28 Décembre 2011 : Le Noble Chemin Octuple
Le Noble Chemin Octuple
(cloche)
Bonjour chère Sangha, aujourd'hui nous sommes le mercredi 28 Décembre de l'an 2011, nous sommes au Hameau Nouveau, dans la salle de méditation de la Pleine Lune.
Vingt-quatre heures toutes nouvelles
Il y a du soleil aujourd'hui. Au Village des Pruniers, nous avons un gatha qui dit : 'En me réveillant ce matin, je souris, et je joins mes mains pour saluer, pour exprimer ma gratitude, parce que je vois que vingt-quatre heures toutes nouvelles sont devant moi comme un cadeau.' Chaque matin, quand on se réveille, le cadeau est là : une journée toute entière avec vingt-quatre heures toutes nouvelles. Et il y a ceux ou celles d'entre nous qui savent comment faire pour que ce cadeau puisse nous apporter beaucoup de bonheur. Vingt-quatre heures à vivre, c'est un cadeau formidable. Et parmi nous, il y a des personnes qui sont des organisateurs avec beaucoup de talent. On peut organiser un pic-nique, on peut organiser une fête, on peut organiser une retraite. Je pense qu'on doit apprendre à organiser une journée pour pouvoir vivre comme il faut avec beaucoup de bonheur. Il y a de la souffrance en nous et autour de nous, et il y a des personnes parmi nous qui souhaitent aller dans un lieu où il n'y a pas de souffrance, par exemple la Terre Pure du Bouddha, ou bien le Royaume de Dieu, et nous pensons que là-haut, il n'y a pas de souffrance, il n'y a que du bonheur. Mais quand on regarde en profondeur, on voit que le bonheur et la souffrance inter-sont, comme la boue et la fleur de lotus. S'il n'y a pas de boue, il n'y aura pas de fleur de lotus. Il y a une liaison très étroite entre la souffrance et le bonheur, et le bonheur est possible quand on a une vue juste sur la souffrance et sur le bonheur. C'est tout à fait comme le droit et le gauche : le droit ne peut pas exister sans le gauche et le gauche ne peut pas exister sans le droit. Donc le bonheur et la souffrance inter-sont. Le bonheur est fait avec des éléments non-bonheur, comme la fleur est faite avec des éléments non-fleur. Quand vous regardez dans la fleur, vous ne voyez que des éléments non-fleur, les éléments non-fleur comme la lumière, comme la pluie, comme la terre : ils se sont réunis pour pouvoir aider la fleur à se manifester. Donc quand on regarde dans une fleur, on ne voit que les éléments non-fleur, et sans ces éléments là, il n'y a plus de fleur. Le bonheur, c'est une sorte de fleur. Si vous regardez en profondeur dans le bonheur, vous voyez des éléments non-bonheur, y compris la souffrance. La souffrance joue un rôle très important dans le bonheur, comme quand on regarde dans le lotus, on voit la boue. Sans la boue, il n'y a pas le lotus. Donc cette vue sur le bonheur est une vue juste.
Les Quatre Nobles Vérités
Le premier enseignement que le Bouddha a donné concerne la souffrance, et aussi le bonheur. Dans le premier discours, il a parlé de la première vérité. La première vérité qui est souffrance, qui est le mal-être. Il dit qu'il y a un chemin qui conduit au mal-être. Donc le chemin qui conduit au mal-être, c'est la deuxième noble vérité. On peut se demander ce qu'il y a de noble dans cette vérité de la souffrance. Est-ce que la souffrance est noble ? La réponse est oui. Parce que grâce à la souffrance, on peut reconnaître le bonheur. Grâce à la compréhension de la souffrance, on peut trouver la voie de l'émancipation. Si on a le courage de regarder en profondeur dans la nature de la souffrance, on verra le chemin qui mène à la cessation, à la transformation de la souffrance. Mais si on continue à essayer de s'échapper de la souffrance, on n'aura aucune chance. Donc tenir la souffrance devant soi, regarder en profondeur dans la nature de la souffrance, c'est la pratique. La souffrance, le mal-être, c'est la première vérité, et regarder dans la nature de la souffrance pour voir comment la souffrance a été faite, c'est la deuxième vérité. Donc ce n'est pas exactement de la philosophie, mais une pratique. La reconnaissance de la souffrance, et le regard profond dirigé vers la nature cause de la souffrance, ce sont les deux premières nobles vérités. Et puis la troisième vérité est la cessation de la souffrance. Cela veut dire aussi le commencement du bonheur, le bien-être. Donc d'après l'enseignement, le bien-être, le bonheur est une chose possible. La cessation, la transformation de la souffrance, est une chose possible. C'est la troisième vérité. Et bien sûr qu'il y a une chemin qui conduit au bonheur, à la cessation de la souffrance, et ce chemin là, c'est la quatrième noble vérité. Donc l'enseignement donné par le Bouddha consiste en les quatre nobles vérités : le mal-être, le chemin qui conduit au mal-être, le bien-être et le chemin qui conduit au bien-être. Donc l'enseignement du Bouddha parle de la souffrance et du bonheur, du bien-être et du mal-être.
(cloche)
Le Noble Chemin Octuple
Le chemin qui conduit à la cessation de la souffrance, au bien-être, est appelé le chemin juste, et cela commence par la vue juste. Il y a le mot tao, qui veut dire le chemin, et le chemin consiste en huit sortes de pratique. Le chemin octuple.
1- La vue juste
Et cela commence par la vue juste. Et nous avons déjà vu qu'avec la vue juste, on peut voir la nature de l'inter-être dans les choses. Quand on regarde dans la fleur, on peut voir, on peut réaliser que la fleur est faite seulement d'éléments non-fleur. C'est déjà la vue juste. Quand on regarde la fleur de lotus, on voit la boue. C'est déjà la vue juste. Et avec la vue juste, la souffrance commence déjà à se transformer. Par exemple, dans une relation, on se sent victime de l'autre personne, on souffre, et on pense que l'autre personne ne souffre pas, l'autre personne ne fait que faire souffrir les autres. C'est une vue qui ne peut pas être qualifiée comme juste. Si on regarde sa propre souffrance avec attention, si on a un peu de concentration pendant le regard profond dirigé vers sa propre souffrance, on peut voir des éléments qui sont venus pour faire cette souffrance. Et quand on regarde l'autre personne, on voit que la souffrance habite cette personne aussi. Il y a la souffrance en nous, il y a de la souffrance en lui ou en elle, mais si on ne comprend pas la souffrance, sa propre souffrance, si on ne peut pas voir dans la nature de cette souffrance, on n'a pas de vue juste sur la souffrance et on continue à souffrir. Mais si on a le temps pour regarder en profondeur dans sa propre souffrance, on va découvrir les éléments qui ont aidé à produire cette souffrance là, on commence à voir clair, à établir la vue juste. Quand on ne comprend pas la souffrance, quand on ne peut pas, quand on ne sait pas comment gérer une souffrance, on continue à souffrir, et on va continuer à faire souffrir l'autre personne. Et si on regarde l'autre personne avec un peu de pleine conscience et de concentration, on va réaliser qu'il y a de la souffrance en lui, en elle. Et cette personne là ne sait pas trop comment gérer sa souffrance. Cette personne a peur de sa souffrance, cette personne n'a pas la capacité d'embrasser sa souffrance pour regarder en profondeur dans la nature de cette souffrance. Cette personne ne comprend pas sa propre souffrance, ne voit pas la nature de l'inter-être de cette souffrance là. Donc elle continue à souffrir et elle continue à faire souffrir les autres. Peut-être qu'elle n'a pas l'intention de faire souffrir, de vous faire souffrir, et vous aussi, vous n'avez pas l'intention de faire souffrir cette personne là, mais vous la faites souffrir quand même, malgré vous. Si vous savez comment gérer votre propre souffrance, si vous savez comment transformer votre propre souffrance, vous allez pouvoir aider l'autre personne à faire la même chose. Donc vous regardez seulement, vous regardez vous-même, et la souffrance qui vous habite, et vous regardez l'autre personne et la souffrance qui l'habite, et avec un peu de pleine conscience, un peu de concentration, on va découvrir la nature de cette souffrance. Le fait que vous puissiez voir la souffrance en lui, en elle, que cette personne là ne sait pas comment gérer sa souffrance, qu'il continue à souffrir et que vous êtes la deuxième victime, cette vue est déjà une vue juste. Et quand vous pouvez reconnaître la souffrance en elle, que cette personne là n'a pas besoin de punition, qu'elle a besoin d'aide, si vous pouvez voir cela, vous avez déjà une vue juste, et cette vue juste vous fait souffrir beaucoup moins tout de suite. Au lieu d'essayer de la punir parce qu'elle vous fait souffrir, parce que quand on souffre, on pense qu'on va souffrir moins par la punition : 'Je dois punir cette personne là parce qu'elle a osé me faire souffrir.', mais quand vous pouvez voir déjà la souffrance dans cette personne là, quand vous savez déjà que cette personne là ne peut pas gérer sa propre souffrance, qu'elle est victime de sa propre souffrance, il n'y a plus l'intention de punir. Et vous pouvez avoir un autre sentiment, vous pouvez acquérir cette sorte de compréhension, de vue juste. Cette personne là a besoin de mon aide. Elle souffre, elle ne sait pas comment gérer cette souffrance, elle a besoin d'aide, et moi, je peux peut-être l'aider. Cette idée, cette compréhension vous fait souffrir moins tout de suite. Donc la vue juste, le premier élément de la voie qui conduit à la cessation de la souffrance, ça marche tout de suite, et il faut cultiver la vue juste. Et cultiver la vue juste, c'est un travail quotidien. Quand on regarde, quand on écoute, quand on fait des choses, on fait cela avec l'attention, la pleine conscience, et la concentration. Avec l'attention, la pleine conscience, et la concentration, on va pouvoir reconnaître ce qui ce passe dans le moment, on peut voir dans la profondeur de ce qui se passe, et comme ça la vue juste peut surgir. Donc la vue juste est le fruit de la pratique.
2- La pleine conscience juste
La concentration juste. La pleine conscience juste. Dans la méditation, on pratique la concentration. La concentration, c'est toujours la concentration sur quelque chose, et la concentration se cultive dans la vie quotidienne. Par exemple, quand vous regardez une fleur, et si vous portez votre attention sur la fleur, c'est la pleine conscience. La fleur apparaît dans votre pleine conscience comme quelque chose de vrai. 'J'inspire, je sais que cette fleur est là, une merveille de la vie. La pleine conscience nous aide à reconnaître ce qui est là en nous et autour de nous.' Avec la pratique de la respiration conscience, ou la marche dans la pleine conscience, on ramène l'esprit vers le corps, et quand le corps et l'esprit sont ensemble, nous pouvons nous établir dans l'ici et le maintenant, et dans l'ici et le maintenant, on peut se mettre en contact avec les choses de la vie. Par exemple, quand nous pratiquons ceci : 'J'inspire, je suis conscient que mon corps est là', c'est parce qu'il y a des personnes qui oublient que nous avons un corps. Donc faire une inspiration et revenir au corps et se mettre en contact avec son corps, c'est déjà la pleine conscience, c'est 'mon corps est là et c'est une merveille.' Il n'y a pas que le corps, il y a les sentiments, il y a des sensations, il y a des perceptions, il y a beaucoup de choses en nous, et la pleine conscience nous aide à être en contact avec toutes ces choses là. La contemplation sur le corps, la contemplation sur les sensations, la contemplation sur les perceptions, etc... Le corps, la sensation, la perception, sont des objets de pleine conscience. Il y a des objets de la pleine conscience qui ont cette fonction de nous nourrir et de nous guérir. Il y a plein de choses qui sont merveilleuses, en nous et autour de nous. Chaque matin, quand on se réveille, on respire dans la pleine conscience, et on entre en contact avec les merveilles de la vie qui sont en nous et autour de nous. Il y a des choses qui sont merveilleuses qui ont le pouvoir de nourrir et de guérir, alors la pleine conscience nous met en contact avec ces choses là pour notre guérison et notre bonheur. Donc c'est la première fonction de la pleine conscience. Cela donne de la joie, cela donne du bonheur avec la pleine conscience. Et quand vous êtes en contact avec une sensation douloureuse, quelque chose qui ne va pas, une émotion forte, une catastrophe, la pleine conscience va vous aider à en être conscient, et vous pouvez faire quelque chose pour pouvoir adoucir, pour pouvoir apaiser cette douleur. Donc la pleine conscience vous met en contact avec les choses positives, et elle peut vous mettre en contact avec les choses négatives aussi. Par exemple, vous avez de la colère en vous, et si vous n'êtes pas pratiquant, vous laissez la colère vous ravager et ravager le monde, mais si vous êtes pratiquant, alors vous pouvez respirer dans la pleine conscience et vous retournez dans le moment présent, vous mettre en contact avec votre corps, avec votre sensation. J'inspire, je sais que la colère est en moi. Dans la pleine conscience, vous commencez à être en contact avec la colère. Il y a une différence déjà. Si vous n'êtes pas pratiquant, il n'y a que la colère en vous, et la colère vous pousse à faire et à dire des choses qui peuvent être fatales, destructives, mais vous êtes un pratiquant. Donc, quand la colère monte, vous pratiquez, vous pratiquez la respiration consciente et vous générez l'énergie de la pleine conscience. 'J'inspire, je sais que la colère est là en moi.' Donc il y a l'énergie de la colère, mais il y a aussi l'énergie de la pleine conscience qui reconnaît la colère et qui peut faire mieux, qui peut embrasser la colère. 'Ma chère petite colère, je suis là, je vais prendre soin de toi.' C'est ce que vous faites en tant que pratiquant. Et la pleine conscience, c'est déjà le Bouddha. Mais comme le Bouddha, vous n'avez pas à avoir peur, parce que le Bouddha va vous aider à gérer cette situation. Donc l'essentiel est d'allumer la pleine conscience. Vous avez une seconde énergie pour pouvoir reconnaître la douleur et pouvoir embrasser cette douleur. Il y a chez les pratiquants à ce moment là deux sortes d'énergie : la souffrance et la pleine conscience qui reconnaît et embrasse la souffrance. Et si vous pratiquez comme ça, vous allez obtenir un soulagement très vite. Comme une maman qui entend pleurer le bébé dans sa chambre. La maman entre dans la chambre et soulève le bébé, et embrasse le bébé avec beaucoup de tendresse, et avec cette tendresse là qui commence à pénétrer dans le corps du bébé, le bébé souffre moins. C'est la même chose avec votre bébé souffrance. Quand le bébé souffrance se manifeste, alors vous êtes la maman, la pleine conscience. Vous devez être là pour votre bébé. 'Bonjour, ma petite colère, je suis toujours là pour toi.' Et avec la pratique de la marche ou de la respiration, vous générez cette énergie de pleine conscience afin de pouvoir reconnaître et embrasser avec tendresse, avec douceur, cette douleur en vous. C'est un art. Et il y aura un soulagement. C'est la deuxième fonction de la pleine conscience. Avec la pleine conscience, on se nourrit, on se guérit, avec des choses positives, avec la pleine conscience, on peut embrasser, on peut soulager la souffrance.
3- La Concentration juste
Et quand vous êtes pleinement conscient de ce qui est là, et si vous pouvez maintenir la concentration vivante, alors la concentration va venir. Parce que quand vous êtes conscient de la fleur, de l'existence de la fleur, de la présence de la fleur, et si vous préservez cette pleine conscience pour que ça dure, alors il y aura de la concentration sur l'objet de votre pleine conscience. Donc la concentration est quelque chose qui est né de la pleine conscience. En fait, l'énergie de la pleine conscience est porteuse de concentration. Si vous pratiquez la pleine conscience en profondeur, alors la concentration se révèle, et avec la concentration, vous pouvez regarder en profondeur dans ce qui est là, et vous allez faire une percée dans la réalité et vous allez obtenir la vue juste. Donc dans un centre de pratique, tout le monde vit en telle sorte qu'il puisse générer l'énergie de la pleine conscience, de la concentration et de la vue juste, et ce sont des énergies porteuses de bonheur.
4- La pensée juste
Quand on a déjà une vue juste, on peut pratiquer la pensée juste. La pensée juste qui est une pensée qui est caractérisée par la non-discrimination. On a parlé de la souffrance et du bonheur, et on a déjà vu qu'entre la souffrance et le bonheur, il y a une liaison très profonde. Parce qu'on voit que la fleur est faite uniquement d'éléments non-fleur, parce qu'on sait qu'il y a de la boue dans la fleur de lotus, c'est pourquoi on ne pense plus que le bonheur est une chose possible sans la souffrance. Donc penser qu'il y a un endroit où la souffrance n'existe pas, où il n'y a que le bonheur, ce n'est pas une pensée juste. Et la pensée n'est pas juste parce que cette pensée ne se base pas sur la vue juste. Pour la vue juste, il n'y a pas le bonheur sans souffrance. La pensée peut vous faire souffrir, mais la pensée peut aussi vous libérer. Et il faut une pensée juste pour pouvoir arrêter la souffrance et commencer à être heureux. Par exemple, plusieurs personnes vivent dans le même environnement, et parmi ceux et celles qui vivent dans le même environnement, il y a des personnes heureuses, il y a des personnes malheureuses. Supposons que nous regardons dehors de la salle de méditation, et on voit le soleil, la végétation, la brume et des choses comme ça. Il y a ceux d'entre nous qui ont cette capacité d'apprécier la présence du soleil, et nous pouvons nous mettre en contact avec le soleil, avec la végétation, avec toutes les merveilles de la vie. Mais peut-être y a t-il des personnes qui n'ont pas cette capacité de se mettre en contact avec les choses merveilleuses qui nous entourent et qui sont en nous, et ces personnes là ne voient que la souffrance. Les conditions de vie sont exactement les mêmes, mais pourquoi y a t-il des gens heureux et des gens qui ne sont pas heureux ? La réponse est que cette personne qui est heureuse a une vue juste, et l'autre personne souffre parce qu'elle n'a pas de vue juste, donc sa pensée n'est pas une pensée juste. La souffrance est quelque chose de relatif. Une chose est souffrance pour une personne, mais cette même chose n'est pas souffrance pour une autre personne. Quand on parle de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort, on voit que ces quatre choses là peuvent être décrites comme souffrance. Il y a des gens qui disent : 'Pourquoi suis-je né comme ça ? La naissance est la souffrance, Je préfère ne pas être né en ce monde. Je n'ai pas l'intention de venir en ce monde, il y a trop de souffrance.' Donc pour elle, la naissance est de la souffrance. Mais il y a ceux d'entre nous qui célèbrent la naissance. Joyeux anniversaire ! Happy birthday ! Donc on peut célébrer la naissance de quelqu'un ou de soi-même. La maladie, la vieillesse et la mort sont décrites comme souffrance. Au deuxième siècle, il y avait une nonne vietnamienne qui avait écrit un petit poème sur la souffrance. Elle a dit ceci : 'La naissance, la vieillesse, la maladie et la mort sont des choses naturelles qui appartiennent à la vie. Il y a la vie, il y a ces quatre choses là, pourquoi vous plaindre ? Il ne faut pas essayer de sortir de ces quatre choses là. Elles sont des choses naturelles. Parce que la vie est là, ces quatre choses sont là. Si ces quatre choses ne sont pas là, il n'y a pas de vie. La vie, c'est la naissance, la mort, la vieillesse.' Donc pour elle, la naissance n'est pas souffrance, la mort n'est pas souffrance non plus. Et puis, avec la concentration, la méditation, on peut toucher la nature de la non-mort. La mort est avant tout une notion. Mourir, c'est disparaître, mourir, c'est passer de l'être au non-être. Vous êtes quelqu'un, et quand la mort vient, vous devenez personne. Vous êtes dans le domaine de l'être, et quand la mort vient, vous passez dans le domaine du non-être. C'est une vue, et selon le bouddhisme, c'est une vue qui n'est pas juste. Parce que si on se met en contact assez profondément avec les choses, on voit que la nature des choses est la nature de la non-naissance et de la non-mort. Quand on regarde un nuage, on voit que le nuage n'est pas passé du non-être à l'être. Avec d'être sous la forme d'un nuage, le nuage a été déjà quelque chose. Le nuage n'est pas venu du non-être. Si on regarde dans la profondeur du nuage, on voit que dans sa vie passée, le nuage a été eau des océans, l'énergie du soleil, les choses comme ça. Donc sa nature est vraiment la nature de la non-naissance, parce que le nuage n'est pas passé du non-être à l'être. La forme d'un nuage, c'est seulement quelque chose de nouveau, mais c'est une continuation, ce n'est pas un commencement. Donc il n'y a pas de naissance, il n'y a pas de commencement en ce qui concerne un nuage. Un nuage n'a pas de commencement, n'a pas de naissance. Et quand un nuage disparaît, il ne meurt pas. Mourir est passer du domaine de l'être au domaine du non-être, mais il est impossible pour un nuage de faire cela. Un nuage peut devenir de la pluie ou de la neige, de la grêle, mais un nuage ne peut pas mourir, ne peut pas devenir rien, le non-être. Et si vous pouvez percevoir cette réalité, c'est à dire la nature de la non-mort du nuage, vous ne considérez plus la mort comme souffrance, parce que la mort n'existe pas, comme la naissance. Et dans la science physique, on a trouvé la même chose. Si on parle de la loi de la conservation de la matière ou de l'énergie, on voit que rien ne se crée et rien ne se perd. Dans une réaction chimique par exemple, on peut voir quelque chose disparaître, mais si on compte les atomes, on va percevoir que le nombre d'atomes qui entre dans la réaction, le nombre d'atomes qui sort de la réaction est exactement le même. Donc il n'y a pas de mort, il n'y a pas de naissance. Donc pour ceux ou celles qui ont pu toucher la vraie nature des choses, la nature de non-naissance et de non-mort, la mort n'existe pas vraiment, la naissance n'existe pas vraiment, ils ne peuvent pas qualifier cela comme souffrance, ce sont des notions. Donc dans le bouddhisme, la pratique de la concentration est très importante.
Les trois portes de la libération
Il y a toutes sortes de pratiques de concentration, mais dans toutes les traditions bouddhistes, on trouve la pratique des trois portes de libération : la concentration sur le vide, shunyata, qui est la pratique de concentration guidée, et puis la concentration sur la non-apparence, et la non-poursuite.
a) La porte du vide
Le vide. Le vide, ça ne veut pas dire la non-existence. Il y a une grande différence entre vide et non-être. Non-être est vide, l'être est vide, et le non-être est vide aussi. Quand on parle du vide, on peut dire que ce verre est vide. Et cela ne veut pas dire que ce verre n'est pas là, n'est ce pas ? Donc le vide et la non-existence sont deux choses différentes. Dans le coeur de la compréhension parfaite, il est dit : 'La forme est vide, mais le vide est forme.' Très clair. Pour ne pas tomber dans les extrêmes de l'être et du non-être. Si on dit 'la forme est vide', on tend à penser que la forme, notre corps, n'existe pas. C'est pourquoi le sutra continue : 'et le vide est forme.' Donc on ne tombe pas dans les deux extrêmes. Supposons que cette fleur ne soit pas vide. Il est impossible pour une fleur de ne pas être vide, parce que quand on regarde dans la fleur en profondeur, on voit que la fleur est faite seulement avec des éléments non-fleur. Donc la fleur est pleine d'éléments non-fleur. Tout dans le cosmos est réuni dans la fleur. La fleur contient le cosmos tout entier : le soleil, la lune, la terre, tout ça est dans la fleur. Donc il est plus facile de dire que la fleur est pleine, est pleine de cosmos. Et notre corps est la même chose. Notre corps est une sorte de fleur, elle contient le cosmos tout entier, parce que les éléments non-forme se sont réunis pour pouvoir produire cette forme, donc elle est pleine de cosmos. Mais en même temps, elle est vide de quelque chose, et cette chose là est une existence séparée. Si vous enlevez tous les éléments non-fleur, si vous renvoyez la lumière au soleil, le nuage au ciel, et la terre au sol, alors il n'y a plus de fleur. Donc une fleur est faite seulement d'éléments non-fleur, elle est vide d'une existence séparée. Donc il y a dans le bouddhisme le mot inter-être. Vous ne pouvez pas être par vous-même, vous devez inter-être avec le cosmos. Donc être est inter-être, et le vide veut dire qu'il n'y a pas d'existence séparée, il n'y a pas de soi propre, nous sommes des choses conditionnées. La fleur et nous-même, nous sommes des choses conditionnées, nous sommes faits avec des éléments non-nous, y compris la fleur. Donc c'est la contemplation sur le vide.
(cloche)
Et quand on regarde cette feuille de papier, on voit aussi la nature du vide. Supposons que nous parlions du recto et du verso. Le recto n'est pas le verso, c'est clair. Mais si vous enlevez le recto, le verso n'est plus là. Donc le recto n'est pas l'ennemi du verso. En fait, le recto est fait par le verso. C'est tout à fait comme la gauche et la droite. La gauche ne peut pas être là sans la droite et vice versa. Et quand on applique cela à une relation, supposons que nous parlions d'un père et de son fils. Savez-vous que le père et le fils sont né en même temps, comme le recto et le verso ? C'est faux, ce n'est pas une vue juste, de dire que le recto existe d'abord et qu'il donne naissance au verso, non. Ces deux choses là se manifestent en même temps. Donc il y a le mot inter-be, inter-être. Il est impossible d'être par soi-même, les choses inter-sont. Et on peut utiliser le mot co-être. En sanskrit, il y a le mot sahabhô. Bhô, c'est existence, être, et saha, cela veut dire ensemble. Ceci est là parce que cela est là. Si ceci n'est pas là, cela n'est pas là, ne peut pas être là. Donc c'est inter-être. Quand on vous appelle papa, père, c'est parce que vous avez un fils ou une fille. Si le fils ou la fille, votre fille n'est pas encore apparue, on ne vous appelle pas papa ou père. Donc père et fils se manifestent en même temps. Avant d'être papa, vous pouvez être frère ou fils, ou mari, mais vous n'êtes pas appelé papa, donc le papa est né en même temps que le fils. Donc entre père et fils, il y a la nature de l'inter-être. Et quand vous regardez en profondeur dans le fils, vous voyez le père, et quand vous regardez en profondeur le père, vous voyez le fils. Le fils est fait avec les éléments non-fils. Le père aussi est fait avec les éléments non-père, bien que le fils. Donc tout existe dans cette manière sahabhô, c'est à dire inter-être. La vue juste. Une fois, le Bouddha nous a offert une définition sur la vue juste. Un jour, un moine appelé Katyayana a demandé au Bouddha : 'Cher maître, vous avez parlé plusieurs fois de la vue juste. Qu'est-ce que la vue juste ?' Et le Bouddha a dit : 'La vue juste est une vue qui transcende la notion de l'être et du non-être.' Ils continuent à discuter, mais la première chose qu'il a dit, c'est : 'La vue juste est une vue qui transcende la notion d'être et de non-être.' Les notion d'être et de non-être peuvent apporter beaucoup de souffrances, beaucoup de peurs, beaucoup d'anxiété, mais ce ne sont que des idées, que des notions. La réalité ultime ne peut être décrite en terme d'être et de non-être. Il est intéressant de constater que l'enseignement du Bouddha commence avec la souffrance. Et quand on souffre, on se demande pourquoi on souffre, et quand on confirme l'existence de la souffrance, on doit confirmer aussi l'existence de l'opposé, qui est le bonheur. Et quand on regarde en profondeur, on voit que la souffrance est faite avec des éléments non-souffrance, et le bonheur aussi. Quand on regarde la souffrance, on peut voir la naissance, et quand on regarde la naissance, on peut voir la mort. Et le Bouddha nous conseille de regarder de telle sorte que nous puissions transcender les notions de souffrance et bonheur, naissance et mort. Et la clé, c'est l'inter-être, c'est la pratique de la concentration sur le vide, la non-apparence et la non-poursuite. Et cette méditation appartient au vide et à la non-apparence.
b) La porte de la non-apparence
Nous avons parlé déjà de la nature du nuage. Un nuage n'est pas passé du non-être à l'être, et quand le nuage n'est plus vu dans le ciel, il n'est pas passé de l'être au non-être, donc en regardant en profondeur, on voit que la naissance et la mort ne sont que des notions, et quand on a pu constater que la naissance et la mort ne sont que des notions, on peut aussi en même temps transcender la notion de l'être et du non-être. C'est parce que dans notre tête, être né, c'est de passer du non-être à l'être, et mourir, dans notre tête, c'est que de l'être, on passe au non-être. Si on peut enlever les notions de naissance et de mort, on enlève en même temps les notions de l'être et du non-être. Supposons que nous continuions avec le nuage. L'apparence. On reconnaît un nuage grâce à son apparence, et on peut être pris dans cette apparence, et quand on voit plus le nuage dans le ciel, on pense que le nuage est mort, que le nuage est passé de l'être au non-être. Mais en fait, le nuage est encore là sous une autre apparence, par exemple la pluie. La pluie est une continuation du nuage. Si vous êtes amoureux d'un nuage, et si le nuage n'est plus là, alors vous pleurez. Mais le nuage qui est déjà transformé en pluie vous appelle : 'Chéri, chéri, je suis encore là.' Donc si vous pratiquez la concentration de la non-apparence, vous ne souffrez pas, vous savez qu'il est impossible pour votre nuage de mourir. Il est toujours là pour vous. Alors vous êtes habitué à reconnaître votre bien-aimé sous cette forme, sous cette apparence, et un jour, votre bien-aimé va changer d'apparence, et vous allez pleurer, parce que vous êtes pris dans une apparence. Donc la méditation consiste à se sortir, à ne se fier plus aux apparences. Donc quand vous buvez du thé, la pleine conscience et la concentration vous disent : 'Ah, le nuage est encore là, je suis encore en contact très profond avec mon nuage.' Vous êtes en contact avec la nature de la non-naissance, de la non-mort, avec votre bien-aimé nuage, et vous ne pleurez plus. Donc le vide est une concentration, et la non-apparence est une autre concentration.
c) La porte de la non-poursuite
Et la troisième concentration est la non-poursuite. Vous pensez qu'il faut faire quelque chose, qu'il faut courir après quelque chose pour que le bonheur soit possible, mais avec la pleine conscience, avec la concentration, vous pouvez déjà voir que tout est là. Chaque minute de votre vie quotidienne est une merveille. Être là, être en contact avec les merveilles de la vie dans le moment présent en vous et autour de vous, tout est déjà fait, vous n'avez plus à courir, à chercher le bonheur. Le bonheur est là, le Royaume de Dieu est là, la Terre Pure du Bouddha est là, et le bonheur est possible maintenant, ici et maintenant, et c'est pourquoi au Village des Pruniers, on dit : 'Je suis déjà chez moi. Je suis arrivé. Le moment présent, c'est le chez moi. Je suis déjà arrivé, je ne cours plus. Le bonheur est possible dans l'ici et maintenant, parce que j'ai la pleine conscience et la concentration, et grâce à ces énergies là, je peux me mettre en contact avec les merveilles de la terre, les merveilles du ciel.' Donc la non-poursuite est une concentration.
Théologie verticale et horizontale
L'autre jour, nous avons parlé de la théologie verticale et de la théologie horizontale. La méditation nous permet de toucher en profondeur notre nature propre. La méditation nous met en contact avec la réalité ultime, et cette réalité ultime, on peut l'appeler Dieu, ou nirvana, ou nature du Bouddha, etc... C'est comme le nuage : Notre nuage peut se mettre en contact avec sa propre substance, il peut toucher sa nature de non-naissance et de non-mort, et quand un nuage pour réaliser cela, il s'amuse tout le temps. En temps que nuage, il est possible d'être heureux. Transformé en pluie, il est possible d'être heureux aussi, alors il n'y a pas de peur, il n'y a pas de mort, il y a seulement la joie, avec la condition que le nuage puisse entrer en contact avec sa propre nature, la nature de non-naissance et de non-mort. Et la méditation, c'est comme ça. Avec la concentration, avec la pleine conscience, on peut entrer en profondeur dans le monde des phénomènes, et en touchant le monde des phénomènes en profondeur, on peut toucher aussi le monde de l'ultime, comme une vague à la surface de l'océan. La vague peut souffrir beaucoup à cause des notions comme le commencement, la fin, la montée, la descente, mais si la vague est capable de toucher sa propre substance qui est l'eau, alors elle n'a plus peur. Elle aura de la joie en montant, et de la joie en descendant. Il n'y a plus de peur, parce qu'elle a pu toucher sa propre substance qui est l'eau. On parle du commencement et de la fin seulement en ce qui concerne la vague, mais en ce qui concerne l'eau, on ne peut plus utiliser les mots commencement, fin, être et non-être. Donc libre de ces notions, être, non-être, montée, descente, commencement, fin, la vague est libre. Parce qu'elle connaît maintenant sa propre nature. C'est la théologie verticale. Et quand vous êtes en contact avec la réalité ultime, vous réalisez que ce qui vous entoure, les autres personnes, les autres espèces, vous êtes en eux et qu'ils sont en vous, alors il y a une harmonie entre vous et les autres. Si vous avez une bonne relation avec Dieu, vous avez une bonne relation avec vos semblables. C'est la théologie horizontale. Donc la paix, la fraternité, l'amour est possible, avec le contact profond, avec l'ultime. L'ultime s'appelle Dieu, s'appelle nirvana, s'appelle l'ainsité, etc... Donc la pleine conscience nous nourrit, nous guérit, la pleine conscience nous aide à gérer notre souffrance, la pleine conscience nous aide à cultiver la concentration. Avec cette concentration, on va pouvoir se libérer de la peur, de la haine, des autre afflictions, et avec ces deux énergies, on va avoir la vue juste. Avec la vue juste, la pensée devient juste. Une pensée libre de toute discrimination, une pensée caractérisée par la compréhension et la compassion. Et quand vous êtes capable de gérer, de produire une telle pensée, c'est formidable. Une pensée de compassion, une pensée de réconciliation, une pensée de non-discrimination, une pensée comme ça vous guérit et commence à guérir le monde. Et comme pratiquant, vous pouvez produire une pensée comme ça plusieurs fois par jour. En pensant, on se transforme et on transforme le monde, si cette pensée est la pensée juste. Et cette pensée juste est basée sur la vue juste, l'inter-être, la non-discrimination, la non-apparence, la non-poursuite. Si quelqu'un est dominé par la haine, la colère, le désespoir, sa pensée est caractérisée par cette haine, cette violence, ce désespoir là, ce n'est pas une pensée juste. Une pensée de haine, de discrimination vous détruit, en ce qui concerne votre santé. Le désespoir, la colère, et cette pensée détruit la monde. Alors un pratiquant ne produit jamais une telle pensée, qui est destructive en ce qui concerne son corps, son esprit, et le monde. Il y a des gens autour de nous qui ont beaucoup de haine, beaucoup de colère, ils souffrent, alors il faut essayer de faire quelque chose pour qu'ils puissent avoir un peu de vue juste, afin qu'ils puissent produire une pensée juste qui va les aider à guérir.
5- La parole juste
Et après la pensée juste, il y a la parole juste. Une parole juste, c'est une parole basée sur la vue juste. Il y a de la compréhension, il y a de la compassion dans ce que vous dites, dans ce que vous écrivez. Quand vous écrivez une lettre, et si vous êtes motivé par la compassion, par la compréhension, l'écriture de la lettre a un effet de guérison. Quand vous continuez à écrire cette lettre avec compassion, la guérison commence dans votre corps et dans votre esprit, et la guérison commence dans le monde. Alors la parole juste peut transformer le monde aussi. Alors un bon pratiquant peut toujours avoir des propos comme ça. Ce que vous dites peut toujours vous guérir, vous nourrir, et nourrir le monde. Alors il faut être généreux dans la parole, si votre parole est la parole juste.
6- Action juste
Et puis l'action juste. Ce que vous faites avec votre corps, c'est pour protéger, c'est pour secourir, c'est pour aider, c'est l'action juste, et cela va apporter beaucoup de bonheur à vous et au monde. La pensée, la parole et l'action, ce sont les trois formes de karma, trois aspects de karma. Karma, cela veut dire action. Ce qui est fait avec le corps, c'est l'action, mais ce qui est fait avec la parole, c'est aussi action. Ce qui est fait avec la pensée, c'est aussi action. Donc l'action, c'est notre continuation. Chaque jour, on produit des pensées, on produit des paroles et des actes, et c'est l'énergie que nous produisons chaque jour, et c'est notre continuation. Quand ce corps se désintègre, nous continuons toujours à cause de l'action. Rien ne se perd. La parole, la pensée, la parole et l'action, ce sont des énergies que nous produisons à chaque instant. C'est le karma, c'est l'énergie, et l'énergie ne se perd jamais. On peut transférer, mais on ne peut pas faire disparaître. On peut changer, transférer. Donc, quand notre corps se désintègre, nous continuons toujours avec notre énergie. La loi de la conservation de l'énergie s'applique ici aussi, dans la notion de karma. Si vous ne vous manifestez plus comme un nuage, vous allez vous manifester comme la pluie ou la neige, parce que H2O est toujours là, c'est le karma, donc vous continuez toujours, et comme vous êtes pratiquant, vous pouvez être assuré que vous aurez toujours une belle continuation, parce que la pensée juste, la parole juste et l'action juste, bien sûr, vont vous aider à vous manifester dans une plus belle manifestation. Et Jean-Paul Sartre, ce philosophe français, a dit que l'homme est la somme de ses actes, c'est à dire que l'homme est son karma. Vous êtes votre karma. Vous êtes ce que vous pensez, vous êtes ce que vous dites, vous êtes ce que vous faites, et rien ne se perd, donc on continue toujours, et en tant que pratiquant, on sait comment continuer en beauté.
7- Les moyens d'existence juste
Et puis après l'action juste, il y a les moyens d'existence juste. Un travail, une profession qui ne nuit pas à l'environnement, qui ne nuit pas aux autres, qui peut nous aider à réaliser notre compassion, c'est un moyen d'existence juste, et cela apporte beaucoup de bonheur.
8- La diligence juste
Ensuite, il y a la diligence juste. Ce sont des pratiques très concrètes. La diligence juste, c'est une pratique qui se fait toute la journée, parce que dans le bouddhisme, on parle de l'action, de la parole et de la pensée juste comme la manifestation des énergies. Dans le bouddhisme, on parle de la conscience en terme de tréfonds, et du mental. Il y a des potentialités qui sont cachées ici (dans le tréfonds), et dans le bouddhisme classique, on appelle ces énergies imminentes avec le mot semence, bîja. Il y a une semence de colère en nous. Le tréfonds, c'est comme un disque dur, et ça concerne beaucoup les formations, les matériaux dans le disque. Et dans le tréfonds, on préserve toute son expérience. Il y a une graine de colère, il y a une graine de désespoir, une graine de peur, mais il y a aussi une graine de compassion, de compréhension, de joie, de non-discrimination, toutes sortes de graines, positives et négatives, et nous tous nous avons toutes sortes de graines en nous. C'est pourquoi la conscience du tréfonds a aussi un autre nom : sarva-bîjaka, c'est à dire la totalité des semences. La totalité des semences. Alors un pratiquant doit savoir comment gérer ces semences avec la pratique de la diligence juste. Il y a quatre aspects de la pratique.
a) Laisser dormir les semences négatives
Les semences négatives comme la peur, la colère, le désespoir, on doit les laisser dormir ici (dans le tréfonds). On arrange, on organise en telle sorte que ces semences là puissent dormir tranquillement là bas, c'est à dire on ne s'expose pas à un environnement où ces semences sont arrosées chaque jour. Si vous vivez dans un environnement où votre graine de colère est arrosée chaque jour, ce n'est pas bien pour vous. Alors il faut utiliser votre talent d'organisation pour créer cette sorte d'environnement où la semence de colère et de désespoir n'est pas arrosée chaque jour. C'est pour vous protéger, et pour protéger vos proches. Et si vous êtes dans une relation, alors vous pouvez signer un contrat de paix et de bonheur avec lui, avec elle : 'Chéri, tu sais que j'ai une semence de peur, de colère en moi, de jalousie en moi, et à chaque fois que tu arroses cette graine, je souffre, et je peux te faire souffrir, donc c'est bien de ne pas dire des choses ou faire des choses pour arroser cette mauvaise graine en moi, et moi, je promets de ne pas arroser cette graine en toi, parce qu'en toi, il y a aussi cette graine. C'est un traité de paix, mon amour.' Donc le premier aspect de la diligence, c'est de ne pas donner une chance aux mauvaises graines. Mais nous vivons dans une société où nous sommes exposés à toutes sortes d'arrosages, et les graines les plus mauvaises sont arrosées chaque jour. Il faut utiliser notre talent pour réorganiser notre vie. De pas donner une chance aux semences négatives.
b) Changer de graine
Deuxième aspect de la pratique de la diligence. Si par hasard une de ces graines se manifeste au niveau du mental, et commence à vous faire souffrir. Si elle dort tranquillement ici (dans le tréfonds), vous ne souffrez pas, mais si quelqu'un toucher et l'arrose, elle se manifeste (dans le mental), et le paysage du mental n'est plus le même, vous souffrez. Alors dans cette pratique, à chaque fois que vous constatez qu'une mauvaise graine a été arrosée et se manifeste maintenant au niveau du mental, en tant que pratiquant, vous faites quelque chose. Vous pouvez pratiquer la pleine conscience, reconnaître cette formation mentale qui est ici, l'embrasser, ou vous pouvez demander à une autre graine de se manifester. Nous avons déjà parlé de deux sortes d'énergie : l'énergie de la colère et l'énergie de la pleine conscience. Quand l'énergie de la colère se manifeste, le pratiquant invite l'énergie de la pleine conscience à venir, et cette énergie va reconnaître et embrasser l'autre énergie pour obtenir un soulagement. C'est une sorte de pratique. Et l'autre pratique, c'est inviter une semence de nature opposée à venir pour pouvoir remplacer cette semence, cette formation mentale, et pour que cette formation mentale puisse revenir à l'endroit réservé à elle, c'est à dire quand une mauvaise graine est arrosée et la mauvaise formation mentale se manifeste, on doit faire en telle sorte que cette formation mentale ne puisse pas rester trop longtemps au niveau du mental, et pour aider cette formation mentale à revenir le plus vite dans sa position initiale. Et la méthode proposée, la seconde méthode proposée par le Bouddha, c'est changer de graine. Quand vous avez des cd de musique, si un cd ne vous plaît pas, il ne faut pas laisser continuer comme ça, il faut appuyez sur un bouton, l'arrêter, et remplacer par un autre cd. Et vous avez des cd de bonne qualité. Vous avez une réserve de cd ici, il faut savoir comment utiliser, profiter des bonnes semences en vous. Il y a en vous cette potentialité, cette capacité d'aimer, de pardonner, de comprendre, et c'est pourquoi à chaque fois qu'une graine négative se manifeste, vous pouvez inviter une bonne graine à venir pour pouvoir remplacer et cette graine va pouvoir revenir à sa place initiale. Et c'est l'enseignement du Bouddha, changer de cd.
c) L'arrosage sélectif
Troisième aspect de la pratique: les bonnes semences que vous avez, il faut essayer avec la pratique de les arroser et de les aider à se manifester au niveau du mental. Et dans une relation, vous pouvez pratiquer avec l'autre personne. Vous dites: 'Chéri, tu sais que j'ai des bonnes graines en moi, et si tu sais chaque jour arroser les bonnes graines en moi, comme la graine de la compassion, de la joie, alors je serai heureux, et tu pourras aussi profiter de mon bonheur, et moi je fais la même promesse : en toi, il y a des bonnes graines, et je fais le voeu de les reconnaître et de les arroser chaque jour. Chaque fois que j'arrose une bonne graine en toi, le bonheur naît en toi'. C'est une pratique qui s'appelle l'arrosage. L'arrosage sélectif. On n'arrose pas les choses négatives, on arrose seulement les choses positives. Et dans une relation, cette pratique de l'arrosage sélectif porte le fruit du bonheur bien vite :: quelques heures, quelques jours peuvent déjà transformer la situation. Donc arroser une bonne graine pour qu'elle puisse se manifester dans le mental, changer le paysage du mental.
d) Retenir les bonnes graines
Et puis quatrième aspect de la pratique : si une bonne graine se manifeste ici (dans le mental), ça fait du bonheur, alors on doit essayer de la garder ici le plus longtemps possible. C'est comme si vous avez un ami très cher qui vous visite, vous essayez de le retenir plus longtemps. Alors quand la semence de la joie, de la compassion se manifestent, on essaie de les préserver ici, et c'est l'enseignement du Bouddha en ce qui concerne la diligence. Donc le tao, le chemin, le Noble Chemin Octuple, se fait avec huit éléments comme ça, et si on applique cette pratique dans la vie quotidienne, le bonheur est quelque chose qui est possible. C'est l'heure pour la marche méditative.