Pages

Publié par lapluiedudharma.over-blog.com

 

Manger avec gratitude

 

            Cher Bouddha, je fais le vœu de faire naître en moi la gratitude chaque fois que je m’assieds à table pour le repas. Je sais que le moment du repas est aussi un moment de méditation. En mangeant, je nourris non seulement mon corps physique mais aussi ma conscience. Les mains jointes, je pratique la respiration consciente pour ramener mon esprit à mon corps. Dans cet état de concentration calme et paisible, je regarde la nourriture sur la table ou dans mon assiette, et je pratique cette contemplation :

 

Cette nourriture est un cadeau de l’univers tout entier, de la Terre, du Ciel,

d’innombrables êtres vivants et le fruit de beaucoup de travail.

 

En tant que laïc, je dois aller travailler chaque jour pour gagner de l’argent et pouvoir ainsi nourrir ma famille. Pourtant, je n’en retire pas l’idée que cette nourriture m’appartient, ni que c’est moi qui la produis. En regardant le contenu de mon assiette, je vois très clairement que c’est un cadeau de tout le cosmos. J’y vois les rayons du soleil et la pluie. J’y vois également les plantations, les vergers de pommiers et de pruniers, les potagers, l’engrais, les abeilles et les papillons butinant de fleur en fleur, les graines semées qui deviennent plantes. J’y vois aussi celui qui fait la récolte, qui la vend et celui qui cuisine. Tous les êtres de l’univers ont contribué à l’existence de la pomme, de la prune et du morceau de pain que je tiens dans ma main. Mon cœur s’emplit de gratitude et de bonheur. En mâchant le pain et la nourriture, je cultive la pleine conscience ainsi que ce bonheur, sans me laisser entraîner dans le passé, le futur ou les pensées insignifiantes du présent. Chaque bouchée me nourrit, ainsi que mes ancêtres et mes descendants déjà présents en moi. Et j’aime mâcher la nourriture avec ce poème:

 

En mangeant dans la dimension ultime

Je nourris des générations d’ancêtres

 Et tous mes descendants.

Ensemble, nous frayons un chemin

Et nous avançons en beauté  [1].

 

            Ma nourriture est faite d’aliments comestibles et d’impressions sensorielles. La nourriture comestible est le pain et tout ce qui entre dans mon corps par la bouche. La nourriture des impressions sensorielles est la joie et la compassion que je touche pendant le repas. Lorsque je mange en pleine conscience, je fais naître compassion, liberté et joie, et je nourris ainsi toute ma famille et toute la Sangha  [2]. Cela correspond à la deuxième contemplation :

 

Je mange cette nourriture en pleine conscience et avec gratitude pour être digne de la recevoir.

            En pratiquant la troisième contemplation : je reconnais et transforme mes formations mentales négatives, par exemple l’avidité, qui m’empêche de manger avec modération. [3] 

 

L’excès de nourriture nuit à ma santé et à ma pratique. Si je prends mes repas dans une communauté monastique ou dans une collectivité, je me souviendrai de cette contemplation en faisant la queue pour me servir et en remplissant mon bol ou mon assiette. Cette contemplation me rappellera de ne prendre que le strict nécessaire, afin de préserver la paix et la légèreté dans mon corps. En tant que moine ou moniale, je sais que mon bol à aumône est un instrument de mesure. Alors je l’utilise pour m’entraîner à me servir une quantité juste suffisante pour moi, même si la nourriture est très appétissante…

            En regardant cette nourriture, je vois bien que c’est un cadeau de la Terre, du Ciel, et le fruit de beaucoup de travail. En tant que moine ou moniale, je vois que c’est un don qui m’est offert par des laïcs et également par toi, cher Bouddha. Le jour de mon ordination, en me donnant un bol, tu m’as dit qu’avec lui, je n’aurais plus peur d’avoir faim si je pratiquais correctement. Maintenant, à la fin de chaque repas, le bol dans mes deux mains, je me tourne vers toi pour te remercier : Merci, cher Maître, de m’avoir donné de quoi manger. Mon cœur est plein de gratitude envers toi, c’est-à-dire envers la Terre, le Ciel, tous les êtres, le dur labeur et l’amour de tant de gens, notamment ceux qui ont cuisiné ce bon repas.

 

Silence pendant quelques respirations

 

Cher Bouddha, je touche la Terre trois fois devant toi, le plus digne de respect et d’offrande  [4], afin d’exprimer ma gratitude envers la Terre, le Ciel et tous les êtres, et nourrir le bonheur en moi.

 

1 son de cloche et on touche la Terre pendant au moins 3 respirations.

1 demi son de cloche et on se relève.

 


[1] Poème extrait de Chants du Cœur de Thich Nhât Hanh, Sully, 2009, page 279.

[2] Communauté de pratique.

[3] Cf. les Cinq Contemplations dans l’annexe en fin d’ouvrage.

[4] L’une des dix qualités du Bouddha.