18 . La Parole Juste
La Parole Juste
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Cher Bouddha, tu as dévoué beaucoup de temps, ta vie durant, à enseigner le Dharma aux moines, aux nonnes, aux pratiquants laïcs hommes et femmes. Tes mots arrosent les graines de compréhension en ceux qui les écoutent et les aident à se débarrasser de leurs perceptions fausses. Tes mots montrent aux gens comment aller dans une direction positive. Ils consolent et confortent ceux qui sont affligés et leurs donnent la confiance et l’énergie dont ils ont besoin. Il arrivait parfois que des gens te posent des questions et tu restais assis parfaitement calme, souriant et sans dire un mot. Tu voyais bien que pour ces gens le noble silence était beaucoup plus puissant et éloquent que les mots. Puisque je suis ton disciple, je veux être capable d’agir comme toi et de parler uniquement lorsqu’il est nécessaire de parler, demeurant silencieux lorsqu’il est nécessaire d’être silencieux. Cher Bouddha, je te promets qu’à partir de maintenant je vais pratiquer de manière à en dire moins. Je sais que par le passé j’en ai trop dit ; j’ai dit des choses sans aucun bénéfice pour moi-même ou pour ceux qui m’ont écouté ; qui plus est, j’ai dit des choses qui m’ont fait souffrir ainsi que les autres.
Dans le premier enseignement donné aux cinq moines dans le Parc des Cerfs, tu as mentionné la pratique de la Parole Juste, une des huit Pratiques Justes qui forment le Noble Octuple Sentier. Ma propre pratique de la parole juste est encore très faible. J’ai utilisé un langage qui divise, ce qui à rendu la communication difficile entre moi et les autres à cause de mes perceptions fausses, de ma pensée immature et peu profonde, ou bien parce que j’ai parlé par colère, par fierté et par jalousie. Je sais que lorsque la communication devient difficile ou bien lorsqu’elle est complètement coupée, il m’est impossible d’être heureux.
Je promets qu’à partir de maintenant je vais retourner à ma respiration consciente afin de reconnaître les formations mentales d’irritation, de fierté et de jalousie chaque fois qu’elles se lèvent en moi. Je vais pratiquer le noble silence et ne pas réagir en disant quelque chose de négatif. Si l’on me demande pourquoi je ne parle pas, je serai sincère en disant qu’il y a de l’irritation, de la tristesse ou de la jalousie en moi, et que je crains qu’en parlant cela ne crée de la division. Je demanderai de pouvoir m’exprimer à un autre moment lorsque mon esprit sera plus paisible ; je sais que si j’agis ainsi, je serai capable de protéger à la fois moi-même et l’autre personne. Je sais que je ne devrais pas non plus réprimer mes émotions.
C’est pourquoi je vais utiliser la respiration consciente pour reconnaître et m’occuper des émotions, et pour pratiquer le regard profond dans la racine de mes formations mentales.
En pratiquant ainsi je vais être capable de calmer et transformer la souffrance que j’éprouve.
Je sais que j’ai le droit et le devoir de faire savoir à ceux que j’aime quelles sont mes difficultés et ma souffrance. Je vais cependant pratiquer de telle sorte à choisir le moment et le lieu appropriés pour parler, et ne parlerai qu’en utilisant la parole calme et aimante. Je n’utiliserai pas des mots de blâme, d’accusation ou de condamnation ; au contraire, je vais seulement parler de mes propres difficultés et de ma souffrance, afin que l’autre personne ait une chance de mieux me connaître. Tout en parlant, je peux aider l’autre personne à laisser tomber ses perceptions erronées me concernant, et cela nous aidera tous les deux. Je parlerai en étant bien conscient que ce que je dis peut venir de mes propres perceptions fausses sur moi-même et sur l’autre personne. Je demanderai à l’autre personne de m’indiquer habilement les éléments de perception erronée qu’il ou elle verra dans ce que je dis, et de m’offrir ainsi conseils.
Cher Bouddha, je promets de pratiquer la parole en Pleine Conscience pour que l’autre personne me comprenne mieux et se comprenne mieux elle-même, sans blâmer, sans critiquer, sans insulter ou communiquer de la colère. Il se peut que, lorsque je partage sur ma souffrance, les blessures en moi soient touchées et que la formation mentale de colère commence à faire surface. Je promets de m’arrêter de parler et de retourner à ma respiration chaque fois que la colère et l’irritation commenceront à se montrer, ainsi je pourrai reconnaître la colère et lui sourire. Je demanderai la permission à la personne qui est assise à m’écouter de m’arrêter de parler pendant quelques minutes. Quand je verrai que je suis revenu à un état d’équanimité, je continuerai à partager. Lorsque parlera l’autre personne j’écouterai avec un esprit égal et sans préjugés. Si en écoutant l’autre personne je réalise que ce qu’elle dit n’est pas la vérité, je ne l’interromprai pas ; je continuerai à écouter en profondeur et de tout mon cœur afin de comprendre ce qui l’a mené à cette fausse perception. J’essayerai de voir ce que j’ai fait ou dit pour que cette personne me comprenne si mal. Dans les jours qui suivent j’utiliserai une parole et une action douces et habiles afin d’aider cette autre personne à ajuster sa perception de moi. Une fois qu’elle aura fini de parler, je joindrai les paumes de mes mains pour la remercier d’avoir partagé ouvertement avec moi et de manière sincère. Je contemplerai en profondeur ce qu’elle a dit pour que ma compréhension ainsi que ma capacité à vivre en harmonie avec lui ou avec elle s’approfondisse jour après jour. Je suis conscient qu’en ouvrant graduellement nos cœurs et nos esprits l’un à l’autre, nous pourrons abandonner nos mauvaises perceptions, nos jugements et nos critiques l’un de l’autre.
A travers la pratique de la parole aimante et habile j’aurai là l’opportunité la meilleure qui soit de nourrir l’amour et la compréhension.
Touchons La Terre
Cher Bouddha, avec corps, parole et esprit en parfaite unité, je touche la Terre devant toi et devant le Bodhisattva, l’Être Eveillé de l’Ecoute Profonde, Avalokitéshvara. ( C )