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Publié par La Pluie du Dharma

 

 

 

Parler et écouter en Pleine Conscience

 

Pour la plupart des gens, le Quatrième Entraînement à la Pleine Conscience est le plus difficile à mettre en pratique : avec sa langue l’homme a déclenché plus de guerres et créé plus de souffrances qu’avec n’importe quel autre muscle de son corps !

Il est crucial d’apprendre à parler avec bienveillance, pour rétablir la paix et l’harmonie dans nos relations et dans notre environnement. C’est seulement lorsque nous recourons à une parole aimante que l’autre personne est capable de nous écouter.

 

Voici quelques petits exercices pour vous aider avec cette pratique : 

- Entraînez-vous à respirer trois fois avant de parler et vérifiez si ce que vous avez à dire est vraiment important. Ecrivez votre expérience  dans votre carnet de la retraite d’hiver.

 - Demandez-vous avant de parler « Est-ce-que je vais dire est gentil, vrai et nécessaire ? »

 - Prenez l’habitude de sourire avant de parler.

-  Laisser le téléphone sonner trois fois, en faisant deux ou trois respirations avant de répondre. Ainsi au moment de prendre le combiné, vous serez vraiment « là » à la fois pour vous-même et pour votre interlocuteur.

  


Fleur 9

 

L’écoute consciente est une capacité que l’on met des années à développer. Apprendre à écouter les sentiments qui se cachent derrière les mots est un art : l’art de l’écoute consciente.

Sommes-nous capables de vraiment écouter ? Il nous arrive parfois d’écouter, mais le plus souvent nous ne prêtons pas l’oreille à ce qui nous est vraiment dit.

L’écoute profonde est un art qui demande un certain entraînement surtout si l’on souhaite parvenir à pouvoir écouter les mots durs, les jugements, les récriminations et les perceptions erronées que peut nous formuler un être cher qui se sent blessé. Lorsque l’on écoute avec compassion, de véritables transformations surviennent, à la fois chez celui qui écoute et celui qui parle. Quand on apprend à se connaître en tant qu’êtres humains et amis potentiels, on découvre également de nouvelles choses sur soi-même et sur les autres. S’écouter mutuellement avec compassion, sans s’interrompre, est véritablement une expérience réciproque.

 

Exercices pour la semaine :

 

 - Si quelque chose ou quelqu’un vous contrarie cette semaine, demandez-vous, «Est-ce mon manque de compréhension qui me fait souffrir ? » Notez les révélations que vous apporte cette pratique.

 - Ecrivez ce que vous « tolérez » dans la vie, actuellement. Puis, notez les cinq premières mesures que vous pouvez prendre pour amorcer un changement.

 - Chaque jour de cette semaine, dites au moins à trois personnes ce que vous appréciez en elles ; prononcez leur nom et dites merci.

 

Belle semaine à toutes et tous.

 


Coucher soleil 3

 

 

Témoignage d’une de nos amies :

Quatrième entraînement; parole aimante et écoute profonde.

Cet entraînement est une merveilleuse façon d'exprimer son amour véritable. Ce fut et reste pour moi un ouvrage que je dois constamment remettre sur le métier.

J'ai été élevée dans cet environnement où la critique est la première réaction, critique face au livret scolaire, à la nouvelle robe de la voisine ou à un nouveau fait de société. Il ne fallait pas être satisfait; cela aurait pu nous rendre paresseux! Et, je suis devenue experte en bons mots, humour et ironie, sachant bien lancer les flèches là où ça faisait mal. Aussi avant de pouvoir parler de parole aimante, j'ai du m'entraîner à la parole aimable.

Je me suis rapidement rendu compte que ce mode de fonctionnement ressemblait à une addiction; j'avais beau faire quelques efforts, la flèche était partie malgré moi. J'étais un peu comme une alcoolique pour laquelle la seule solution était « zéro verre d'alcool »; pour moi cela a été « zéro critique ». bien sûr, au fond de moi, il y avait une voix qui faisait cette critique, mais je ne la disais plus. Cette voix s'est faite de plus en plus douce jusqu'à devenir un murmure que je sais reconnaître et à qui je peux sourire.

Sur ce chemin vers la parole aimante, j'ai été aidé par une autre pratique du Village; le « renouveau ». j'ai eu la chance de pouvoir vivre quelques mois comme long terme au Village et tous les quinze jours nous avions cette pratique de « renouveau ». Exprimer les regrets passe encore, l'autre facette de mon éducation et que je mettais (facilement?) le doigt sur mes manquements, mais arroser les fleurs me semblait quasiment impossible à faire. Je suis allée à reculons à ces séances de « renouveau », cherchant un mauvais prétexte pour ne pas y être, mais je fus toujours présente et je devais réfléchir plusieurs jours à l'avance pour savoir que dire dans cet arrosage de fleurs où j'étais si mal à l'aise.

 

Doucement, presque malgré moi, le changement à opérer. Ce fut plus facile de commencer à voir ce qu'il y avait de beau dans l'autre et de le lui dire et lui dire sans tarder, sans avoir besoin d'une séance de « renouveau ». (Vous trouverez dans la rubrique « Guide de pratique » la pratique du Renouveau.)

 Doucement l'arrosage de fleurs prenait la forme de « pratique de la non pratique ». La petite voix se manifeste toujours, mais j'ai appris à l'écouter; elle a quelque chose à me dire sur une façon plus juste de voir les choses et sur une forme de lucidité, mais c'est une voix qui a besoin de silence et de maturation avant de s'exprimer.

 

Pour moi la parole aimante a commencé par le silence. Un silence parfois douloureux face à mes grands enfants et à mes petits enfants que je voyais sur un chemin qui risquait fort de leur apporter de la souffrance. Le profond silence du respect inconditionnel de l'autre, de son droit à ce que je pensais être une erreur, apprendre à ne donner que le conseil qui est attendu, c'est tout un apprentissage avec ses réussites et ses écueils. Quand je leur rendais visite, c'était parfois dans leur tourmente, je me disais alors « être là, simplement là et respirer », il m'est arrivé de sentir que je me laissais happer par la tourmente, mon cœur (et mes yeux) de mère et de grand-mère pleuraient et c'est la Sangha qui m'a aidée (souvent sans le savoir) à ne pas abandonner, à rester la mamie qui lit des histoires, fait des massages et met du baume au cœur. Il y eu une période où je sentais que les mots n'auraient aucun sens, alors chaque fois que je méditais, je commençais par les y inclure; « qu'ils soient heureux et en paix ».

Comment « apprendre à parler avec sincérité en employant des mots qui inspirent confiance en soi »? Pour moi ce n'est pas une démarche spontanée, il me faut, non pas le temps de la réflexion, mais le temps de laisser les premières perceptions et les émotions se déposer, le temps de trouver les mots qui rassurent, le temps du silence guérissant.

 

Profonde gratitude envers Thây, et tous celles et ceux qui suivent sa voie et m'aident sur ce chemin.