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Publié par lapluiedudharma.over-blog.com

Toucher la Terre semaine 3

 

M’asseoir comme Bouddha

 

            Cher Maître, je rêve de m’asseoir comme toi, calme et solide. Je veux avoir une prestance comme la tienne. J’ai appris à m’asseoir le dos bien droit mais sans raideur, la tête bien droite, ni penchée vers l’avant ni vers l’arrière, les épaules détendues, les mains posées l’une sur l’autre avec légèreté. Dans cette posture, je me sens à la fois solide et détendu. Je sais qu’à mon époque, la plupart des gens sont trop occupés. Peu de gens ont la chance de s’asseoir tranquillement dans une totale liberté intérieure. Je fais le vœu de pratiquer la méditation assise de manière à ce que la joie et le bonheur soient possibles durant toute l’assise. Que je sois dans la position du lotus, du demi-lotus, en tailleur, sur les talons ou sur une chaise avec mes deux pieds bien au sol, je suis assis en personne libre. Je m’entraîne à m’asseoir tranquillement en suivant ma respiration consciente pour reconnaître et calmer mes sensations et mes émotions. Ainsi, mon corps et mon esprit se posent et s’apaisent. Avec cette pratique, j’allume la lampe de ma conscience : j’ai la chance d’unifier mon corps et mon esprit, de faire naître en moi la sensation de la joie et du bonheur. Je regarde profondément mes perceptions, mes autres formations mentales [1] lorsqu’elles se manifestent. Je contemple leur nature pour voir l’origine de leur manifestation.

 

            Cher Bouddha, je ne vois pas la méditation assise comme un effort à faire, qui force et emprisonne mon corps et mon esprit, ou comme un dur labeur capable de me procurer un certain bonheur dans un lointain futur. Au contraire, je suis déterminé à m’asseoir de manière à ressentir la joie et le bonheur, et à me sentir immédiatement nourri. Dans les générations passées, beaucoup de mes ancêtres génétiques n’ont jamais eu l’occasion de goûter au bonheur de l’assise en pleine conscience. Je fais le vœu de m’asseoir aussi pour eux. Je veux m’asseoir pour mon père, ma mère, mes frères et mes sœurs. Si la méditation assise me nourrit, elle nourrit également ceux que j’aime. Chaque respiration, chaque moment de contemplation, chaque sourire pendant la méditation assise peut devenir un cadeau pour eux et pour moi-même, un cadeau qui nous nourrit tous en même temps. Je n’oublierai pas qu’il vaut mieux aller au lit de bonne heure pour ne pas m’assoupir pendant la méditation assise le lendemain matin. Si j’ai sommeil, je demanderai à la Sangha [2] l’autorisation de m’agenouiller pour réveiller mon corps et mon esprit et éviter de gaspiller mon temps en dormant pendant la session de méditation assise.

 

            Pendant le repas, pendant le partage du Dharma [3], les enseignements ou bien au travail, je m’entraînerai à m’asseoir dans la solidité et la liberté comme pendant la méditation assise. Je ne m’assoirai ni penché à droite, ni à gauche, ni appuyé contre le mur comme je l’ai fait par le passé. Sur la colline, à la plage, au pied d’un arbre, sur un rocher, dans la salle de séjour, dans le bus, dans une manifestation contre la guerre ou pendant un jeûne pour les droits de l’Homme, je m’assoirai de la même façon. Je n’irai pas m’asseoir dans des bars, des lieux de prostitution, des casinos, dans des lieux de médisance ou de bavardage, sauf dans l’intention d’y apporter de l’aide.

            Je suis déterminé à m’asseoir comme toi et pour toi, cher Bouddha, toi qui m’as donné naissance dans cette vie spirituelle. Je suis conscient que si chacun dans le monde est capable de s’asseoir calmement, la paix et le bonheur se répandront sûrement sur cette Terre.

Silence pendant quelques respirations

 

            Corps et esprit en parfaite harmonie, je touche la Terre trois fois devant toi, mon cher Maître, et devant le Vénérable Baddhiya qui a goûté la joie et le bonheur de la méditation assise [4].

1 son de cloche et on touche la Terre pendant au moins 3 respirations.

1 demi son de cloche et on se relève.

 


[1] Toute manifestation dans le mental comme l’amour, la tolérence, la colère, la jalousie, etc. Cf. Thich Nhât Hanh, Le Cœur des Enseignements du Bouddha, La Table Ronde, 2000.

[2] Communauté de pratique.

[3] Discussion des enseignements du Bouddha.

[4] Avant de devenir moine, Baddhiya était gouverneur des provinces du nord dans le clan Sakya. Une fois tard le soir, pendant sa méditation assise, ce disciple du Bouddha  réalisa combien il était libre et heureux et ne put s’empêcher de s’exclamer deux fois : « Oh, quel bonheur! » Cf. Thich Nhât Hanh, Sur les traces de Siddharta, Jean-Claude Lattès, 1996, chapitre 38.