière est une forme de l'énergie. Les sciences d'aujourd'hui parlent des champs de force, comme la force gravitationnelle, l'électromagnétisme, la force nucléaire faible et la force nucléaire forte. Tout ça, ce sont des forces, et en regardant profondément, nous voyons que ceci est fait par des champs de force, et il y a des scientifiques qui disent que la réalité ultime est les champs de force. Quand nous regardons un nuage, nous pouvons voir que le nuage est la pluie, parce que la cause du nuage est la pluie, et c'est un champ de force, pas comme quelque chose d'immuable, quelque chose de statique. Et quand les conditions se rassemblent, elles font manifester quelque chose. Et les scientifiques ont été capable de voir cela, ils disent que la matière et la force sont la même chose. Alors nous devons pratiquer pur voir que la matière est force et que la force est matière.
'Ces deux processus contiennent leurs propres causes et l'objet de leur action.': la cause embrasse l'objet de l'action. L'action et l'objet de l'action sont un. Dans le passé, après avoir été pour la première fois au British Museum, Thay a écrit un poème. Dans le British Museum, Thay a vu un cadavre pétrifié datant de plus de deux mille ans, et il n'était pas couvert. Et Thay a visité ce musée avec deux petites filles, deux soeurs ; une avait seulement cinq ans, et je les tenait par la main. Et quand Thay a vu ce cadavre pétrifié, Thay l'a observé très attentivement, et il était tellement concentré que Thay a complètement oublié les deux petites filles à côté de lui. Thay avait oublié qu'il tenait la main d'une petite fille, et cette fille a eu un grand choc en voyant le cadavre. Alors elle a demandé à Thay : 'Est-ce que ça va m'arriver ? Est-ce que ça va m'arriver?' Alors Thay est sorti de sa contemplation, et Thay lui a répondu d'une manière très naturelle : 'Non, non, ça ne t'arrivera pas.' Parce que la petite fille n'aurait pas pu accepter une autre réponse. Peut-être qu'elle aura une autre réponse quand elle sera grande, mais il était impossible de lui répondre différemment à ce moment là. Et le lendemain, à Paris, dans la nuit, Thay s'est réveillé, et Thay a touché sa jambe avec sa main pour voir s'il était devenu un cadavre pétrifié. Ensuite, Thay s'est assis et a écrit ce poème : 'Un nuage blanc flotte dans le ciel. Un bouquet de fleurs s'épanouit. Flotter les nuages, s'épanouir les fleurs. Les nuages sont simplement le flottement. Les fleurs sont simplement l'épanouissement' Sans flottement, il n'y a pas de nuage. Sans épanouissement, il n'y a pas de fleur. Sans nuage, pas de flottement. Sans fleur, pas d'épanouissement. Il est impossible de séparer l'action du sujet, de l'acteur, on ne peut pas séparer le nuage du flottement, on ne peut pas séparer la fleur et l'épanouissement. Thay a clairement vu cela. Donc la matière est l'énergie, et vice-versa. Nous sommes nos actions. Comme Jean-Paul Sartre a dit : 'L'homme est la somme de ses actes.' En dehors de ses actes, il n'y a plus l'homme. C'est la définition de l'être humain. On ne peut pas définir l'être humain comme les cinq agrégats : le corps, les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience, mais on peut définir l'être humain comme la somme de ses actes. Actions, paroles, pensées. En regardant la matière, il ne faut pas voir qu'elle est inerte, sans vie. Bien que la matière semble immobile, sans vie, elle est en fait pleine de vie. La présence d'un phénomène, que ce phénomène soit immobile ou non, a un grand impact dans le monde. Il y a des champs de force. Et quand les causes et effets se rassemblent, s'embrassent, ils se manifestent, il y a une manifestation. Et cette manifestation embrasse, enveloppe, les causes, l'action, et l'objet de l'action.
Vingt-huitième verset :
28. Quand la cause est le plaisir dans la prolifération conceptuelle,
L'action est saine ou malsaine.
Quand les graines mûrissent,
Le fruit est désirable ou indésirable.
'Lorsque la cause est le plaisir dans la prolifération conceptuelle' : ce mot prapanca, signifie la spéculation, l'utilisation des concepts et du langage, la prolifération conceptuelle. Les scientifiques, comme les pratiquants, peuvent se perdre dans la prolifération conceptuelle. Les pratiquants doivent garder à l'esprit que tout ce qu'ils font doivent être dans le but de gérer la souffrance, faire face à la souffrance, alors pendant l'étude, il ne faut pas oublier cela, afin de ne pas se perdre dans la spéculation. 'Avant que ma mère me mette au monde, est-ce que j'existais ou non ? Après la décomposition de mon corps, est-ce que j'existerai ou non ?' Alors tout cela peut mener à la cessation de la souffrance, mais cela peut aussi être simplement de la spéculation qui nous enchaîne. Dans le zen, il y a un koan : 'Où étiez-vous avant la naissance de votre grand-mère ?' Ou : 'Quand le Bouddha a atteint l'éveil au pied de l'arbre de la Bodhi, où étions-nous ?' Mais maintenant nous sommes assis ici. Il y a des question comme ça. 'Quelle forme avions-nous ? Où étions-nous ? Et quand ce corps ne se désintégrera, est-ce que nous continuerons à exister, et sous quelle forme ? Serons-nous un oiseau, ou un serpent, ou un cerf ? Est-ce que vous existerez ou non ? Serons-nous beaux ou laids ?' Toutes ces questions peuvent être seulement de la spéculation si vous étudiez ces questions sans le but précis de résoudre le problème de la souffrance.
'Lorsque la cause est le plaisir dans la prolifération conceptuelle, l'action est saine ou malsaine.' : saine ici signifie bonne, pure, et malsaine signifie mauvaise, impure, négative.
L'autre jour, nous avons appris la différence entre maître Nagarjuna et maître Asanga. Maître Nagarjuna se spécialisait dans l'école de la nature des choses, l'école qui étudie la nature des choses, et ce maître a parlé de la sagesse, de la vacuité. Et maître Asanga a suivi une autre tradition, l'école Abhidharma, et il a développé l'école qui étudiait les phénomènes, la manifestation des choses. D'un côté, c'est la nature des choses, et de l'autre côté, c'est la forme, la manifestation. D'un côté, c'est l'approche nouménale, et l'autre, c'est l'approche phénoménale. Une école étudiait la nature des choses, et l'autre école étudiait les manifestation des choses. D'un côté, c'est le noumène, le fondement de toutes choses, la vacuité, qui est la base de tout. Et si nous ne sommes pas habiles, nous avons l'impression qu'il y a seulement la négation. La méthode de maître Nagarjuna est de nous aider à enlever les paires d'opposés, les concepts, les notions opposées, comme l'être et le non-être, la naissance et la mort, un et plusieurs, venir et partir. Cela enlève tous les rails pour que les trains ne puissent plus continuer, parce que tant qu'il y a les rails, les trains continuent. Cette méthode nous aide à ne pas être pris dans les paires d'opposés, à ne pas être pris dans le dualisme, comme les notions de naissance, mort, être, non-être, il y en a beaucoup. Ce maître nous montre comme c'est illogique. Maître Nagarjuna utilisait la dialectique pour nous montrer que toutes les notions que nous avons dans la tête ne peuvent pas refléter la réalité des choses, qu'il faut les lâcher, les jeter, parce ces notions sont absurdes. C'est comme quand nous allons à une rivière pour prendre de l'eau : si notre container est rond, ou rectangulaire, ou grand, ou petit, alors l'eau va prendre la forme du container, mais la nature de l'eau n'est pas rectangulaire, ou petite, ou grande. Si elle est ronde, ou longue, ou carrée, cela dépend du container. Et dans notre tête, il y a des containers comme ça, des notions, des catégories mentales, comme être, non-être, un, plusieurs, semblable, différent, et nous les portons pour contenir la réalité. La réalité n'est pas carrée, mais nous prenons un container carré pour la prendre. Elle n'est pas ronde, et pourtant nous prenons un container rond pour la prendre. Et parfois les scientifiques étudient les particules selon ces méthodes. Parfois, les particules se manifestent comme vague, parfois comme onde, mais la réalité, elles ne sont ni ondes, ni particules. Ce sont deux catégories, deux moules, deux containers que les scientifiques utilisent pour prendre les particules. Tant que nous gardons ces concepts, ces notions, ces containers, nous ne pouvons pas être en contact direct avec la réalité des choses. Alors ceci est la méthode de maître Nagarjuna, il montre l'absurdité de cette façon de regarder. Mais il y en a beaucoup qui ne peuvent pas suivre cette méthode, comme pour les sciences d'aujourd'hui, il faut un niveau assez élevé pour pouvoir comprendre. Et il y en a qui croient que maître Nagarjuna utilisait la négation. Que son approche était la négation. Alors maître Asanga avait une autre approche : même si toutes les choses sont vides, elles existent tout de même dans le monde des phénomènes. Même si leur nature est vide, même si dans la dimension ultime, elles sont vides, dans le monde historique, dans le monde des phénomènes, elles existent. D'un côté, c'est le noumème, de l'autre côté, c'est le phénomène.
'Quand les graines mûrissent, le fruit est désirable ou indésirable.' : il y a les enseignements sur les manifestations de la conscience, et parmi les consciences, il y a l'alaya vijnana, la conscience du tréfonds, où les graines reposent. C'est une potentialité, une tendance. C'est l'équivalent de ce que les scientifiques appellent force, énergie. Par exemple, votre colère est une force. Elle peut vous affecter et affecter les autres. Et quand vous n'êtes pas en colère, cela ne veut pas dire que votre colère n'est pas là. Elle est là, mais sous forme de graine. Vous avez la graine de la colère dans votre conscience tu tréfonds. Vous ne pouvez pas dire qu'elle n'est pas là. Elle est là, parce que si quelqu'un dit quelque chose, alors vous pouvez vous mettre en colère, et cela prouve que vous avez la colère en vous, sous forme de graine. Et vous avez aussi l'amour, la compassion, en vous. Quand vous écoutez la souffrance de quelqu'un, vous avez envie de faire quelque chose pour l'aider, et cela montre que vous avez la graine de la compassion, et c'est une forme d'énergie, c'est l'énergie sous forme de graine. Et nous tous, nous avons toutes sortes de graines en nous, et ces graines nous ont été transmises par nos ancêtres. Les bonnes, les mauvaises, les graines de souffrance, les graines de bonheur, et ces graines ne se perdent pas, comme ce que nous avons appris. Tout ce que nous avons appris ne se perd pas. Pourquoi ? Parce qu'il y a l'alaya, la conscience qui préserve tout, toutes ces graines. C'est l'alaya, la conscience du tréfonds qui préserve tout, comme le disque dur dans l'ordinateur, qui conserve toutes les informations. Il préserve tout sous forme de graine, des graines invisibles. Mais quand on allume l'ordinateur, cela apparaît sur l'écran, cela se manifeste. Alors sous la forme de graine, on ne le voit pas, mais quand ça se manifeste, on peut voir. Sur l'écran, c'est visible, nous pouvons voir la manifestation, mais dans le disque dur, on ne peut pas voir, car c'est sous la forme de graines. Ce disque dur représente notre conscience du tréfonds, l'alaya. Nous avons cette conscience du tréfonds qui conserve tout, l'alaya. On ne perd aucune graine, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, elles sont toujours là. Et la première fonction de la conscience du tréfonds, de l'alaya, est de conserver les graines, de ne pas les perdre, comme dans un musée où il y a un conservateur qui veille à ce que toutes les choses précieuses restent dans le musée. C'est la première fonction de l'alaya. Et la deuxième fonction est de recevoir de nouvelles informations et les garder, les maintenir. Elle reçoit de nouvelles informations à chaque instant. Quand nous écoutons des enseignements, notre conscience du tréfonds reçoit et conserve, et nous nous en souviendrons encore cet après-midi, grâce à notre conscience du tréfonds. Elle reçoit, elle conserve, et elle apprend. Ce n'est notre mental qui apprend, mais notre conscience du tréfonds qui apprend, et conserve. En informatique, on parle du 'processing', du traitement. Notre alaya traite les informations. On n'a pas besoin de faire ce travail avec notre mental, c'est notre conscience du tréfonds qui le fait. Elle gère, elle range les informations, et quand on en a besoin, on peut utiliser tout ce qu'elle préserve. Et ces graines ne sont pas immobiles. Dans notre disque dur, tout est immobile, mais dans notre alaya, les graines sont toujours changeantes, elles sont toutes dans le processus du mûrissement. Et quand les graines sont mûres, elles sont différentes. C'est comme pour une orange : quand elle vient de se former, elles est verte, et petite, mais quand elle mûrit, elle grossit et change de couleur. Alors nos actions, notre karma, sont pareilles : toutes pensées, toutes paroles, toutes actions sont très vivantes et mobiles, elles mûrissent à chaque instant. L'acteur devient l'héritier, le receveur. La personne qui crée le karma devient la personne qui reçoit le karma. Les graines sont différentes à chaque instant, elles changent, elles se transforment. Une des caractéristiques des graines, est de changer continuellement, ce n'est pas comme les data dans le disque dur qui restent immobiles. Et la conscience du tréfonds porte aussi le nom 'sarva bîjaka'. Sarva signifie tout, et bîja signifie graine. Sarva bîjaka signifie 'toutes les graines', la totalité des graines. C'est le deuxième nom de la conscience du tréfonds. Le premier nom est alaya. Alaya est la capacité de conserver et de les laisser mûrir doucement, et 'la totalité des semences', 'l'ensemble de toutes les semences' est son deuxième nom. Alors quand les graines mûrissent, elles nous apportent des fruits, et ces fruits peuvent être agréables ou désagréables.
Vingt-neuvième verset :
29. Selon les différents moments du mûrissement des graines,
La vue du soi apparaît.
Un connaisseur intérieur est reconnu,
Sans forme et invisible.
Les graines des vues fausses, les graines des perceptions fausses mènent à l'idée qu'il y a un acteur qui se trouve à l'extérieur des cinq agrégats, qui les contrôle, qui les dirige, qui est le chef des cinq agrégats. Ceci est une vue fausse. Rappelons-nous que maître Nagarjuna parle de la nature des choses et que maître Asanga parle de la manifestation des choses.
Le prochain enseignement sera en anglais samedi après-midi, sera en anglais. Est-ce correct ? Ce sera l'enseignement du Dharma de Noël, et le thème sera : 'Dieu peut-il être une personne ?' À quelle heure ? À quinze heures Thay aura sommeil à quinze heures.
(cloche)
Enseignement donné le 21 Décembre 2011 en vietnamien,
transcrit par Pháp Thân d'après les traductions françaises et anglaises.