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Publié par La Pluie du Dharma

 

Soutra Étudié durant la Retraite d'Hiver

 

Le texte du Soutra étudié durant la retraite d'hiver et commenté par Thây est disponible dans la rubrique "retraite d'hiver chez soi". C'est une première traduction pour l'instant incomplète. Nous posterons le reste lorsqu'il sera disponible.

 

 

 Les Versets de la Vérité Absolue (Paramartha)

Le YogacaraBhumi-Shastra (vol. 16) de Maître Asanga

Traduit en vietnamien par Thich Nhât Hanh

(brouillon)

 

1. Il n’y a absolument pas de sujet ni d’acteur ni personne qui reçoit le fruit de ces actes. Aucun phénomène n’a de fonction et pourtant cela ne signifie pas que les fonctions (qui évoluent pour devenir) ne sont pas.

 

2. Seuls les 12 membres de l’existence que sont les agrégats, les organes sensoriels et les objets des sens, les domaines des éléments évoluent. Quand nous les examinons et les étudions, nous ne trouvons aucun soi.

 

3. L’intérieur et l’extérieur sont tous deux complètement vides. La personne qui contemple cette vacuité est également vide.

 

4. Le soi et l’auteur du soi n’existent pas. Ils ne sont que des créations de notre esprit confus. Le soi et les êtres vivants n’existent pas, seuls les dharma qui sont les conditions interdépendantes existent.

 

5. Les formations changent à chaque instant, leur présence n’est pas, alors ne parlons pas de leur fonction. Il faut dire que leur manifestation est leur fonction même et également leur auteur.

 

6-7. L’œil ne peut pas voir l’image, l’oreille ne peut pas entendre le son, le nez ne peut pas sentir l’odeur, le corps ne peut pas sentir le contact et le mental ne peut pas appréhender le dharma. Dans tout cela, il n’y a ni celui qui maintient ni celui qui suscite la perception.

 

 

8. Cela ne donne pas naissance à ceci et ne naît pas lui-même. Il naît à cause de conditions. Les choses ne sont anciennes ou nouvelles et pourtant elles sont quand même anciennes ou nouvelles.

 

9. Cela ne peut mettre fin à ceci et ne peut mettre fin à lui-même non plus. Il naît à cause de conditions. Une fois né, il ira vers sa fin naturellement.

 

10. Les choses peuvent naître parce qu’elles dépendent de 2 catégories : soit parce qu’elles se perdent dans l’entourage soit parce qu’elles progressent dans la vue fausse.

 

11. A cause de l’ignorance, elles progressent dans la vue fausse. A cause de l’avidité, elles se perdent dans l’entourage.

 

12. Les dharma proviennent de conditions, il en est de même de la souffrance des êtres vivants : à cause des 2 illusions fondamentales se distinguent les 12 membres de l’existence divisés en causes et effets.

 

13. L’action ne naît pas d’elle-même ni d’autre chose ni d’une autre vie et pourtant cela ne signifie pas que l’action n’existe pas (kriya).

 

14. Ce n’est ni à l’intérieur ni à l’extérieur ni entre l’intérieur et l’extérieur. Quand les formations ne sont pas encore nées, il est impossible de les saisir (dans le temps).

 

15. Même si ces formations sont nées, il est impossible quand même de les saisir. L’avenir n’a aucune trace, le passé est repérable (imaginable).

 

16. Nous pouvons repérer ce avec quoi nous avons été en contact, nous pouvons repérer même ce avec quoi nous n’avons pas encore été en contact. Même si les formations n’ont pas de commencement, il est possible d’avoir (de repérer) un commencement.

 

17-18. Les formes sont comme la mousse, les sensations comme des grappes de bulles d’eau, les perceptions comme des palais magiques, les formations mentales comme le tronc du bananier, les consciences comme des tours de magie. C’est ce que le descendant du soleil a dit.

 

19. L’ignorance (moha, avidya) n’a pas la capacité de se rendre ignorante ni de rendre les autres ignorants. Personne d’autre ne peut la rendre ignorante. Malgré tout, l’ignorance existe.

 

20. Parce qu’il n’y a pas la pensée juste (l’attention juste, ayonisomanaskara) il y a l’ignorance (qui naît). Cette pensée non-juste ne peut pas naître d’un sage.

 

21. Sachons que l’action (samskara) des mérites, celle du manque de mérites et celle de l’imperturbabilité ont 3 aspects. Chaque aspect a 3 actions (karma) qui ne sont pas en harmonie.

 

22. Le présent finit rapidement. Où demeure le passé ? Celui qui n’est pas encore né (ajata) dépend des conditions et évolue selon le mental.

 

23. Il est possible de dire que, dans la vérité absolue, tous les phénomènes sont en lien ou non les unes avec les autres. Dire « évoluer selon le mental » signifie également évoluer selon tous (les esprits) ou ne pas évoluer selon toutes (les formations).

 

24. Dans ce courant, il n’y a pas d’interruption ni similarité ni différence. Tout suit la vue du soi. L’action de la vérité relative existe.

 

25. Si la forme physique se décompose, la forme psychologique se décompose aussi. Il est dit quand même que, dans cette vie et dans la vie suivante, l’action (cause) de chacun l’amène à recevoir ses fruits.

 

26. Parce que le précédent et le suivant sont différents et que l’effet se trouve déjà dans la cause, il est impossible de dire que l’acteur ou l’héritier de l’action sont semblables ou sont différents.

 

27. Parce que le processus des causes et effets n’est pas interrompu, le processus de transformation des actions harmonieuses existent. Les 2 processus naissent à partir de leurs propres causes et ils contiennent même l’objet de leur action.

 

28. Lorsque la cause est le désir de prolifération d’idées et que l’action (karma) est pure ou impure, les graines mures apporteront des fruits que nous apprécierons ou non.

 

29. Selon les différents moments du mûrissement des graines, la vue du soi naîtra. A ce moment-là, l’expérience directe intérieure est ressentie. Comme elle n’est pas forme, elle est invisible.

 

30. Les gens ordinaires ne comprennent pas et voient un soi. A partir de cette vue du soi, tant d’ (autres) vues fausses surgissent.

 

31. Parce que nous gardons toutes nos graines et que nos énergies d’habitude, depuis longtemps ancrées, sont entretenues, ce que nous voyons et ce que nous entendons suivent la vue du soi (atmadasana) et même la fait naître.

 

32. L’avidité naît de conditions qui soutiennent le soi intérieur. Parce que nous nous agrippons à nos habitudes impures, nous désirons ce qui vient de l’extérieur.

 

33. Nous nous agrippons à cause de l’ignorance et c’est cela qui devrait nous faire peur dans le monde ; cela provoque une réserve de désirs au début, puis ensuite la prolifération d’idées.

 

34. Ce que les gens ordinaires voient comme un trésor d’attachements, les sages savent que c’est de la souffrance. Cette souffrance harcèle continuellement les ignorants sans fin.

 

35. Cet esprit emprisonné sans (la sagesse de) la non-discrimination accumule tant de souffrances. Celui qui les accumule est ignorant, à cause de son attachement erroné au soi, à la souffrance et au bonheur.

 

36. Les ignorants ont des attachements solides aux vues comme un grand éléphant prisonnier de la boue. A cause de l’ignorance, leurs difficultés grandissent au fil du temps et couvrent toutes leurs actions et les objets de leurs actions.

 

37. Les cours d’eau dans cette vie tourbillonnent violemment. Aucun vent et aucun soleil ne peuvent les assécher. Seul le Dharma peut le faire.

 

38. Dans la souffrance, nous disons « je souffre » ou «  je suis heureux ». Quand nous faisons une telle distinction de la souffrance et du bonheur, nous faisons naître des vues (l’attachement aux vues). Une vue mène à une autre vue et à d’autres vues.

 

39. Tant que le mental impur demeure, les afflictions ont des conditions pour naître et disparaître. La libération a lieu ni avant ni après (la disparition de) ces afflictions.

 

40. Ce n’est pas parce que ces phénomènes-ci sont déjà nés que ce phénomène-là pur et spécifique va naître. Ce phénomène, qui était là avant, était pur, c’est pour cela qu’il est libéré des afflictions.

 

41. Tout ce qui est impur est en fait dans sa vraie nature pure, parce que s’il n’y avait pas l’objet pur, comment pourrait-il y avoir un sujet pur ? (S’il n’y a pas d’objet purifié, il n’y a pas non plus de sujet purifié.)

 

42. Parce que les graines meurent, les afflictions cessent. Ainsi il y a la non-impureté et donc les 2 différences apparaissent.

 

43. Parce que l’objet de la réalisation est intérieur, que la souffrance cesse et que toute prolifération d’idées prend fin pour toujours, tout phénomène est libre de la prolifération.

 

44. L’être vivant est le nom des courants continuels et l’objet de la perception des phénomènes n’est qu’un signe. Ainsi il n’y a (vraiment) pas de cycles de naissances et de morts, ni la personne qui atteint le nirvana.